Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 59.
Note [59]

Abrégé de Valère Maxime (Faits et paroles mémorables, livre viii, chapitre 1, addition 2) sur « la seconde de deux femmes qui faillirent être condamnées », propos daté de l’an de Rome 685 :

Eadem hæsitatione Publii quoque Dolabellæ proconsulari imperio Asiam obtinentis animus fluctuatus est. Mater familiæ Zmyrnæa virum et filium interemit, cum ab his optimæ indolis iuvenem, quem ex priore viro enixa fuerat, occisum conperisset. Quam rem Dollabella ad se delatam Athenas ad Arei pagi cognitionem relegavit, quia ipse neque liberare duabus cædibus contaminatam neque punire tam iusto dolore inpulsam sustinebat. Consideranter et mansuete populi Romani magistratus, sed Areopagitæ quoque non minus sapienter, qui inspecta causa et accusatorem et ream post centum annos ad se reverti iusserunt, eodem affectu moti, quo Dolabella. Sed ille transferendo quæstionem, hi differendo damnandi atque absolvendi inexplicabilem cunctationem vitabant.

[L’esprit de Publius Dolabella a flotté dans la même hésitation quand il détenait le pouvoir proconsulaire en Asie Mineuse : {a} une mère de famille de Smyrne avait tué son mari et son fils, {b} après avoir découvert qu’ils avaient assassiné un jeune homme d’excellent naturel qu’elle avait eu d’un précédent mariage ; l’affaire lui ayant été soumise, Dolabella la renvoya à l’Aréopage {c} d’Athènes, parce qu’il ne pouvait se résoudre ni à acquitter une femme coupable d’un double assassinat, ni à punir une mère qu’un très légitime chagrin avait poussée à un tel acte. Ce magistrat du peuple romain s’était conduit avec autant de circonspection que d’humanité ; mais les aréopagites ne montrèrent pas moins de sagesse : après examen de la cause, ils ordonnèrent aux deux parties de se représenter devant eux dans cent ans. Ils obéissaient au même sentiment que Dolabella ; mais ils échappaient à l’insoluble difficulté de choisir entre la condamnation et l’acquittement : celui-ci en se déchargeant de l’affaire sur d’autres, ceux-là en la remettant fort loin]. {d}


  1. Le Moréri commence son article sur le personnage que, comme Valère Maxime, il appelle Publius Dolabella en le disant « le même sans doute que le précédent, qui fut proconsul dans l’Asie », c’est-à-dire le même que « Publ. Cornelius Dolabella, gendre de Cicéron » ; mais les faits sont survenus en l’an 685 de Rome, soit en 68 av. J.‑C., quand Publius Cornelius Dolabella n’avait que deux ans.

    Un siècle après Valère Maxime, Aulu-Gelle (Nuits attiques, livre xii, chapitre 7) a repris son histoire en parlant de Cn. Dolabella proconsul. Il s’agissait donc probablement de Cnæus Cornelius Dolabella, consul en 81, mais je n’ai pas trouvé confirmation du fait qu’il ait été proconsul en Asie Mineure à l’époque des faits.

  2. Le poison est une fioriture de Moréri.

    Aujourd’hui Izmir, sur la côte méditerranéenne d’Anatolie (ancienne Ionie), Smyrne était un important port de commerce depuis le troisième millénaire précédant notre ère.

  3. Tribunal.

  4. Rabelais a repris cette affaire dans le chapitre xliiii du Tiers Livre (Paris, 1552, pages 145 vo‑146 vo), Comment Pantagruel raconte une étrange histoire des perplexités du jugement humain, en se référant à Cn. Dolabella, et en donnant les noms fantaisistes d’Abécé et d’Effegé aux fils nés du premier et du second lit de la dame de Smyrne.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 59.

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(Consulté le 28/03/2024)

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