Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 63.
Note [63]

Maffeo Vegio, Mapheus (ou Maphæus) Vegius Laudensis (natif de Lodi, Lombardie 1407-Rome 1458), écrivain humaniste, a laissé de nombreux ouvrages écrits en latin. Gabriel Naudé en citait deux.

  • Liber Tertiusdecimus additus duodecim Æneidos libris [Treizième livre ajouté aux douze livres de l’Énéide] (Paris, Thielmannus Kerver, 1500, in‑fo ; écrit à Padoue en 1428), dont les trois premiers vers (prologue) illustrent le talent poétique de Vegius (fo ccclxxxiii ro) :

    Turnus ut extremo vitam sub marte profudit.
    Subdunt se Rutuli Æneæ Troiana sequentes
    Agmina : dehinc superis meriti redduntur honores
    .

    [Turnus {a} a perdu la vie au cours de son dernier combat. Les Rutules, soumis à Énée, marchent désormais aux côtés des troupes troyennes, et rendent aux dieux les honneurs qu’ils ont mérités].

    Le chant xiii se conclut (fo cccxcii vo) par la mort d’Énée (vers 623‑630) :

    Tum Venus aerias descendit lapsa per auras.
    Laurentumque petit. Vicina Numicius undis
    Flumineis ibi currit in æquora harundine tectus
    Tunc corpus gnati abluere : et deferre sub undas
    Quicquid erat mortale iubet dehinc læta recentem
    Fœlicemque animam secum super aera duxit
    Immisitque Æneam astris : quem Iulia proles
    Indigetem appellat : templusque imponit honores
    .

    [Vénus, portée par une brise légère, descend alors du ciel et cherche le pays laurentin. {b} Elle s’approche de là où Numicius, {c} couvert de roseaux, fait courir vers la mer les eaux de son fleuve ; et elle lui ordonne d’emporter sous ses flots tout ce que le corps de son fils {d} contient de mortel. Ensuite, rayonnante de bonheur, elle accompagne dans l’au-delà son âme heureuse et fraîche, et envoie Énée parmi les étoiles. {e} Sa descendance julienne {f} le nomme Indigète et bâtit un temple en son honneur]. {g}


    1. Le chant xii s’achevait (vers 950‑952) sur la mort de Turnus, roi des Rutules (habitants du Latium), à l’issue du combat singulier qu’il avait engagé contre son rival, Énée (v. note [14], lettre d’Adolf Vorst, datée du 4 septembre 1661) :

      Hoc dicens ferrum adverso sub pectore condit
      fervidus ; ast illi solvontur frigore membra
      vitaque cum gemitu fugit indignata sub umbras
      .

      [Sur ces mots, bouillant de rage, il enfonce son épée dans le cœur de son ennemi ; le froid lui fige le corps et, dans un mugissement, son âme indignée court s’enfouir dans les ombres].

    2. Les Laurentins étaient un peuple d’Italie antique habitant la région de Rome.

    3. Le Numicus est un petit fleuve côtier du Latium (aujourd’hui appelé Fosso di Pratica di Mare), déifié sous le nom de Numicius. C’est sur ses rives qu’Énée avait débarqué en Italie, avant de s’y noyer plus tard.

    4. Énée était le fils de Vénus et d’Anchise, fondateur de Troie.

    5. Après sa mort, on donna à Énée le nom de Jupiter Indigète. Les Indigètes étaient les héros divinisés (demi-dieux).

    6. La Domus ou Gens Julia était la famille des Julius, d’où naquirent Jules César et ses descendants.

    7. Michael C.J. Putnam a cité ces vers dans l’introduction (page xiv) de son édition des Maffeo Vegio short epics [Courts poèmes de Maffeo Vegio] (Harvard University Press, Cambridge, Mass., et Londres, 2004). Son commentaire remarque leur sens chrétien et cite les deux passages des Métamorphoses d’Ovide dont ils sont clairement inspirés (comme en convient Vegio lui-même dans les annotations imprimées à gauche de la page) : livre xiv, vers 597‑608, Énée Indigère, et livre xv, vers 840‑848, Apothéose de César.

