Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 6.
Note [6]

Petrus Galatinus (Pietro Colonna Galatino ; Galatina, Pouilles vers 1460-Rome vers 1540), moine dans l’Ordre des frères mineurs, était érudit en latin, grec et hébreu, et s’est illustré par ses études théologiques et orientalistes.

V. note [15], lettre 97, pour Martin Luther, dont la révolte de 1517 contre la papauté fut l’acte fondateur de la Réforme protestante.

Les Ioannis Reuchlin Phorcensis Ll. Doc. De Arte cabalistica Libri tres Leoni x. dicati [Trois livres de Johann Reuchlin, docteur ès lettres natif de Pforzheim, sur l’Art cabalistique, dédiés à Léon x] {a} relatent un dialogue entre le cabaliste juif Simon, le philosophe pythagoricien Philolaos {b} et le mahométan converti Marranus, dissertant sur le sens caché du Pentateuque {c} et du Talmud, {d} au moyen de la Cabale. {e} Ajouté à la querelle de l’autodafé, ce livre valut à Reuchlin d’être traduit pour hérésie devant l’Inquisition de Mayence.


  1. Haguenau, Thomas Anshelmus, 1517, in‑fo de 160 pages.

  2. V. notule {b}, note [17], lettre 307.

  3. Tohra des juifs, Ancien Testament des chrétiens.

  4. V. note [2], lettre latine 233.

  5. V. note [27] du Borboniana 1 manuscrit.

La Vie d’Érasme, dans laquelle on trouvera l’histoire de plusieurs hommes célèbres avec lesquels il a été en liaison, l’analyse critique de ses ouvrages, et l’examen impartial de ses sentiments en matière de religion, par Jean Levesque de Burigny, {a} a décrit les interventions d’Érasme, dans sa correspondance, en faveur de Reuchlin (tome premier, pages 231‑234) :

« Lorsqu’il était pendant {b} à Rome, Érasme écrivait au pape Léon x {c} que Reuchlin était un homme du premier mérite dans tous les genres de sciences ; qu’il était le phénix et l’honneur de l’Allemagne. Il sollicita pour lui dans les termes les plus pressants les cardinaux Grimani et de Saint-Georges : {d} il les assure qu’en protégeant Reuchlin, ils rendront un service essentiel aux sciences et aux gens de lettres, qui en conserveront une reconnaissance infinie. C’était plutôt par esprit de justice et par l’estime singulière qu’il avait pour Reuchlin qu’il prenait ainsi son parti. Ils avaient peu de liaison ensemble : Érasme ne vit qu’une seule fois Reuchlin à Francfort ; il est vrai qu’ils avaient commerce de lettres. Érasme lui écrivait pour lui donner d’excellents conseils : il l’avertissait de ne point traiter ses adversaires avec un si grand mépris et de ne pas attaquer un Ordre entier, {e} sous prétexte qu’il avait sujet de se plaindre de quelques particuliers. […]

Le livre de Reuchlin ne reçut aucune flétrissure de Rome pendant le pontificat de Léon x. {c} Il y a apparence que la recommandation d’Érasme, qui y avait pour lors beaucoup de puissants amis et de crédit, lui fut favorable ; le pape était persuadé d’ailleurs que c’était injustement qu’on accusait Reuchlin et son livre d’hérésie. On pensa moins avantageusement de lui dans la suite des temps : Paul iv et Clément viii {f} condamnèrent son ouvrage, et il est mis au rang des livres défendus dans l’Index fait par ordre du concile de Trente […]. {g}

Ce fut l’affaire de Reuchlin qui donna occasion au livre ingénieux qui a pour titre Lettres des hommes obscurs {h} que quelques-uns […] ont attribuées à Érasme. […]

Quelque temps après la mort de Reuchlin, Érasme crut devoir célébrer la mémoire d’un homme pour qui il avait la plus profonde estime : il en fit l’Apothéose dans un de ses Colloques, où il introduit un cordelier qui dit avoir vu en songe saint Jérôme qui recevait Reuchlin dans le Ciel, où il avait été transporté par les chœurs des anges. Érasme finit cette Apothéose en invoquant Reuchlin, et en le priant de protéger les langues saintes, de punir les méchants et les calomniateurs. » {i}


  1. Paris, De Bure l’aîné, 1757, 2 tomes in‑12.

  2. Lorsque le procès de Reuchlin était en instance à Rome.

  3. Jean de Médicis, pape de 1513 à 1521 (v. note [7], lettre 205).

  4. Les cardinaux Domenico Grimani (Venise 1461-Rome 1523) et Giovanni Antonio Sangiorgio (Milan vers 1440-Rome 1509), tous deux nommés en 1493.

