À André Falconet, le 1er juin 1663, note 6.
Note [6]

Dans sa lettre suivante, à Charles Spon, Guy Patin a évoqué la grave rougeole dont le roi fut victime à Versailles du 28 mai au 6 juin. Antoine Vallot, son premier médecin, en a laissé le récit détaillé dans le Journal de santé du roi (pages 146‑151) :

« Le jeudi matin 31e de mai, les rougeurs étaient déjà répandues par tout le corps, et particulièrement au visage, avec plus de fièvre et d’inquiétude. […]

Cette furieuse éruption, accompagnée de si fâcheux accidents, ne nous étonna pas tant qu’un mal de cœur, ou plutôt une défaillance perpétuelle, qui réduisait le roi en de si grandes extrémités qu’il ne pouvait croire pouvoir résister à tous ces maux et qu’indubitablement, il ne passerait point la nuit sans mourir. Tous ces fâcheux accidents, avec une fièvre ardente, des sueurs sans relâche, des vomissements continuels, un flux de ventre d’une matière séreuse, des mouvements convulsifs, rêveries et assoupissements, alarmèrent toute la cour ; et je puis dire avec vérité que je me serais alarmé moi-même, n’était que j’avais une entière confiance aux forces du roi, et que cette fièvre était assez ordinaire en semblables occasions, où je m’étais aguerri par le grand nombre de malades que j’avais vus et heureusement traités en des maux de même nature. Et quoique je parusse ferme et content parmi tant de monde qui tremblait de peur, voyant un si grand prince en un état qui semblait tout à fait désespéré, parce que j’étais seul pour lors dans le milieu de la nuit pour résister à une furieuse tempête, il faut avouer que je fus un peu étonné de cette grande défaillance. »

Vallot s’en tira, la bonne nature aidant, avec des remèdes cordiaux et la saignée répétée (mais sans émétique) :

« C’est principalement en semblable maladie où l’on remarque des effets miraculeux de la saignée, quand le sage médecin reconnaît un bon fond et des forces, et que les accidents sont causés par la seule abondance et l’impétuosité du sang. J’ai écrit sur cette matière, où je fais visiblement connaître la nécessité de ce remède, et l’abus qui s’est commis en semblable maladie par tous les siècles passés, les médecins s’étant laissé emporter aveuglément à certaines maximes qui n’ont pas été bien expliquées ni bien entendues, sans faire une autre réflexion sur la vérité des choses et sur la nature des maladies malignes et extraordinaires. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 1er juin 1663, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0751&cln=6

(Consulté le 20/04/2024)

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