Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 6.
Note [6]

Chapitre iii, Des maladies de cette année, de la Pantagruéline prognostication (ou Almanach) de François Rabelais (v. note [9], lettre 17), auquel Guy Patin (qui pourrait bien être auteur de cet article du Borboniana) a plus brièvement emprunté dans plusieurs de ses lettres. La transcription complète de ce chapitre permet de mieux savourer le sel de la citation :

« Cette année, les aveugles ne verront que bien peu ; les sourds ouïront assez mal ; les muets ne parleront guère ; les riches se porteront un peu mieux que les pauvres, et les sains mieux que les malades. Plusieurs moutons, bœufs, pourceaux, oisons, poulets et canards mourront, et ne sera si cruelle mortalité entre les singes et dromadaires. Vieillesse sera incurable cette année à cause des années passées. Ceux qui seront pleurétiques auront grand mal au côté ; {a} ceux qui auront flux de ventre iront souvent à la selle percée ; les catarrhes descendront cette année du cerveau aux membres inférieurs ; le mal des yeux sera fort contraire à la vue ; les oreilles seront courtes et rares en Gascogne plus que de coutume. {b} Et régnera quasi universellement une maladie bien horrible et redoutable, maligne, perverse, épouvantable et malplaisante, laquelle rendra le monde bien étonné, et dont plusieurs ne sauront de quel bois faire flèche, {c} et bien souvent composeront en rêvasseries, syllogisant en la pierre philosophale, et aux oreilles de Midas. {d} Je tremble de peur quand j’y pense car je vous dis qu’elle sera épidémiale, et l’appelle Averroès, vii, colliget, {e} faute d’argent.

Et attendu la comète de l’an passé et la rétrogradation de Saturne, mourra à l’hôpital un grand maraud tout catarrhé, et croûtelevé ; {f} à la mort duquel sera sédition horrible entre les chats et les rats, entre les chiens et les lièvres, entre les faucons et canards, entre les moines et les œufs. » {g}


  1. V. note [10], lettre 40.

  2. « Les Gascons avaient la réputation d’être des voleurs ; or ces derniers risquaient l’essorillement [supplice consistant à couper les oreilles] » (note de M. Huchon).

  3. « On dit proverbialement qu’un homme ne sait plus de quel bois faire flèche, pour dire qu’il ne sait plus quel métier prendre pour subsister » (Furetière).

  4. V. notule {a}, note [14], lettre 584.

  5. « Référence fantaisiste » (M. Huchon) à Averroès (v. note [51] du Naudæana 1). Dans le contexte, colliget peut se traduire par : « qu’on se serre la ceinture ».

  6. Galeux ou vérolé.

  7. Tous ces truismes et autres extravagances tissent une satire hilarante des Centuries de Nostradamus (contemporain de Rabelais, v. note [5], lettre 414) et aux délires des autres vaticineurs de même espèce.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8210&cln=6

(Consulté le 26/04/2024)

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