  5. Les dominicains.

  6. V. notes [5], lettre 132, pour Paul iv (1555-1559), et [2], lettre 47, pour Clément viii (1592-1605).

  7. V. notule {c}, note [30] du Naudæana 2.

  8. Epistolæ obscurorum Virorum… (Haguenau, 1515-1519), v. note [48], lettre 99.

  9. L’Apothéose de Capnion, v. note [49], lettre 99.

Le désaccord des deux humanistes sur la manière de nommer et prononcer la 7e lettre de l’alphabet grec, η, a laissé des traces en philologie : Reuchlin avait choisi le son i, créant l’iotacisme où η se dit ita ; mais plus tard, dans son Dialogus de recta Latini Græcique sermonis pronuntiatione [Dialogue sur la prononciation correcte du discours latin et grec] (Paris, 1547, v. note [6] du Faux Patiniana II‑5), Érasme opta pour le son ê, créant l’êtacisme où η se dit êta. V. notes [11] et [12] du Borboniana 3 manuscrit pour d’autres avis sur cette querelle philologique.

Speculum oculare [Le Miroir oculaire] est la traduction latine du titre allemand, Der Augenspiegel, du livre que Reuchlin a fait paraître en 1511 (Tübingen, in‑4o), dont le frontispice est orné d’une paire de bésicles ; il répondait à la série de livres que Pfefferkorn (v. supra note [5]) avait publiés pour demander l’autodafé des livres judaïques : Der Judenspiegel [Le Miroir des juifs] (1507), Der Warnungsspiegel [Le Miroir de mise en garde] (1508), Der Handspiegel [Le Miroir à main] (1511), etc. Les fos xxixxxii de l’Augenspiegel de Reuchlin sont rédigés en latin ; il y défend le Talmud (v. note [2], lettre latine 233) en attaquant bien plutôt Pfefferkorn que les moines.


Additions et corrections du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), page 208 :

« On peut rectifier cet article sur la nouvelle vie de Reuchlin que M. Majus a donnée, {a} et sur ce que M. Bayle en a remarqué sous le nom d’Hochstrat. » {b}


  1. Vita Jo. Reuchlini Phorcensis, Primi in Germania in Hebraicarum Græcarumque, et aliarum bonarum litterarum Instauratoris, in qua multa de varia ad Historiam superioris Seculi, cum sacram, tum profanam, remque litterariam spectantia memorantur. Succincte descripta editaque Jo. Henrico Majo, Phorcensi, in Illustri Gymnas. Durlac. Professore P. ac templo primario D. Stephani Pastore.

    [Vie de Johann Reuchlin, natif de Pforzheim, premier instaurateur des lettres hébraïques et grecques en Allemagne, ainsi que d’autres études des belles-lettres : elle conserve la mémoire de multiples et diverses choses qui regardent l’histoire du précédent siècle, ainsi que les affaires tant sacrées que profanes et littéraires. Johann Heinricus Majus, natif de Pforzheim, premier professeur à l’Université de Durlach {i} et pasteur du premier temple de Saint-Étienne, l’a écrite brièvement et mise en lumière]. {ii}

    1. Heinrich Majus (1653-1719) professait l’hébreu à Karlsruhe.

    2. Durlach, Martin Müller, 1687, in‑8o de 559 pages.

  2. Les notes du Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (Rotterdam, 1702, tome 2, pages 1575‑1577) sur le moine dominicain Jacques Hochstrat (mort en 1527 à Cologne) font largement état de la querelle théologique qu’il eut avec Reuchlin et Luther.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 6.

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(Consulté le 28/03/2024)

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