Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 68.
Note [68]

V. note [15] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii, pour Bartolomeo Sacchi, dit Platina (Platine en français), et son Historia de vitis Pontificum Romanorum [Histoire des pontifes romains] (Venise, 1579, et Cologne, 1600).

La vie de Platine, imprimée dans les pièces liminaires de l’édition de 1600, est suffisamment courte pour être intégralement transcrite :

Bap. Platinæ Vita ex libro Ioannis Trittemii Abbatis Spanheimensis, de Scriptoribus Ecclesiasticis.

Bap. [Bartholomæus] cognomento Platina, patria Cremonensis, Apostolicus quondam abbreviator, vir undecunque doctissimus, Philosophus et Rhetor celeberrimus, ingenio subtili et vehemens, eloquio disertus et mulcens, animo constans et validus, multas a Paulo Papa ii. calamitates sustinuit, adeo, ut bonis omnibus et dignitate spoliatus, post equulei suspensionem, in carcerem crudelissime detrusus, usque ad mortem ipsius Pauli detentus sit. Qui a Sixto mox liberatus, ad imitationem Eutrandi Ticinensis diaconi a Berengiaro Rege Italiæ similia passi, Pauli mores [et vitia] per antipodosim non insulse notavit. Scripsit enim ad Sixtum pontificem iv. De gestis Romanorum Pontificum librum [unum], De naturis rerum [Librum unum], Epistolarum ad diversos [Librum unum], et quædam alia. Moritur Romæ ex peste sub Frederico Imperatore iii. et Sixto Pontifice iv. Anno Domini m.cccc.lxxxi. indictione xiv.

Hæc Tritemius : Cæterum de proprio ipsius Platinæ nomine, controversiæ quoddam est, Baptistane sit, an Bartholomæus : nam vetustissima quæque exemplaria habent abbreviate scriptum, Bar. recentissima, Bap. Nos, ut quibus non satis constaret, utrum rectius esset, recentem lectionem secuti, veteris te admonitum volumus, ut sit de quo sententiam et ipse feras : tantummodo, ne fortuito aut temere per nos depravatum putetur.

[Vie de Bap. Platina, tirée du livre de Ioannes Trithemius, abbé de Spanheim, de Scriptoribus ecclesiasticis. {a}

Bap. (Bartholomæus), surnommé Platina, natif de la province de Crémone, {b} jadis abréviateur apostolique, {c} homme extrêmement savant en tous domaines, très célèbre philosophe et rhéteur, impétueux et de fine intelligence, orateur éloquent et agréable, constant et solide d’esprit, a souffert des nombreuses misères que lui a infligées le pape Paul ii : il l’a spolié de tous ses biens et de sa dignité ; après l’avoir attaché sur le chevalet de torture, il l’a jeté en prison avec grande cruauté, pour y être détenu jusqu’à la mort de ce pape Paul. {d} Sixte le libéra bientôt, mais Platina n’a pas sottement dénoncé les mœurs (et les vices) du pape Paul, contrairement à ce qu’avait fait Liutprand, diacre de Pavie, sur ce qu’il avait pareillement eu à souffrir de Bérenger, roi d’Italie. {e} Il a dédié ses écrits à Sixte iv : un livre sur les vies des pontifes romains, {f} (un livre sur la nature des choses, un livre de) lettres à diverses gens, et quelques autres ouvrages. Il mourut de la peste à Rome sous les règnes de l’empereur Frédéric iii et du pape Sixte iv, en l’an 1481, indiction xive]. {g}

Voilà ce qu’en a dit Trithème ; mais il existe quelque controverse sur le vrai prénom de Platine : était-ce Baptista ou Bartholomæus ? {h} Les plus anciens exemplaires l’abrègent en Bar., et les plus récents en Bap. Pour ceux qui ne seraient pas d’accord avec notre choix du prénom récent, nous avons voulu les aviser de l’ancien, de manière qu’ils puissent en prononcer leur propre sentence, et ne pensent pas, du moins, que nous l’avons corrompu au hasard et sans réfléchir.


  1. V. note [8], lettre de Claude ii Belin, datée du 31 janvier 1657, pour Jean Trithème, auteur du De scriptoribus ecclesiasticis collectanea [Recueil des Écrivains ecclésiastiques] (Paris, Berthold Rembolt, 1512, in‑8o). J’ai amendé ce texte [mots mis entre crochets] pour le rendre conforme à l’original (fo clxxxvii vo du livre de Trithème).

