À André Falconet, le 26 août 1660, note 6.
Note [6]

Guy Patin ne disait pas ici que la réunion du cortège, au petit matin du 26 août, avait fourni au doyen François Blondel une occasion de marquer son triomphe dans le conflit qui l’opposait à Jean iii Des Gorris pour le titre de plus ancien maître de la Faculté de médecine (v. note [5], lettre 606). Blondel a transcrit la Renuntiatio Curiæ Viatorum causa προεδριας Decano concessæ [Déclaration des huissiers de la Cour sur la raison d’avoir attribué la première place au doyen] dans lesComment. F.M.P. (tome xiv, fos 575‑576) :

« L’an 1660, le jeudi 26e d’août, cinq heures du matin, nous, Nicolas Talnast, huissier du roi en sa Cour de Parlement, requis qu’avons été par Me François Blondel, doyen de la Faculté de médecine en l’Université de Paris, sommes, avec Me Nicolas Jamin, aussi huissier de ladite Cour, transportés au couvent des pères mathurins de cette ville de Paris {a} où, étant dans le cloître d’icelui, ledit Sr Blondel nous a dit qu’en exécution de l’arrêt de la Cour du 3e de mars dernier, il a jusqu’à présent fait la charge et les fonctions d’ancien maître de ladite Faculté de médecine sans qu’aucun des docteurs régents de ladite Faculté s’y soient opposés ni l’aient empêché en aucune manière que ce soit. Mais sur l’avis qu’il a eu que Me Philippe Hardouin de Saint-Jacques, aussi régent de ladite Faculté de médecine, prétendait le troubler en ladite fonction d’ancien maître en ladite Faculté, ce jourd’hui, en la cérémonie qui se doit faire par toute l’assemblée de l’Université convoquée par Monsieur le recteur pour aller au-devant du roi et de la reine en l’entrée qu’ils doivent faire en cette ville de Paris, il nous a requis de nous transporter audit lieu pour tenir la main {b} et faire exécuter les arrêts qu’avons ci-devant faits, comme il est porté par notre procès-verbal du 19e de mars dernier, ce que lui avons octroyé. Et quelque temps après, ledit sieur recteur étant venu prendre sa place dans ledit cloître des Mathurins, étant accompagné des quatre procureurs des quatre nations composant la Faculté des arts, et de plusieurs autres officiers et suppôts de ladite Faculté, lui avons comme autrefois montré et exhibé ledit arrêt, et d’icelui fait lecture, ensemble à plusieurs autres docteurs régents, tant de la Faculté de médecine que d’autres facultés supérieures de leur Université, {c} notamment à MM. Claude Liénard, Jean de Bourges, François Pijart, Guy Patin, Jacques Renault, Pierre Hometz, Nicolas Matthieu et Jacques Mentel, tous docteurs régents d’icelle Faculté de médecine, plus anciens en réception que ledit sieur Blondel ; auxquels avons déclaré que conformément aux arrêts, ledit sieur Blondel prétendait tenir la première place comme faisant la charge et tenant celle d’ancien maître de ladite Faculté, ci-devant exercée par feu Me Denis Guérin, ainsi qu’il est ordonné par ledit arrêt. Requérant ledit sieur recteur d’y tenir la main, {b} ce qu’il a promis faire ; et quant auxdits sieurs docteurs régents en ladite Faculté de médecine, tant anciens qu’autres, ils ont tous promis d’obéir aux arrêts ; et de fait, toute l’assemblée de ladite Université étant sortie dudit monastère des pères mathurins dans l’ordre accoutumé, ledit sieur Blondel en ladite marche a précédé, comme faisant la fonction et tenant la place de l’ancien maître de ladite Faculté, tous les docteurs régents d’icelle, spécialement lesdits sieurs Liénard, de Bourges, Pijart, Patin, Regnault, Hometz, Matthieu et Mentel, plus anciens que lui en réception, tant en allant qu’en revenant du lieu où ladite Université a été saluer Leurs Majestés. Dont et de quoi avons fait et dressé le présent procès-verbal, pour servir et valoir en temps et lieu ce que de raison signé en la minute. Signé Talnast. »

Eo itaque ordine facultatis Doctores processere qui solennis est et Juniores præiere senioribus insequentis.

[Les docteurs de la Faculté ont donc défilé dans l’ordre accoutumé, les jeunes marchant devant les anciens, qui les suivaient].

[38] Jean-Baptiste de Revellois
[37] Fabien Perreau
[36] Edmond Charrier*
[35] François Goüel
[34] Pierre Le Large*
[33] Antoine Jean Morand*
[32] Michel Denyau*
[31] Claude de Frades
[30] Philippe Douté
[29] Charles Patin
[28] Philippe Chartier*
[27] Nicolas Le Lettier
[26] Claude Quartier
[25] François Landrieu
[24] Daniel Arbinet
[23] Jean de Bourges
[22] Robert Patin
[21] Pierre Perreau
[20] Jean-Baptiste Moreau
[19] Pierre de Mersenne
[18] Jean Garbe*
[17] Guillaume Petit
[16] Claude Le Vasseur
[15] Nicolas Cappon
[14] Pierre Le Mercier
[13] Mathurin Denyau*
[12] Pierre Legier
[11] Jean Chartier*
[10] Germain Préaux
[9]  Jacques Mentel
[8]  Nicolas Matthieu
[7]  Pierre Hommetz
[6]  Jacques Regnault
[5]  Guy Patin
[4]  François Pijart*
[3]  Jean de Bourges*
[2]  Claude Liénard
[1]  François Blondel, Decanus Pro Antiquiore Magistro suffectus. {d}


  1. V. note [2], lettre 55.

  2. « On dit tenir la main pour dire prendre garde, avoir soin de l’exécution de quelque chose. La Cour ordonne aux substituts du procureur général de tenir la main à la publication et exécution des édits er des règlements » (Furetière).

  3. V. note [8], lettre 679, pour l’organisation de l’Université de Paris : sous la direction du recteur (alors Pierre Lenglet, v. note [5], lettre 593), elle était composée de la Faculté des arts, formée de quatre nations menées chacune par un procureur, et des trois facultés dites supérieures (théologie, droit canonique et médecine).

  4. « doyen qui a tenu lieu de plus ancien maître. »

    Fait suffisamment curieux pour être remarqué, dix des docteurs (marqués par un astérisque *) avaient aussi signé la requête au Parlement en faveur de Des Gorris. Cela montre combien la Faculté était sens dessus dessous : à la ligne ordinaire de fracture définie par la position pour ou contre l’antimoine, s’ajoutaient celle de l’opposition à la religion réformée, celle de la vindicte à l’encontre du fulminant doyen Blondel et celle de la simple curiosité d’aller saluer le roi. Le plus parlant de tout cela était sans doute que près des deux tiers des docteurs régents alors en exercice avaient trouvé mieux à faire que de participer au cortège.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 26 août 1660, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0632&cln=6

(Consulté le 28/03/2024)

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