Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 63.
Note [63]

« La malignité, l’injustice et l’impiété de notre temps ne souffrent pas cela, et ne méritent pas un si grand bienfait. On le traiterait indignement si, en ce rebut des siècles, il nous mettait sous les yeux ce trésor, cette gemme chrétienne. »

Ce latin est de Nicolas Bourbon, je l’ai traduit en tenant pour pluriels (patiuntur et merentur) les verbes singuliers de la première phrase (patitur et meretur), ce qui obéissait à une règle coutumière au xviie s.

V. notes [16], lettre 86, pour Nicolas Rigault, et [6], lettre 133, et [13], lettre 195, pour ses éditions des œuvres de Tertullien, qui avaient commencé à paraître en 1628. L’ayant recherché sans succès, je pense que son texte intitulé « La Personne du chrétien, au temps de Tertullien » est demeuré à l’état de manuscrit. Cette vaine recherche m’a mené au  :

Bibliothecæ Thomasianæ sive locupletissimi Thesauri ex omni scientia librorum præstantissimorum rarissimorumque quos olim possedit Gottofredus Thomasius de Troschenreut et Wiedersberg. Volumen i. continens libros compactos ad Theologiam spectantes.

[Volume i de la Bibliothèque thomasienne ou le plus riche Trésor des livres très rares et remarquables, portant sut tous les savoirs, qu’a jadi possédés Gottofredus Thomasius de Troschenreut et Wiedersberg, {a} contenant les livres reliés traitant de théologie]. {b}

On y lit ce surprenant passage, page 425, ouvrage no 3589 : {c}

Parum a Guid. Patini sententia absum, quam ex excerptis quibusdam Gabr. Naudæi mss intellexi : Si l’on voyait aujourd’hui un chrétien de la primitive Église, on se moqu<er>ait de lui. Nec vulgaria in hoc argumento Nic. Rigaltio deberemus, si librum, quem in bibliotheca sua prelo paratum, et character christiani ævo Tertulliani inscriptum servabat, luce donasset, quod non passam, nec tantum beneficium meritam sæculi nostri iniquitatem et impietatem Patinus ibidem existimabat.

[Je ne suis guère éloigné du jugement de Guy Patin, que j’ai compris avoit été tiré de certains manuscrits de Gabriel Naudé : {d} « Si l’on voyait aujourd’hui un chrétien de la primitive Église, on se moquerait de lui. » Nous aurions dû à Nic. Rigault des avis peu communs sur ce sujet, s’il avait publié le livre, prêt à être imprimé, qu’il conservait dans sa bibliothèque, intitulé Character Christiani ævo Tertulliani ; et au même endroit, Patin estimait que l’injustice de notre siècle n’eût pas souffert cela, ni mérité un si grand bienfait]. {e}


  1. Le médecin et bibliophile allemand Gottfried Thomasius von Troschenreuth und Wiedersberg (Leipzig 1660-Nuremberg 1746).

  2. Nuremberg, Wolfg. Schwartzkoffius, 1765, in‑8o de 649 pages contenant une liste de 6 118 ouvrages, compilée et annotée par Georg Wolfgang Panzer.

  3. Dans la section consacrée à l’histoire ecclésiastique, sur un ouvrage de Gottfr. Arnolds, intitulé Abblidung der ersten Christen [Représentation des premiers chrétiens] (Altona, 1722).

  4. Sic pour Nicolas Bourbon.

  5. On pourrait en conclure que Panzer avait eu accès à une copie du Borboniana manuscrit (car le commentaire attribué à Patin ne figure pas dans le Borboniana imprimé en 1751), mais il se réfère à une source, Io. Diecman. opusc. German. p. 557, dont j’ai identifié l’auteur (Johann Diecmann, 1647-1720) mais non l’ouvrage.

    Il est surtout distrayant de voir que ne date pas d’aujourd’hui la liberté d’attribuer à Patin, les yeux fermés, des propos qui sont dans ses ana.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 63.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8208&cln=63

(Consulté le 24/04/2024)

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