Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 6.
Note [6]

Une prébende était le « droit qu’a un ecclésiastique, dans une église cathédrale ou collégiale, où il dessert, de jouir de certain revenu, ou en argent ou en espèces. La chanoinie est un titre ou qualité de chanoine indépendant de cette prestation, qui est corporelle, au lieu que la prébende est le droit spirituel qu’on a de l’obtenir » (Furetière).

En 1616-1617, les sceaux de France furent successivement gardés par :

  • Guillaume Du Vair, du 16 mai au 25 novembre 1616 ;

  • Claude i Mangot (v. note [5], lettre 405), du 25 novembre 1616 au 25 avril 1617 ; ils lui furent ôtés par l’assassinat (sur ordre royal) de son protecteur, le maréchal d’Ancre, Concino Concini ;

  • puis à nouveau Du Vair, le 25 avril 1617, qui les conserva jusqu’à sa mort, en 1621.

Jean Du Vair, père de Guillaume, était natif d’Aurillac en Auvergne. Il mourut en 1592, après avoir successivement été : avocat au Parlement de Paris ; procureur général en la Cour des aides de la reine Catherine de Médicis, puis de son fils, le duc d’Anjou devenu le roi Henri iii ; maître des requêtes de son frère, le duc François d’Alençon ; puis enfin maître des requêtes de l’Hôtel du roi en 1573 (Popoff, no 2407). Le Borboniana a décrit la suite ecclésiastique de sa vie, mais en confondant l’église parisienne Saint-Médard (v. note [23‑2] des Comptes de la faculté de médecine de Paris en 1652 dans les Commentaires de Guy Patin) avec le faubourg Saint-Marceau (ou Saint-Marcel, v. note [3], lettre 211) où elle se situe toujours, en bas de la rue Mouffetard.

Jean Vétus avait été reçu maître des requêtes en 1573, après avoir (semble-t-il) été conseiller au parlement de Dijon, puis président en celui de Rennes (Popoff nos 385 et 580).

Outre le bon mot qui jouait sur l’homonymie entre vert et vair, {a} les Mémoires-journaux de Pierre de l’Estoile ont brocardé ces deux maîtres des requêtes (année 1576). {b}

  • Pages 116‑118 (février) :

    « Nonobstant toutes ces misères, on ne laisse pas de s’égayer à Paris, d’y rire et danser à bon escient et d’y faire des pasquils ; {c} et entre autres, le suivant, fort scandaleux et diffamatoire, contre la plupart des grandes maisons et familles de la ville, lequel fut semé et divulgué partout, en ce mois de février 1576.

    […] Du Vair, si Nature t’engendra serviteur,
    L’art de bien dérober t’a fait devenir maître ;
    La justice et la foi, pour enrichir et croître,
    Indignement tu vends au plus haut acheteur
    . »

  • Pages 128‑129, Maîtres des requêtes blasonnés {d} (avril) :

    « En ce même temps, sur une attache {e} que le roi avait donnée à trois de ses maîtres des requêtes, qui avaient assez mauvais bruit à Paris, ayant dit, en se gaussant et les désignant cependant par leurs noms, qu’il se fallait garder de trois de son Conseil, qui étaient “ de vair camelot {f} vêtus ”, on publia la rime suivante :

    Gardez-vous bien de ceux qui < au > Conseil sont
    Du vert camelot vêtus.
    Ce sont trois scélérats hommes et grands larrons :
    Du Vair, Camelot, 
    {g} Vétus. »


    1. vair : « espèce de panne blanche et bleue dont les rois usaient autrefois en France, au lieu de fourrure, dont les manteaux des présidents au mortier étaient doublés jusqu’au xve s. » (Trévoux).

    2. Réédition de Paris, 1875-1896, premier des 12 tomes.

    3. V. note [5], lettre 127.

    4. Blasonner : « expliquer le blason […]. Se disait autrefois pour signifier parler de quelqu’un, le décrire avec ses bonnes ou mauvaises qualités, et particulièrement pour médire » (Furetière).

    5. Lettres d’attache : « lettres que donnent des officiers des lieux sur d’autres lettres de chancellerie, pour leur servir d’une espèce de vérification et pour pouvoir être exécutées dans leur ressort » (ibid.).

    6. Camelot : « étoffe faite ordinairement de poil de chèvre, avec laine ou soie » (ibid.).

    7. Sic pour Jean Amelot, maître des requêtes en 1573, puis président aux Enquêtes en 1580 (Popoff, nos 164 et 426), grand-père de Jacques Amelot (v. note [12], lettre 193).

Tonneins, où mourut Guillaume Du Vair en 1621, est une ville de Guyenne (Lot-et-Garonne).

Les Bernardins étaient un Ordre monastique cistercien (v. note [23], lettre 992), réformé de celui de saint Benoît. Ils étaient vêtus d’une robe blanche avec un scapulaire noir. Leur Collège de Paris (aujourd’hui splendidement restauré dans le ve arrondissement) servait à la formation de leurs novices, mais n’était pas rattaché à l’Université. Du Vair y fut inhumé.

Pierre Du Vair (1561-1638), frère de Guillaume, fut évêque de Vence de 1602 à sa mort. V. note [12] du Traité de la Conservation de santé, chapitre iii, pour les propriétés cordiales du vin, qu’il appréciait sans doute sans modération.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8211&cln=6

(Consulté le 18/04/2024)

Licence Creative Commons