Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 2 manuscrit, note 56.
Note [56]

Lambertus Ludolfus Pithopœus (Lambert Ludolph Helm, Deventer 1535-Heidelberg 1596), humaniste luthérien, a enseigné la poésie et l’éloquence latines à l’Université de Heidelberg.

Entre autres ouvrages, il a publié un recueil intitulé Poematum Libri iv [Quatre livres de Poèmes]. {a} Ce vers (mis en exergue dans ma transcription) est le dernier de l’épigramme intitulée In M. Antonium Muretum, Oratorem et Poetam præstantissimum [Contre Marc-Antoine Muret, très éminent orateur et poète] (page 430) :

Gloria sermonis, Tulli, tibi prima Latini
Debetur. post hunc prima, Murete, tibi.
Si tam casti essent mores, quam lingua diserta,
Quem tibi præferrem, nemo, Murete foret.
O utinam non hac despectus parte iaceres
.
Moribus est castis lingua diserta minor.

xvii. kalend. Ianuar. 1582

[À toi, Cicéron, est due la première gloire de la langue latine. Après lui, c’est à toi, Muret, qu’elle revient. Si tes mœurs étaient aussi irréprochables que ta langue est habile, il n’y aurait personne, Muret, à qui je te préférerais. Pût ce travers ne t’avoir pas jeté dans le mépris ! Une langue habile vaut moins que des mœurs irréprochables.

Le 16 décembre 1581].


  1. Spire [Neapoli Nemetum], Matthæus Harnisch, 1585, in‑8o illustré de 446 pages.

Le Manuscrit de Vienne (v. note [12] de l’Introduction aux ana de Guy Patin) cite aussi ce vers et explique son contexte (pages 243‑244) :

« Entre les Oraisons de Muret il y en a une sur la mort de Charles ix, qui commence ainsi :

Hoc igitur unum restabat adflictis ac pene prostratis infelicis Galliæ rebus, ut Carolus Rex, quo se illa recreabat ac solabatur uno, de quo cogitans, in quem intuens, omnium quas excepit acerbitatum memoriam deponebat, cum bonorum animos ad aliquam spem quietis erigere cœpisset, in ipso ineuntis adolescentiæ flore, acerba atque immatura morte raperetur ? O fallaces hominum spes ! O incerta vota ! O lubrica et ancipitia humanæ vitæ curricula ! etc. {a}

Il y en a quelques-uns, Mureti gloriæ plus æquo faventes, {b} qui disent que Muret fit cette harangue funèbre sur-le-champ devant le Pape ; {c} ce que je ne crois pas. Cette première période, qui est si longue, démontre bien le contraire. C’est dans cette harangue qu’il a si haut loué le massacre de la Saint-Barthélemy ; {d} à cause de quoi les Allemands ont tant médit de Muret, l’appelant sodomite, etc. Même, un certain Lambertus a fait des épigrammes contre lui, dont voici un vers :

Moribus est castis lingua diserta minor. » {e}


  1. M. Antonii Mureti Orationum Volumina duo [Deux volumes des Discours de Marc-Antoine Muret], {i} Habita Romæ Anno m d lxxiv. Oratio xxiiii. In funere Caroli ix. Gallorum Regis [Discours xxiv prononcé à Rome l’an 1574. Sur les funérailles de Charles ix, roi de France], volume 1, pages 309‑319 :

    « Les malheureuses affaires de la France, déjà désolantes et presque à l’abandon, n’avaient-elles donc plus qu’à subir le trépas cruel et prématuré du roi Charles, à peine entré en la fleur de son âge, {ii} lui dont l’unique délassement, l’unique réconfort, était la pensée et la perspective, en écartant le souvenir de tous les malheurs qu’il avait endurés, d’avoir commencé à élever les esprits des honnêtes gens vers un espoir de calme ? Ô perfides espérances des hommes ! Ô vœux incertains ! Ô cours glissants et douteux de la vie humaine ! »

    1. Lyon, 1613, v. note [6], lettre 851.

    2. Charles ix était mort de probable tuberculose (mais avec soupçon de poison) le 30 mai 1574, en sa 23e année d’âge.

  2. « louant la gloire de Muret au delà du raisonnable ».

  3. Grégoire xiii, v. note [2], lettre 430.

  4. Le reste du discours, dont le début est traduit dans la notule {a} supra, loue le courage et la constance du roi à défendre la foi catholique, et blâme hautement les trahisons et la perfidie des réformés ; ce qui revient à justifier, sans les nommer, les massacres de la Saint-Barthélemy (v. note [30], lettre 211).

  5. Les Bibliothèques françaises de La Croix du Maine et de Du Verdier, sieur de Vauprivas (Paris, 1772) citent aussi ce vers dans leur article sur Muret (tome second, page 77) :

    « Un poète allemand, nommé Lambertus, fit des vers contre lui, sur ce qu’il [Muret] avait dit qu’il voudrait avoir été damné un mois, et avoir fait les Géorgiques. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 2 manuscrit, note 56.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8203&cln=56

(Consulté le 16/04/2024)

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