      De son vivant, pour cette œuvre et pour d’autres, Vegio a essuyé des accusations de plagiat. Sa hardiesse à proposer une élégante conclusion de l’Énéide n’en mérite pas moins d’être saluée.


  • De Educatione Liberorum et eorum claris moribus Libri sex [Six livres sur l’Éducation des enfants et sur le lustre de leurs mœurs] (Paris, Berthold Rembolt et Johann Waterloes, 1511, in‑4o), en prose.

Le pape Martin v (numéroté iii, par erreur, dans l’édition imprimée), Oddone Colonna (Genazzano, Latium 1368-Rome 1431) a été élu en 1417.

V. notes [49] supra pour Eugène iv, et [5], lettre 969, pour Nicolas v.

Un notaire apostolique « reçoit et expédie des actes en matière spirituelle et bénéficiale, comme les résignations de bénéfices, concordats de permutation, etc. Il a une commission du pape confirmée et approuvée par l’évêque diocésain, et il est opposé à notaire royal » (Furetière).


Additions et remarques du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 194‑199 :

« Maphæus Vegius Laudanensis. Il fallait dire Laudensis, “ né à Lodi ” dans le Milanais en 1407. Il n’avait pas encore 16 ans, qu’il était auteur. {a} C’est ce qu’il nous apprend lui-même dans son poème intitulé Pompeiana, qu’il fit en 1423, dans lequel il dit :

                               tria lustra peregi,
Nunc alium volvens fatis ducentibus ævum,
Ætatis meta ista meæ
. {b}

Bien plus, dès l’année précédente, c’est-à-dire en 1422, il s’était diverti à composer quelques élégies et des épigrammes contre la vie champêtre. {c} Ces poésies furent imprimées avec d’autres en 1521, par les soins du fameux musicien Franchinus Gafurius, son compatriote : {d} ce qui n’a pas été su de celui qui a pris soin de la dernière édition de la Bibliothèque des Pères, {e} et qui n’aurait pas dû plutôt oublier ces poèmes de Vegius que quelques autres du même auteur qu’il a insérés dans le 26e tome de cette Bibliothèque. On peut voir, dans les historiens des écrivains ecclésiastiques et autres, {f} l’éloge de notre Maphæus. Il mourut âgé de cinquante et un ans en 1458 : les uns disent en 1457, et d’autres en 1459. En attendant qu’on soit éclairci de la vérité, il me suffira de faire ici deux ou trois remarques. La première < est > qu’il y a encore plusieurs pièces manuscrites de cet auteur dans les bibliothèques, qui mériteraient que quelque curieux se voulût charger du soin de les ramasser et de nous donner une édition complète de toutes les œuvres du Vegius. 2. Que son dialogue de amore veritatis a été traduit et paraphrasé en vers français par un nommé Du Val, qui intitula son ouvrage Le triomphe de Vérité, où sont montrés infinis maux commis sous la tyranie de l’Antéchrist, fils de perdition, tiré d’un auteur nommé Maphæus Vegius et mis en vers par Pierre Du Val, humble membre de l’Église de Jésus-Christ. Ce livre fut imprimé en Angleterre en 1522 in‑8o ; on peut juger par le titre que le traducteur n’a pas épargné le pape ni l’Église romaine. Ma troisième remarque sera sur une bévue de Franciscus Modius, jurisconsulte et fameux antiquaire de Bruges, qui crut donner en 1579 quelque chose de fort nouveau au public, que de faire imprimer un poème de notre Maphæus intitulé Astyanax, auquel il en joignit un autre du même auteur sur la Toison d’or. {g} Il ne put s’empêcher de se savoir bon gré à lui-même (pour ne rien dire de plus) d’avoir tiré de l’obscurité ces deux poèmes, et de les avoir fait paraître pour la première fois, car c’est ainsi qu’il s’en explique ; cependant, il y avait déjà eu deux éditions de l’Astyanax, que l’on avait publié plus de 60 ans auparavant, avec l’abrégé de L’Iliade, d’un Pindare de Thèbes, et quelques épigrammes de différents auteurs. La première édition est de Fano en 1505, elle fut procurée par Laurent Abstemius, bibliothécaire du duc d’Urbin, {h} à qui nous devons les fables et annotations critiques sur différents passages d’auteurs. La seconde se fit en la même ville en 1515, {i} il n’y a rien de différent de la première édition, sinon que le nom de Laurent Abstemius n’y paraît plus, et qu’un certain Franciscus Polyardus, qui a donné cette seconde, a eu soin d’en retrancher quelques épigrammes, entre autres celle-ci :

