À Nicolas Belin, le 21 juillet 1649, note 6.
Note [6]

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, pages 754‑755) :

« Le 20 juillet, un imprimeur de cette ville, nommé Morlot, âgé de 70 ans, fut condamné par arrêt du Parlement, les trois chambres assemblées, “ à être pendu et étranglé en place de Grève ” pour avoir imprimé un libelle diffamatoire contre l’honneur de la reine et de M. le cardinal, dont il fut trouvé saisi et en flagrant délit. Mais sitôt qu’il fut sorti de la Conciergerie pour être conduit au supplice, quelques garçons imprimeurs et autres menus gens de l’Université descendirent de la rue Saint-Jacques et accourant en foule à son secours, arrêtèrent tout court la charrette et le criminel, et criant Sauve ! Sauve ! effrayèrent si fort 15 ou 20 archers qui le conduisaient que, sans faire aucune résistance, ils s’enfuirent aussitôt ; de sorte que ce méchant imposteur fut recous {a} et délivré par cette vile canaille, au grand déplaisir de tous les gens de bien, qui s’étaient promis, de ce châtiment public et tant nécessaire à notre repos, la cessation de toutes ces noires médisances que la licence effrénée du temps et la malice des factieux avaient rendues si fréquentes, et que dans peu de jours, le roi retournerait à Paris où Sa Majesté était tant désirée de tous les bons bourgeois. Ce malheureux vieillard était d’autant plus coupable qu’il avait travaillé à ce détestable ouvrage tandis que les mêmes juges qui l’avaient condamné étaient sur le procès de deux autres imprimeurs, appelant de la mort pour avoir mis sous leurs presses de semblables pièces contre la reine (qui en furent quittes toutefois, à cause de leur grande jeunesse, pour les galères). {b} Le livre imprimé par ce vieux scélérat était en vers burlesques, et intitulé La courtine {c}de la reine.

Le lendemain, il y eut arrêt “ portant défenses à toutes personnes de retirer {d} ledit Morlot à peine de la vie, avec commandement à tous archers de le reprendre en quelque lieu qu’il fût ”, et commission délivrée à M. le procureur général “ de faire faire recherche des auteurs de cette invasion et d’informer contre eux ”. Peu s’en fallut que cet attentat impardonnable à l’autorité royale et à la justice souveraine de Sa Majesté, en plein jour, dans la ville capitale du royaume, à la vue du Parlement, pour un homme de néant, par des gens de la lie du peuple, et pour un sujet si peu favorable, ne nous rejetât dans de nouveaux troubles par la légitime appréhension que nous conçûmes que le roi n’en fût offensé au point qu’il le pouvait être raisonnablement, si sa bonté ne se fût défendue en notre faveur de toutes les sinistres conséquences qui s’en pouvaient tirer. »


  1. Secouru.

  2. V. note [31], lettre 186.

  3. Sic pour custode ; courtine est le nom qu’on donnait aux rideaux de lit.

  4. Cacher.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Nicolas Belin, le 21 juillet 1649, note 6.

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(Consulté le 28/03/2024)

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