  2. Dans son article sur Platine, Bayle le dit natif de Piadena petite ville de la province de Crémone, en 1421, et étudie dans sa note A le lien entre le nom de cette cité et le surnom qu’il s’est choisi.

  3. « Employé de la chancellerie romaine chargé de rédiger et de réviser les lettres apostoliques, les brefs » (Grand Robert).

  4. Bayle a donné les motifs (félonie, crime d’État, puis hérésie platonicienne sur la mortalité de l’âme) de cette incarcération qui ne dura qu’un an, ce qui lui fait dire dans sa note G :

    « Quand un auteur a fait lui-même l’histoire de ses malheurs, il faut s’en fier à lui et ne pas croire qu’il ait besoin de nos amplifications. Trithème se devait régler à cette maxime et consulter la vie de Paul ii composée par celui dont il a donné l’éloge : il y eût appris la véritable durée de sa prison et ne l’eût pas allongée, et ne tromperait pas encore aujourd’hui beaucoup de gens. »

  5. Liutprand est un ecclésiastique italien du xe s., natif de Pavie, qui assura des missions diplomatiques et fut évêque de Crémone. Secrétaire de Bérenger ii, roi d’Italie en 950-951, il eut à souffrir de l’ingratitude et de la cruauté de son maître, dont il ne ménagea pas la mémoire dans les chroniques qu’il a écrites.

  6. V. note [15] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii pour ce livre célèbre car il a lancé la légende de la papesse Jeanne (v. notes [45] et [46] du Naudæana 4).

  7. Frédéric iii a régné sur le Saint-Empire de 1440 à 1493 et Sixte iv a été pape de 1471 à 1484. Selon Bayle, ce pontife aurait confié à Platine la charge de bibliothécaire de la Vaticane.

    On appelle indiction romaine une « époque ou manière de compter dont se servaient les Romains, qui contient une révolution de quinze années. Elle est encore en usage dans les bulles et récrits apostoliques. Au temps de la réformation du calendrier, en 1582, on comptait la dixième année de l’indiction qui était alors commencée, de sorte qu’en commençant à compter par dix depuis cette année où on est, et en retranchant quinze autant de fois qu’on le pourra de la somme entière, on aura l’année de l’indiction courante. On la trouve aussi en ajoutant trois au nombre des ans de grâce, et en retranchant quinze autant de fois qu’on pourra de la somme, le reste sera l’indiction » (Furetière). Je laisse à meilleur chronologiste que moi le soin de démontrer que 1481 était la 14e année de l’indiction du calendrier pontifical.

  8. En tête de son article, comme le montre ma correction, Trithème a donné à Platina le prénom de Bartholomæus, sans l’abréger.

La Baptistæ Sacci Cremonensis, ex vico Platina, vulgo appellati Platinæ, Historia inclytæ urbis Mantuæ et serenissimæ familiæ Gonzagæ, in libros sex divisa, et nunc primum ex augustissima Bibliotheca Cæsarea Vindobonensis a Petro Lambrecio, S. Cæs. Majestatis Consiliario Historiographo et Bibliothecario, in lucem edita, atque necessariis annotationibus illustrata [Histoire de l’illustre ville de Mantoue et de la sérénissime famille de Gonzague, par Battista Sacchi de Crémone, natif du village de Platina, communément appelé Platina : divisée en six livres et publiée pour la première fois, tirée de la très auguste Bibliothèque impériale de Vienne, par Peter Lambeck (Hambourg 1628-Vienne1680) conseiller historiographe et bibliothécaire de Sa Majesté le saint-empereur, qui l’a enrichie des nécessaires annotations] a paru à Vienne, chez Joannes Christophorus Cosmerovius, en 1675, in‑4o. Bayle a relaté l’histoire de sa publication dans la seconde colonne de sa note H.


Additions et corrections du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 204‑205 :

« On sait que l’Histoire de Mantoue composée par Platine a été imprimée en 1675 avec des notes de Lambecius. Voyez M. Bayle, Diction. Crit., où l’on trouvera mille choses curieuses et très recherchées touchant notre Platine. » {a}


  1. Pour éviter tout anachronisme, Vitry se référait ici à la deuxième édition du Dictionnaire historique et critique de Bayle (Rotterdam, 1702) : tome troisième, pages 2451‑2454. Les autres renvois à Bayle que contient cette note sont liés à la cinquième édition de son Dictionnaire (Bâle, 1738).

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 68.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8193&cln=68

(Consulté le 25/04/2024)

Licence Creative Commons