Jacobi Constantii Epigramma in quo Civitas Fani loquitur.

Servitio pressit Clemens me Sextus, et Inno-
centius, asseruit cura secunda Pii.
Sextus Alexander rursum servire coegit.
Asseruit rursum Tertius ecce Pius.
Fata igitur regnare modo quis deneget : osa
Cum fuerim a Sextis semper, amata Piis
. {j}


  1. « On pourrait l’ajouter aux Enfants célèbres de M. Baillet » (note de Vitry) : v. notule {b}, note [10] du Naudæana 1.

  2. « … j’ai parcouru trois lustres, {i} et me tourne maintenant vers l’autre âge qui décide du destin, où sera la fin de mon existence. » {ii}

    1. Trois périodes de cinq années.

    2. Vers tirés de l’ode intitulée Maphei Vegii Laudensis Pompeana [Pompéienne de Mapheus Veggius, natif de Lodi], et signée Ex Villa Pompeiana. Agri Laudensis. m.cccc.xxiii [De la villa Pompéienne. Dans la campagne de Lodi. 1423], dans une anthologie de divers auteurs, dont le titre est un sommaire détaillé, qui a paru à Turin en 1521 (Franciscus de Sylva, in‑4o), 13e‑15e vers de la page D vo.

  3. Dans la même édition de Turin, 1521, la Pompeiana est suivie de 24 Epigrammata in rusticos [Épigrammes contre les campagnards] (pages D ii ro‑[E iv vo]), que Veggius a datées de la villa Pompeiana, en 1422.

  4. L’anthologie poétique de Turin (1521) contient (pages [a iv vo]‑[e iii vo]) une Bartholomei Philippinei Gaphuriani Nominis assertoris, in Io. Vaginarium Bononien. Apologia [Apologie de Bartolomeo Filippino, assesseur de la réputation des Gaffurio, contre Gio. Vaginaro, natif de Bologne] en prose, qui défend la mémoire de Veggius (50 ans après sa mort), et où figurent deux dates (Milan le 14 décembre 1495, et sans lieu le 19 janvier 1497) et le nom de Franchinus Gaphurius Laudensis, c’est-à-dire le musicien Franchino Gaffurio (Lodi 1541-Milan 1522).

  5. Maxima Bibliotheca veterum Patrum, et antiquorum Scriptorum ecclesiasticorum. Primo quidem a Margarino de La Bigne, in Academia Parisiensi Doctore Sorbonico, in lucem edita. Deinde celeberrimorum in Universitate Coloniensi Doctorum studio, plurimis Authoribus, et Opusculis aucta, ac historica methodo per singula sæcula quibus Scriptores quique vixerunt, disposita. Hac tandem editione Lugdunensi, ad eandem Colonensem exacta, novis supra centum Authoribus, et Opusculis hactenus desideratis, locupletata, et in tomos xxvii distributa.… Tomus vigesimussextus, continens Scriptores ab ann. Christi 1300. ad ann. 1600.

