Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 65.
Note [65]

Celle de Jean de L’Isle (ou Jacques des Isles), ancien procureur à Senlis, est comptée comme la 16e tentative d’assassinat sur la personne du roi Henri iv, la pénultième avant le coup fatal de François Ravaillac en 1610 (v. note [90], lettre 166).

L’Histoire universelle de Jacques-Auguste i la rapporte juste après sa relation de la destruction, en mai 1605, de la pyramide expiatoire qui dénonçait la précédente tentative de régicide perpétrée par Jean Chastel, {a} qui marquait le rétablissement des jésuites en France (livre cxxxiv, Thou fr, volume 14, pages 432‑434) :

« Il parut encore des épigrammes, dans l’une desquelles on disait au roi que, pour abolir la mémoire du crime commis par Chastel, il fallait que Sa Majesté fît rétablir la dent que le coup de couteau lui avait cassée. On tira même de mauvais présages de cette action, et l’on assura que chaque degré de faveur que les jésuites acquéraient était autant de pas qu’ils faisaient pour anéantir la sûreté et la tranquillité publique.

En effet, sur la fin de cette année, un homme appelé Jean de L’Isle, natif de Senlis, arrêta le roi qui passait sur le Pont-Neuf, au retour de la chasse. Il le tira par son manteau et le fit tomber sur la croupe de son cheval. La plupart de ceux de sa suite s’étaient retirés à cause de la nuit. Les valets de pied accoururent et saisirent cet homme, et l’auraient tué à coups de poing si le roi ne l’eût empêché. {b} Ce misérable fut mis en prison et, quoiqu’on lui eût trouvé un couteau dans ses poches, cependant il passa pour fou, et on se contenta de le condamner à une prison perpétuelle, où il mourut au bout de quelque temps. »


  1. Auteur de l’attentat du 27 décembre 1594 (v. note [13] du Grotiana 1)V. supra notes [2][4]).

  2. La veille des Rois (Épiphanie, v. note [10], lettre 513) indiquée par le Borboniana, soit le 5 janvier 1605, ne correspond pas à la date du 19 décembre 1605, que toutes les chroniques ont retenue pour cet attentat.

    « Tirer un poignard sur quelqu’un » n’est pas une locution conventionnelle, mais on en comprend facilement le sens, en remplaçant « tirer » par « diriger ».


Dans ses Singularités historiques, contenant ce que l’histoire de Paris et de ses environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire (Paris, Baudouin frères, 1825, in‑8o), l’historien et archiviste Jacques-Antoine Dulaure (1755-1835) en a fourni une relation détaillée (pages 304‑307), conforme à celle de de Thou. Il y ajoute qu’un Te Deum fu chanté le 20 décembre et cite l’ode, « Que direz-vous, races futures… », que François Malherbe (v. note [7], lettre 834) composa pour célébrer la gloire du roi et inciter à la haine contre son agresseur :

« La main de cet esprit farouche {a}
Qui, sorti des ombres d’enfer,
D’un coup sanglant frappa sa bouche,
À peine avait laissé le fer ; {b}
Et voici qu’un autre perfide,
Où la même audace réside,
Comme si détruire l’État
Tenait lieu de juste conquête,
De pareilles armes s’apprête
À faire un pareil attentat. »


  1. Jean Chastel.

  2. « À peine avait lâché son poignard » : la licence poétique faisait peu de cas des onze années écoulées entre les deux attaques régicides.

L’Assemblée du Clergé (v. note [22], lettre 214) convoquée à Paris en juillet 1605 s’acheva en décembre 1606. V. note [19], lettre 469, pour le premier président Achille i de Harlay (1585-1616).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 65.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8205&cln=65

(Consulté le 25/04/2024)

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