À André Falconet, le 4 août 1665, note 6.
Note [6]

Mme de Motteville (Mémoires, pages 551‑552) :

« Ce même jour, {a} la reine mère me parut un peu mieux : elle eut quelques moments de relâche à ses excessives douleurs […]. Cette constante princesse, appuyée sur son coude, qui était sa posture ordinaire quand en santé elle était au lit, nous dit, presque en riant : “ Me voilà avec vous parlant comme une autre ; mais avec tout cela, je souffre beaucoup et on doit demain matin me donner de bons petits coups de lancette dans le bras. ” Voilà ses mêmes mots. Nous la laissâmes néanmoins avec assez de consolation de notre part, nous imaginant qu’elle était mieux et que cet abcès étant percé, il soulagerait ses autres maux.

Le dimanche, {b} en revenant des Récollets, {c} je rencontrai des gens qui me dirent que l’opération était faite et que tout allait le mieux du monde ; car d’ordinaire, les rois se portent toujours bien dans la salle de leurs gardes et les courtisans, qui veulent toujours flatter, croiraient manquer aux vénérables lois de la politique de dire une seule fois la vérité en leur vie. Comme j’entrai dans la chambre de la reine mère, je la trouvai avec la pâleur d’une personne morte en faiblesse et avec une sueur froide. La dissipation des esprits avait été grande. L’abcès peut-être avait été percé trop tôt, et il était sorti de cette tumeur une grande quantité de sang et de pus ; ce qui sans doute causait en elle ces fâcheux accidents. La nuit avait été bonne et néanmoins, les médecins à son réveil lui avaient trouvé le pouls intermittent ; mais ils l’avaient attribué à la crainte de la douleur. Je suis persuadée qu’ils ne se trompaient pas. […] L’opération qu’on venait de lui faire avait été excessivement douloureuse ; cependant, elle n’avait point crié, n’avait fait aucune plainte et n’avait montré aucune faiblesse ; au contraire, l’excès de la douleur, au lieu de l’emporter hors d’elle-même, l’ayant comme liée davantage à Dieu, elle s’écria, dans le temps que l’on perça son abcès, où il fut nécessaire de réitérer plusieurs coups de lancette : “ Ah ! Seigneur, je vous offre ces douleurs, recevez-les pour satisfaction de mes péchés. Je les souffre de bon cœur, Seigneur, puisque vous le voulez. ” »


  1. 1er août 1665.

  2. 2 août.

  3. Le couvent des Récollets se situait au faubourg Saint-Martin, près de l’église Saint-Laurent, sur l’ancien site de l’hôpital militaire Villemin, près de la Gare de l’Est.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 4 août 1665, note 6.

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(Consulté le 20/04/2024)

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