Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 52.
Note [52]

Ces deux références sur Guillaume Budé (v. note [6], lettre 125) ont été ajoutées dans la marge du manuscrit.

  1. Dans les Elogia [Éloges] de Scévole i de Sainte-Marthe, {a} celui de Gulielmus Budæus (livre i, pages 3‑4) se termine ainsi :

    Accidit ut annum agens septuagesimum tertium, canicula æstuante, in sævissimam febrem incurreret : qua demum ingravescente sub finem Augusti mensis anno huius seculi quadragesimo vir eximius animam cœlo dignam exhalavit : relicta numerosa sobole, factoque testamento, ex cuius præscripto Lutetiæ in D. Nicola campestris nullo funeris apparatu sepultus est.

    [Il advint qu’en sa soixante-treizième année d’âge, tandis que sévissait la canicule, il tomba en une très cruelle fièvre ; elle ne cessa de croître, et cet homme remarquable rendit sa noble âme au ciel vers la fin du mois d’août 1540. Il laissait une nombreuse descendance et, comme il l’avait prescrit dans son testament, il fut enterré à Saint-Nicolas-des-Champs sans aucune pompe funèbre].


    1. Paris, 1630, v. note [1], lettre 1018.

  2. V. note [1], lettre 58, pour La Doctrine curieuse du jésuite François Garasse (Paris, 1624), dont la section dix-neuvième, La mémoire de trois hommes de bon sens, déchargée d’athéisme pour leur testament qu’ils ont fait outre ou contre les formes ordinaires contient ce chapitre ii, Guillaume Budé, grand personnage, homme de bien, sa défense et < celle > de son testament, contre l’opinion de quelques ignorants qui le taxent mal à propos (livre septième, pages 919‑922) :

    « Or, suivant cette méchante coutume, {a} quelques impies de notre siècle, ou quelques personnes un peu trop simples pourraient mal à propos faire une targe {b} du nom de deux ou trois habiles hommes qui ont fait quelques testaments un peu éloignés du commun et < été > accusés de quelque extravagance ; et d’autant que je sais le contraire, par la déposition de personnes très fidèles ou par la suite de l’histoire, je suis obligé de lever le masque à l’impiété de nos athéistes afin qu’il ne leur reste aucun sujet de flatterie en l’exemple prétendu de ces habiles hommes.

    Le premier est Guillaume Budé, grand et signalé personnage qui chassa de la France la barbarie et nous ramena la douceur des sciences ; et pour cet effet, fut qualifié dans le livre de ses éloges et épitaphes du nom de Hercules Musageta. {c} Or, ce bon esprit ayant vécu parmi les morts pour vivre à tout jamais parmi les vivants, et s’étant entièrement sevré des compagnies pour s’adonner à la solitude durant sa vie, retint encore cette humeur en sa mort : car il ordonna par son testament que son corps fût porté de nuit, sans flambeaux et sans pompe funèbre, depuis la rue Sainte-Avoye, où il demeurait lors de sa mort, jusques aux Célestins, qui est une assez longue traite ; {d} et voulut être enterré sans cérémonie, sans assemblée, sans avertissement et son de cloches.

    Il est vrai que cette nouveauté donna sujet de discourir diversement, et que les prédicateurs de ce temps-là prirent l’affaire au criminel, à l’occasion du temps, qui commençait à ressentir le fagot et s’était déjà abreuvé de certaines opinions soupçonneuses ; car ce fut l’an m. d. xxxix, {e} lorsque Luther avait embrasé quasi toutes les Allemagnes ; mais la vie précédente de Budé, l’intégrité et innocence de ses mœurs, l’opinion publique et les actions héroïques qu’il avait fait<es>, tant à Venise qu’à Paris, pour l’honneur de la religion et l’avancement des lettres, furent fidèles témoins du contraire. De façon que les plus sages demeurèrent édifiés de son humilité, au lieu que les autres se formalisaient de la nouveauté ; et de fait, il est vrai que Budé pouvait faire ce qu’il fit par pur sentiment d’humilité, comme nous voyons plusieurs saints qui ont désiré que leur corps fût exposé à la voirie {f} ou enseveli sans honneur. […]

    Louis Le Roy et Mellin de Saint-Gelais, {g} qui étaient tous deux amis de Budé et qui le connaissaient privément, en ont porté un jugement tout différent de ce que les autres ont estimé, qui ne le connaissaient que par ouï-dire ; car Louis Le Roy, qui a fait sa vie, dépose qu’il ne connut jamais homme plus catholique que Budé, et plus dévot pour le temps. Et Mellin de Saint-Gelais, sachant que l’intention de Budé avait été bonne et faite conforme à ses humeurs, qui étaient retirées et ennemies du tracas des compagnies, fit une excellente épigramme en l’honneur du défunt, par laquelle il faisait voir que Budé, en s’humiliant, avait acquis plus de gloire par cette action que les autres par leurs pompeuses obsèques, car il disait :

    - Qui est celui que tout le monde fuit ?
    - Las ! c’est Budé au cercueil étendu.
    - Pourquoi n’ont fait les cloches plus de bruit ?
    - Son nom, sans cloche, est assez épandu.
    - Que n’a-t-on plus en torches dépendu, 
    {h}
    Suivant la mode accoutumée et sainte ?
    - Afin qu’il fût par l’obscur entendu
    Que des Français la lumière est éteinte
    . » {i}


    1. Le chapitre i est intitulé Méchante coutume des hérétiques et libertins de s’approprier les plus habiles hommes de leur temps, quoiqu’ils aient été de contraire religion.

    2. Un bouclier.

    3. « Hercule conduisant les Muses. »

    4. La rue Sainte-Avoye correspondait à la partie sud de la rue du Temple, dans le ive arrondissement de Paris (entre l’Hôtel de Ville et la rue Rambuteau), tout près de l’église Saint-Nicolas-des-Champs (v. note [28], lettre 380), où fut inhumé Budé. Qu’allait donc faire le convoi funèbre au couvent des Célestins, situé environ 1,2 kilomètre à l’est (entre la Bastille et l’Arsenal, v. note [46] du Naudæana 3) ? Le P. Garasse semble avoir divagué dans son récit pour en amplifier le pathos.

    5. 1539, sic pour 1540.

    6. V. note [16], lettre 357.

    7. V. note [6] du Naudæana 2 pour Louis Le Roy (Ludovicus Regius). Mellin (Melin) de Saint-Gelais (1491-1558) fut l’un des plus célèbres poètes français de son temps.

    8. Dépensé.

    9. L’apologie du P. Garasse voulait lever les doutes sur l’accusation de calvinisme que les catholiques portaient contre Budé (v. note [41] du Grotiana 2).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 52.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8207&cln=52

(Consulté le 28/03/2024)

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