    [La très grande Bibliothèque des Pères et des anciens écrivains ecclésiastiques. Elle a été publiée pour la première fois {i} par Margarin de La Bigne, docteur de Sorbonne en l’Université de Paris ; ensuite, {ii} par les soins des docteurs les plus célèbres de l’Université de Cologne, augmentée de très nombreux auteurs et opuscules, et distribuée suivant la méthode historique suivant le siècle où chaque auteur a vécu. La présente édition lyonnaise, enfin, conforme à celle de Cologne, est enrichie de plus de cent nouveaux auteurs et opuscules qui y manquaient jusqu’ici, et divisée en 27 tomes… Tome vingt-sixième contenant les écrivains des années 1300 à 1600]. {iii}

    1. En 1575, 9 tomes.

    2. En 1618-1622, 14 tomes.

    3. Lyon, chez les Anisson, 1677, in‑fo de 816 pages.

    Les œuvres de Mapheus Veggius y sont imprimées pages 1632‑1787, mais sans les pièces citées dans les notule {b} et {c} supra.

  6. « Epit. Gesner. p. 561. Sixtus Senens. lib. 4. Miræi auct. ad Biblioth. Eccles. pag. 270. Ghilini Theatr. part. 2 Baillet Jugem. tom. 4. part. 3. Du Pin 15. siècle » (note de Vitry que tout lecteur intéressé devra déchiffrer et exploiter sans mon aide).

  7. Maphei Vegii Laudensis Astyanax et Vellum sic pour : Vellus > Aureum, nunc primum edita, opera Francisci Modii Brugensis [L’Astyanax et la Toison d’or de Mapheus Vegius, natif de Lodi, publié pour la première fois par les soins de Franciscus Modius, natif de bruges] (Cologne, Maternus Cholinus, 1579, in‑8o).

  8. Pyndari Bellum Troianum ex Homero. Maphæi Veggii Astyanax. Epigrammata quædam [La Guerre de Troie que Pyndare (distinct du célèbre poète grec Pindare, v. note [3], lettre 530) a tirée d’Homère. L’Astyanax de Maphæus Veggius. Quelques Épigrammes (disparates)] (Fano, sans nom, 1505, in‑8o). L’épître dédicatoire de Laurentius Abstemius (Lorenzo Bevilaqua, 1440-1508) à Ramberto Malatesta, comte de Sogliano, est datée de Fano le 30 avril 1505. Fano est une ville des Marches, dans la province de Pesaro et Urbino.

  9. Je n’ai trouvé que la référence de cette édition : Fano, Hieronymus Soncinus, 1515, in‑8o.

    L’Astyanax et les quatre livres de la « Toison d’or » (Velleris aurei) figurent aussi aux pages 1764‑1773 de la Maxima Bibliotheca (26e tome, Lyon, 1677, v. supra notule {e}).

  10. « Épigramme de Jacobus Constantius, {i} où parle la cité de Fano.

    Clément vi m’a contrainte à l’esclavage, comme fit Innocent. {ii} La sollicitude de Pie ii {iii} m’a protégée. À son tour, Alexandre vi {iv} m’a soumise de force, et voici que Pie iii m’a secourue de nouveau. {v} Qui donc alors nierait que je suis le jeu du sort, puisque j’aurai été haïe par les vi, et aimée par les Pies ? » {vi}

    1. Littérateur natif de Fano qui a publié plusieurs ouvrages sur Ovide.

    2. Le pape Innocent vi (le Français Étienne Aubert,1352-1362) a succédé à Clément vi (le bénédictin français Pierre Roger, 1342-1352).

    3. Je n’ai pas su traduire autrement qu’en remplaçant secunda (qui est pourtant imprimé dans les trois versions que j’ai vues) par secundi.

      V. note [45] du Naudæana 3 pour le pape Pie ii (1458-1464).

    4. Rodrigo Borgia, pape de 1492 à 1503 (v. note [19], lettre 113.

    5. Pie iii, Francesco Todeschini Piccolomini a régné 28 jours en 1503

    6. Cette épigramme, qui joue sur les noms des papes pour s’amuser de leurs relations tourmentées avec la ville de Fano, conclut les pièces liminaires du recueil cité dans la notule {h} supra (Fano, 1505, page [A iv vo]).

      Son exhumation par le R.P. de Vitry atteste de son érudition littéraire, mais laisse perplexe quant aux intentions profondes de ce jésuite envers le Saint-Siège.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 63.

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(Consulté le 28/03/2024)

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