À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 56.
Note [56]

Page 213 des Commentaria, Gerardus Leonardus Blasius citait textuellement un long passage de la 7e thèse ostéologique d’Arnold Senguerdius, qu’on retrouve dans son Osteologia [Ostéologie] (Amsterdam, 1662, v. supra note [48]), chapitre xxi, De Ossibus Pedis [Os du pied (membre inférieur)], pages 141‑142, à propos de l’extrémité supérieure du fémur :

Præter caput et cervicem, hic attendi solent duo processus, trochanteres, Latinerotatores, dicti, quorum unus externus, alter internus est. Externus extrorsum protenditus, magna cavitate sejuncus a capite, cui opponitur : multo major est altero processu : unde etiam rotator magnus vocatur. Internus igitur multo minor est, qui ideo rotator minor nominatur. Hic inferius situm habet a parte postica, sub capite extra cervicem, spectat et inclinatus est retrorsum. […]

Præter duos hos processus, tertium adhuc observavi, quod tuberculum est, magnitudine cedens duobus superioribus processibus : hic tertius processus, opponitur rotatori minori, in exteriore quodammodo parte situm habet sub rotatore majore. Sub hoc minimo processu, impressio vel sinus datur longus, non multum excavatus, unde initium sumit linea deorsum tendens et os quodammodo acuminans.

[Outre la tête et le col, on y trouve ordinairement deux éminences, qu’on appelle trochanters, rotateurs en latin, dont l’un est externe et l’autre interne. {a} L’externe est touné vers le dehors, séparé par une grande cavité de la tête, à laquelle il est opposé ; il est beaucoup plus gros que l’autre, ce qui lui vaut d’être appelé grand trochanter. L’interne, bien plus petit, est donc appelé petit trochanter : situé en dedans , sous la tête et hors du col, il s’oriente vers l’arrière. (…)

En plus de ces deux éminences, j’en ai toujours observé un troisième : plus petit que les deux autres ci-dessus, il est placé sur la face opposée au petit trochanter, sous le grand trochanter. Sous cette toute petite éminence, se trouve une dépression, ou sinus peu profond, d’où prend naissance une crête osseuse qui se dirige vers le bas]. {b}


  1. La racine grecque, trokhazein « courir », désigne une autre fonction que la racine latine, rotare « faire tourner », mais elles sont toutes deux pertinentes : sur le grand trochanter s’insèrent les muscles pyramidal, et moyen et petit fessiers ; et sur le petit trochanter, le psoas-iliaque. Ces importantes masses musculaires assurent la rotation de la hanche et sa flecion sur le bassin, mouvements requis pour courir.

  2. Ce troisième trochanter n’a pas survécu à Deusing : il porte le nom de tubercule prétrochantérien. La remarque de Blasius prend dès lors tout son sens :

    Processum hunc à Cl. Senguerdio hic descriptum in non paucis subjectis à Viro illo Cl. monitus inquisivi, eumque semper adesse reprehendi.

    [Là, le très distingué Senguerdius a décrit la présence d’une éminence chez bon nombre d’individus ; sur ses dires, je l’ai cherchée et mis en doute {i} sa présence constante].

    1. Guy Patin demandait de remplacer reprehendi [j’ai mis en doute] par deprehendi [j’ai constaté] ; mais l’anatomie moderne a donné raison à Blasius en oubliant le troisième trochanter de Senguerdius.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 56.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1187&cln=56

(Consulté le 29/03/2024)

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