À Charles Spon, le 26 juillet 1658, note 6.
Note [6]

On trouve dans la Gazette plusieurs mentions de la maladie du roi à Mardyck.

  • Ordinaire no 82 du 13 juillet 1658 (pages 638‑639) :

    « De Calais, le 9 juillet 1658. Le roi ayant été surpris, le premier de ce mois, d’une fièvre continue accompagnée de douleur de tête, Sa Majesté a été saignée plusieurs fois ; et avec les autres remèdes qu’on a jugés à propos de lui donner, ses médecins ont si heureusement dompté cette maladie, qui semblait menacer la France de la plus sensible et la plus désolante perte qu’elle pût faire, qu’il y a grand sujet d’espérer qu’avec l’assistance du Ciel, nos craintes se verront heureusement changées en des transports de joie extraordinaires par la convalescence de cet aimable prince, qui fait voir tant de courage et tant de résignation, tandis que tous ses sujets s’affligent, qu’on ne peut assez admirer l’incomparable constance de Sa Majesté ; à qui toute la cour rend en cette pressante occasion des soins qui font assez voir à quel point chacun s’intéresse au recouvrement d’une santé si précieuse ; mais particulièrement la reine, dont les tendresses se peuvent plus aisément penser que bien exprimer, cette bonne princesse l’assistant avec de telles assiduités qu’elle se dénie même le repos qui lui est absolument nécessaire pour contribuer à cette convalescence demandée à Dieu avec tant de soupirs et de larmes. »

  • Suit le passage qui enflammait ici l’ire de Guy Patin (ibid. pages 639‑640) :

    « De Paris, le 13 juillet 1658. […] Mais au lieu que cette victoire si célèbre {a} devait être longtemps le sujet de nos allégresses, avec tant d’autres progrès qui en sont comme les glorieuses suites, l’indisposition du roi a si subitement troublé notre joie qu’il l’a fallu terminer dans sa naissance pour faire place à la douleur et aux soupirs, et joindre à nos actions de grâces des prières pour obtenir du Ciel la santé de ce grand monarque ; ce qui s’est fait avec tant de ferveur, de piété et de solennité en cette ville, où le Très-Saint-Sacrement a été exposé dans toutes nos églises, la châsse de sainte Geneviève découverte […] et une procession faite par les trois facultés de théologie, du droit canon et de médecine, depuis la maison de Sorbonne jusqu’au grand couvent des augustins, où les archevêques et évêques qui sont ici disent chaque jour la messe et servent d’un exemple éclatant à tous les sujets de Sa Majesté, qu’on ne doute point que Dieu ne nous conserve un prince qu’il a donné aux vœux de toute la France. De fait, le dernier courrier de Calais, la nuit du 10e à l’11e, rapporte que ses médecins, après l’avoir fait saigner du pied pour la deuxième fois, le matin du 8e, sans que Sa Majesté en parût soulagée, sur les deux heures après midi du même jour, ils lui firent prendre le vin émétique, dont l’effet fut si merveilleux qu’elle passa la nuit avec assez de tranquillité et se trouva, le lendemain 9e, presque entièrement dégagée. Et comme ils jugèrent par le redoublement de la nuit suivante, qui fut toutefois beaucoup moindre que tous les précédents, qu’il était encore resté quelques vapeurs et humeurs qui pourraient entretenir la rêverie et les autres accidents de cette fièvre maligne, ils lui firent prendre, le 10e au matin, un autre médicament purgatif, lequel, bien que des plus bénins, ne laissa pas d’opérer avec tant de succès qu’ils assurèrent unanimement que Sadite Majesté était entièrement hors de danger ; laquelle agréable nouvelle a tellement réjoui les habitants de cette ville que l’allégresse qu’ils en témoignent semble aussi servir de bon augure pour la parfaite guérison d’un si auguste souverain, et si cher à tous ses peuples. »


    1. La bataille des Dunes.

  • Ordinaire no 85 du 20 juillet 1658 (pages 662‑663) :

    « De Calais, ledit jour 15 juillet 1658. Enfin le Ciel s’étant contenté des appréhensions de la France pour la personne du meilleur et du plus grand monarque qu’il lui ait jamais donné, comme il l’a autrefois accordé à ses vœux, {a} l’a rendu à ses prières et à ses larmes ; et l’entière convalescence de Sa Majesté étant à cette première des monarchies un sujet de la plus parfaite joie qu’elle puisse avoir, l’allégresse qu’elle cause par toutes ses villes paraît d’autant plus grande en celle-ci {b} qu’elle a l’honneur de posséder à présent ce glorieux prince, et qu’elle est son séjour depuis l’ouverture d’une campagne qui a déjà ajouté tant de célèbres avantages à ceux qu’il avait remportés sur ses ennemis dans les précédentes. Ainsi, chacun bannissant la tristesse que l’on voyait ici régner de toutes parts depuis l’indisposition de Sa Majesté, y témoigne une pleine liesse d’un si heureux changement ; mais sur tous, la plus excellente des reines et la plus tendre des mères qui, ayant fait des choses extraordinaires pour obtenir de Dieu une guérison si précieuse, en a des transports de joie dont personne ne peut être capable que cette bonne princesse. »


    1. Naissance en 1638, longtemps attendue, du dauphin Louis-Dieudonné, futur Louis xiv.

    2. Calais.

  • Suit le rapport des manifestations religieuses en actions de grâce pour le recouvrement de la santé du roi à Troyes (15 juillet), Compiègne (17 juillet), Rouen (17 juillet), Paris (20 juillet).

  • Enfin, l’extraordinaire no 89 du 1er août 1658 (pages 689‑700) est entièrement consacré au Te Deum chanté [le 26 juillet 1658] dans l’église Notre-Dame, en action de grâces de la guérison du roi, avec les réjouissances faites ensuite sur le même sujet.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 26 juillet 1658, note 6.

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(Consulté le 19/04/2024)

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