Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 62.
Note [62]

Cet article sur les gladiateurs reprend celui qui porte sur le mot Rétiaires dans le Supplément ou troisième volume du grand Dictionnaire historique de Louis Moréri, tome troisième, page 1033. {a}

Meilleur latiniste que les rédacteurs de son Esprit, Guy Patin aurait pu emprunter son propos au livre xvi de verborum Significatione (ou Significatu) [sur la Signification des mots] de Sextus Pompeius Festus, {b} mais le plagiat y est moins flagrant :

Retiario pugnanti adversus mirmillionem cantatur : Non te peto, piscem peto, quid me fugis Galle ? quia mirmillionicum genus armaturæ Gallicum est, ipsique mirmiliones ante Galli appellabantur, in quorum galeis piscis effigies inerat. Hoc genus pugnæ institutum videtur a Pittaco uno ex septem sapientibus, qui adversus Phrynonem dimicaturus propter controversias finium, quæ erant inter Atticos et Mutilenæos rete occulto lato impedivit Phrynonem.

[Quand le rétiaire combat le mirmillon, {c} on chante : « Ce n’est pas toi que je veux ; je veux le poisson, pourquoi me fuis-tu Gaulois ? », parce que le mirmillonicum est une sorte d’armure gauloise, et qu’autrefois on appelait mirmillones des Gaulois qui portaient l’image d’un poisson sur leur casque. {d} Ce genre de combat a été institué par Pittacus, l’un des sept Sages, {e} qui, devant se battre avec Phrynon {f} pour un différend sur les frontières entre Athéniens et Mytiléniens, l’immobilisa avec le filet qu’il avait apporté en cachette].


  1. Paris, Denys Thierry, 1689, in‑4o de 1 238 pages, qui se conclut sur une devise qui s’applique parfaitement à notre édition : Vires acquirit eundo [Elle acquiert des ressources en avançant] (Virgile, à propos de la renommée (fama), Énéide, chant iv, vers 174‑175).

  2. V. note [12], lettre 460.

  3. « Les rétiaires étaient ainsi nommés d’un rets [filet] dont ils se servaient contre leur ennemi, que l’on appelait secutor [ou mirmillon, v. infra], comme qui dirait “ suiveur ”. Ils avaient ce rets sous leur bouclier, ils le jetaient sur la tête de leur adversaire, qu’ils tuaient ensuite d’un trident qu’ils portaient de l’autre main. Ils combattaient en tuniques, et portaient des éponges pour essuyer leur sang et boucher leurs plaies » (Trévoux).

  4. Outre le casque et l’armure qui lui couvrait le bras droit, le mirmillon, lancé à la poursuite du rétiaire, était armé d’une épée et d’un bouclier. Il était ordinairement originaire de Gaule ou de Thrace : livre ii (pages 107‑109), chapitre x, De Myrmillone. Origine nominis vix inventa, ipsi e Gallia petiti. Arma eorum et compositio [Le Mirmillon : l’origine du mot est difficile à trouver ; on les faisait venir de Gaule ; leurs armes et la manière de combattre], {i} dans les :

    I. Lipsii Saturnalium Sermonum libris duo, qui de Gladiatoribus.

    [Deux livres de Discours saturniens {ii} de Juste Lipse, au sujet des Gladiateurs]. {iii}

    1. Le chapitre viii (pages 99‑104) traite de son adversaire : De Retiario, unde petitum id genus, descriptio pugnæ et armorum, et cum quo commissus [Le Rétiaire, d’où on faisait venir cette sorte de gladiateur, description de sa manière de lutter et de son armement, et contre qui on l’engageait au combat].

    2. C’est-à-dire « moroses », comme l’explique le fort dédaigneux Lectorem meum hæc moneo [Avertissement à mon lecteur] :

      Ultima ista editione inprimis Græca, quorum interpretatio a non nemine desiderabatur, ipsis vertimus. ii. Quædam, quæ addi vel da lucem, vel ad doctrinam, poterant, capitis cuiusque calci opportune subiecimus. Ægre enim in isto genere fieri potest, quin aliquid dies et uberior lectio instillent. iii. Denique et figuras inseri passus sum : sed vere passus. Nam eas ad sensum aut votum meum non esse, libere profiteor ; nec facile ulla hodie ars expresserit mores et opes illas priscas. Fruantur tamen istis, quibus mens ad altiora non assurgit.

      [< i.> Pour répondre au vif désir de plusieurs, j’ai moi-même traduit cette ultime édition, qui était initialement grecque. ii. J’y ai fait quelques additions qui pourraient en augmenter la clarté et la science, et l’ai utilement complétée d’une table des chapitres. Je puis difficilement m’empêcher de croire que cela n’en illumine et enrichisse quelque peu la lecture. iii. J’ai enfin souffert qu’on y ajoute aussi des figures ; je dis bien souffert, car j’avoue volontiers qu’elles ne répondent ni à mon goût ni à mon souhait, étant donné que nul talent ne saurait exprimer aujourd’hui les mœurs et les richeses de ces temps anciens. Elles profiteront néanmoins à ceux dont l’esprit ne peut s’élever bien haut].

    3. Leyde, Franciscus Raphelengius, 1590, in‑4o illustré de 175 pages ; encore aujourd’hui, on peut difficilement trouver meilleur livre sur le sujet.

  5. Pittacos ou Pittacus de Mytilène (principale ville de l’île de Lesbos) est un général et politique grec du vie s. av. J.‑C., que sa vertu et sa vaillance ont rangé parmi les sept Sages de la Grèce (v. notule{e}, note [24] du Borboniana 9 manuscrit).

  6. Phrynon d’Athènes, vainqueur olympique, mourut dans son combat contre Pittacos.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 62.

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(Consulté le 28/03/2024)

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