À Charles Spon, le 8 janvier 1650, note 55.
Note [55]

Intitulé Du septième Métal, le chapitre viii, 2e section (Des métaux), livre ii du Discours très docte de la matière médecinale (Les œuvres pharmaceutiques du Sr Jean de Renou…, Lyon, 1637, v. note [13] de la Leçon de Guy Patin sur le laudanum et l’opium), donne un avis fort réservé sur l’emploi de l’antimoine, mais sans mention du gobelet (page 424‑425) :

« Il y en a qui croient que le mercure soit le septième métal, et d’autres l’ambre jaune ; mais à vrai dire, ni l’un ni l’autre ne doit et ne peut être appelé métal, fors {a} qu’en puissance, ainsi que parlent les naturalistes, et surtout l’argent vif. {b} Pourquoi {c} on peut dire beaucoup plus à propos que l’antimoine, cette autre idole des alchimistes et l’unique cathartique des empiriques, est le septième métal. J’ai dit unique purgatif des empiriques, d’autant qu’ils se promettent de guérir toute sorte de maux et plusieurs autres avec ce remède-là. Au lieu de faire ce qu’ils promettent, ils en tuent un grand nombre par trop les purger, les autres par vomissements et syncopes, et en guérissent fort peu. Or que l’antimoine soit grandement en usage parmi les alchimistes et grandement périlleux, il appert par cette histoire mémorable : Cornelius Gemma, jadis médecin à Louvain, {d} récite qu’un certain médecin anglais, grand paracelsiste, étant tombé en fièvre quant et {e} sa femme, délibéra de prendre pour sa guérison d<e l>’antimoine préparé à sa mode et en donner pareillement à sa femme aux mêmes fins ; ce qu’ayant fait, il arriva que sa femme tomba quelques heures après en une horrible et épouvantable manie, {f} de laquelle elle mourut misérablement ; et lui, commençant à se plaindre de ce qu’il ne dormait point et que même il faisait des songes extravagants depuis l’opération de l’antimoine, tomba en frénésie dans le septième jour inclusivement, et quelque temps après en épilepsie et quelques heures après encore, en léthargie ; delà, {g} trois jours après, il s’éveilla et reprit sa furie beaucoup plus étrange que devant, et finalement mourut demi enragé ; de sorte que comme par ci-devant lui et sa femme n’avaient fait qu’une table et qu’un lit, aussi ne se firent-ils point faire deux diverses fosses, mais se firent enterrer tous deux ensemble. Je ne veux pas dire toutefois qu’il ne se trouve des personnes qui le savent très bien préparer et qui en font des belles cures, car on fait un certain sudorifique de l’antimoine qui ne cède à aucun autre en beaux effets et propriétés. Et nous savons aussi que la fleur qu’on appelle d’antimoine {h} n’est pas à mépriser, pourvu qu’elle soit bien préparée et donnée à propos par gens qui savent < ce > que c’est. Mais néanmoins, tous vrais médecins ne doivent pas s’arrêter à l’usage de ces remèdes à cause du danger qu’il y a à s’en servir, joint aussi qu’on trouve un fort grand nombre de médicaments galéniques qui sont autant ou plus efficacieux que ceux-là et beaucoup plus assurés, sans comparaison, pour la guérison de toute sorte de maladies guérissables. »


  1. Hormis ; v. note [10] de l’observation x pour l’ambre jaune.

  2. Le mercure.

  3. C’est pourquoi.

  4. V. note [25] de l’Observation ii de Guy Patin et Charles Guillemeau pour Cornelius Gemma et le texte original de son observation (publiée en 1575).

  5. Avec.

  6. Folie furieuse.

  7. Ensuite.

  8. La fleur ou safran des métaux (crocus metallorum, v. supra note [52]) était une des nombreuses manières de préparer l’antimoine.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 janvier 1650, note 55.

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(Consulté le 28/03/2024)

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