Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 56.
Note [56]

Le Patiniana imprimé ayant rendu cet article inintelligible, je lui ai substitué celui du manuscrit de Vienne (page 71).

Daniel Tilenus (Goldberg, Silésie 1563-Paris 1633), dont le patronyme allemand était Tieleners, figure dans trois autres articles du manuscrit de Vienne.

  • « Daniel Tilenus était silésien. Il a été précepteur du fils de M. d’Abain de La Roche-Pozay, aujourd’hui évêque de Poitiers, tandis que Joseph Scaliger était son gouverneur. {a} Tilenus a toujours été huguenot. Il fut principal du collège de Sedan, où il épousa la fille du bailli. Depuis, s’étant fait arminien, il quitta Sedan par querelle qu’il eut avec le maréchal de Bouillon, {b} et s’en vint à Paris, où il est mort. Du depuis, sa veuve s’est remariée à un gentilhomme du Maine qui est aussi huguenot. »

  • « Cornelius Jansenius, évêque d’Ypres, était sans doute fort savant, mais toute cette doctrine de la grâce et du franc arbitre qu’il a déduite suivant la doctrine de saint Augustin en son livre intitulé Augustinus m’est fort suspecte. {c} Daniel Tilenus qui a autrefois été un savant ministre de Sedan disait : “ Plutôt que d’être de l’opinion de Calvin sur le fait de la grâce, j’aimerais mieux me faire Turc. ” {d} Et tout cela parce que saint Augustin, Calvin et Jansenius sont du même avis en ce point. C’est pourquoi M. Guyet n’a pas mauvaise grâce de dire que Paulus genuit Augustinum, Augustinus Calvinum, Calvinus Jansenium, Jansenius Arnaldum et fratres eius. » {e}

  • « Ennosigæus est l’épithète de Neptune dans Homère, propter terræ motum qui fit ab aquis ; et idem est atque commovens sive concutiens terram. Daniel Tilenus, vir doctissimus, in suis Thesibus Theologicis, Papam Romanum vocat Ennosigæum Romanum, utpote qui in ipso suo solio positus, in quo stat tantum fama et patientia hominum, universam terram bruto suo fulmine et tridente imaginario concutere contendat. » {f}


    1. V. notes [6] et [8], lettre 266, pour Henri-Louis Chasteigner de La Roche-Pozay, évêque de Poitiers de 1612 à 1651, et pour son père, Louis, seigneur d’Abain, ami et mécène de Joseph Scaliger. Tilenus est mentionné deux fois dans la correspondance de Scaliger, mais elle ne contient pas de lettre qu’il ait échangée avec lui.

    2. V. notes [7], lettre 100, pour les arminiens, et [2], lettre 187, pour le maréchal-duc de Bouillon, Henri de la Tour d’Auvergne, prince de Sedan (mort en 1623).

    3. V. note [7], lettre 96, pour l’Augustinus de Jansenius, qui alluma la querelle religieuse du jansénisme. Tilenus n’avait pas pu lire ce livre publié en 1640, mais il était bien au fait des discussion sur la grâce, entre prédestination et libre arbitre (v. note [50], lettre 101).

      Cet article est d’un rare intérêt car Guy Patin (si c’est bien lui qui écrit) s’y montre fort réservé sur la prédestination janséniste ; mais saura-t-on jamais ce qu’il croyait vraiment ?

    4. La prédestination est un dogme partagé par les calvinistes et les musulmans.

    5. « [saint] Paul a engendré [saint] Augustin ; Augustin, Calvin ; Calvin, Jansenius ; Jansenius, Arnauld et ses frères. »

      V. notes [45], lettre 845, pour Robert Arnauld et ses deux frères, Henri et Antoine, tous jansénistes militants (le plus jeune, Antoine, ayant été le plus incisif des trois), et [3], lettre 997, pour François Guyet.

      Tallemant des Réaux, sur Antoine ii Arnauld et ses frères (tome i, page 512), a aussi donné cette citation, en ajoutant un maillon à la chaîne, … Jansenius Sancyranum, Sancyranus Arnaldum… [… Jansenius, Saint-Cyran ; Saint-Cyran, Arnauld…], pour appuyer l’idée que « les jésuites, sur la matière de la grâce les accusèrent d’être huguenots ».

    6. « en raison des secousses de la terre que provoquent les eaux ; cela revient à dire ébranler ou secouer la terre. Le très savant Daniel Tilenus, en ses Thèses théologiques, donne au pape de Rome le nom d’Ennosigæus romain parce que depuis le territoire dont il est le maître, où ne font que résider la tradition et la résignation des hommes, il s’efforce de frapper la terre entière de ses foudroiements aléatoires et de son trident imaginaire. »

      Ennosigæus vient du grec ennosigaïos, « qui fait trembler la terre ».


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 56.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8198&cln=56

(Consulté le 25/04/2024)

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