À Claude II Belin, le 14 septembre 1638, note 6.
Note [6]

V. note [2], lettre 40, pour la disgrâce du maréchal de Châtillon après son échec devant Saint-Omer.

Gueldre est aujourd’hui Geldern en Allemagne (Rhénanie du Nord-Westphalie), entre le Rhin et la frontière des Pays-Bas, à 79 kilomètres au nord-ouest de Dusseldorf. C’était alors une place forte de la Gueldre espagnole.

Montglat (Mémoires, pages 69‑70) :

« Le prince d’Orange {a} avait promis {b} de faire une grande diversion de son côté. En effet, si ses desseins eussent réussi, il eût exécuté une belle entreprise, car il avait jeté les yeux sur Anvers, comme la plus considérable ville des Pays-Bas, et laquelle avait autrefois tout le commerce qui est présentement à Amsterdam. Il embarqua pour ce sujet son infanterie et son canon à Berg-op-Zoom et les fit débarquer au Polare {c} de Doel, où quinze cents hommes se mirent dans la boue jusqu’à la ceinture par le pays inondé, et surprirent deux redoutes sur la digue et le fort de Calloo, qui est sur l’Escaut, au-dessus d’Anvers. Ils emportèrent ensuite le fort de Wertbrooc ; mais le cardinal infant voyant leur dessein formé sur Anvers, entra dans la ville pour la rassurer ; et ayant mis son armée en campagne, fondit sur le quartier du comte Guillaume, lequel se voyant séparé du prince d’Orange par les eaux, qui l’empêchaient de le venir secourir, quitta les forts et se rembarqua pour se retirer. Son arrière-garde fut maltraitée dans sa retraite, où il perdit son canon et son fils unique, le comte Maurice, âgé de 21 ans. Ainsi, ce grand dessein d’Anvers se tourna en fumée. Le prince d’Orange, piqué d’avoir manqué son coup, résolut d’en tirer sa revanche ; et voyant la difficulté d’entreprendre dans les pays inondés où on ne peut aller qu’à la nage, il fit dessein d’attaquer quelque place dans la terre ferme. Dans cette pensée, ayant rassemblé son armée, il jeta les yeux sur Gueldre et l’envoya investir par le comte Henri de Nassau, qu’il suivit avec le reste de ses troupes. Il fit travailler aussitôt à la circonvallation ; mais avant qu’elle fût achevée, le cardinal-infant força le quartier du comte Henri, prit son canon et bagage, et secourut la ville. Le prince d’Orange voyant ce mauvais succès, ne jugea pas à propos de faire aucune entreprise dans le reste de l’année ; et s’étant retiré dans son pays, il mit bientôt après son armée en garnison. »


  1. Guillaume ii.

  2. Aux Français.

  3. Polder.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 14 septembre 1638, note 6.

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(Consulté le 28/03/2024)

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