À Claude II Belin, le 4 janvier 1633, note 6.
Note [6]

Jacques Mentel (Bussiares près de Château-Thierry 1599-Paris 26 juillet 1670) avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1632. Auguste Corlieu lui a consacré une notice biographique très complète : Jacques Mentel, docteur régent et professeur à la Faculté de médecine de Paris (1599-1670) (Paris, Adrien Delahaye et E. Lecrosnier, 1880, in‑8o de 14 pages).

Dans une lettre à Jean Pecquet (v. note [15], lettre 280) publiée en 1654 (v. note [4], lettre 360), Mentel a lui-même rapporté avoir le premier observé le réservoir du chyle (v. note [26], lettre 152) lors de la dissection d’un chien en 1629, alors qu’il était archidiacre de la Faculté (v. note [49], lettre 152) ; mais Jean Pecquet refit et approfondit cette découverte, qu’il rendit publique en 1647.

Sous le pseudonyme de Guillaume de Hénaut, médecin de Rouen, {a} Mentel a défendu la primauté de Pecquet dans cette avancée anatomique majeure : {b}

Guilelmi de Henaut Doctoris Medici origine, et ordine Rothomagensis, Clypeus quo tela in Pecqueti cor a clarissimo viro Carolo le Noble, collega suo, coniecta infringuntur, et eluduntur. Ad Nobilissimum Virum Iacobum Mentelium, Doctorem Medicum Parisiensem.

[Bouclier de Guillaume de Hénaut, médecin originaire de Rouen et appartenant au Collège de cette ville, qui brise et esquive les traits que Charles Le Noble, {c} son très distingué collègue, a lancés dans le cœur de Pecquet. Adressé au très noble M. Jacques Mentel, docteur en médecine de Paris]. {d}


  1. V. notes [5], lettre latine 41, et [4], lettre latine 48.

  2. V. note [6], lettre latine 369.

  3. V. note [30], lettre 398.

  4. Rouen, Julien Courant, 1655, in‑12. Cette lettre de 71 pages écrite à Mentel est datée de Rouen le 25 juin 1655, au plus chaud de la querelle entre Pecquet et Jean ii Riolan sur les voies du chyle et la formation du sang (sanguification) dans le cœur plutôt que dans le foie.

Cet opuscule attribuait à Mentel la primeur de ces découvertes (v. notes [1], lettre 404, et [6], lettre latine 369) ; et cela lui valut de se brouiller à la fois avec Pecquet et avec Riolan, qui le surnomma (ainsi que son collègue Pierre de Mersenne) Pecquetianus Doctor [docteur pecquétien] (v. note [1], lettre 414). Mentel défendait aussi les thèses de William Harvey sur la circulation du sang, ce qui aggravait l’acrimonie de Riolan à son encontre. Mentel fut néanmoins ami de Guy Patin, qui le soigna dans sa vieillesse.

Neveu de Gabriel Naudé (v. note [9], lettre 3), qui lui donna par testament plusieurs de ses livres provenant de la collection du cardinal Mazarin, Mentel prétendait descendre de Jean Mentelin (v. note [34], lettre 242) à qui il attribuait l’invention de l’imprimerie.

Patin faisait sans doute ici allusion au discours de vespéries (v. note [13], lettre 22) de Mentel, publié sous le titre, usuel pour ce genre d’exercice laudateur, de Gratiarum actio, habita in scholis medicorum die auspicali doctoratus [Actions de grâces, prononcée dans les Écoles de médecine le jour inaugural du doctorat] (sans lieu ni nom, 1632, in‑8o de 22 pages).

Jacques Mentel a laissé un manuscrit inachevé (BIU Santé, ms no 2103), intitulé Schola Medica Parisiensis [L’École de médecine de Paris], qui est l’ébauche d’un dictionnaire biographique des docteurs régents de l’École de médecine de Paris. Ce brouillon mélange le français et le latin. L’entrée sur Patin (fo 317) est fort élogieuse et n’apprend rien qu’on ne sache déjà. Cette prosopographie inachevée est suivie (fos 485‑585) d’un autre brouillon intitulé Breviarum actorum Facultatis Medicinæ Parisiensis, adornatum a v. cl. Nicol. Ellino, sed dimidia plus parte auctum a v. clarissimo Renato Moræo cuius in eo lucubrationes hoc signo [ ] deprehendes [Abrégé des actes de la Faculté de médecine de Paris, préparé par Nicolas Ellain, homme très éminent, mais augmenté pour plus de la moitié par René Moreau, homme très éminent, dont les recherches y ont été mises entre crochets]. L’écriture ne ressemble nulle part à celle de René Moreau, telle qu’on peut la voir dans les Comment. F.M.P. (tome xii, années 1630 à 1632).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 4 janvier 1633, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0014&cln=6

(Consulté le 29/03/2024)

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