Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 68.
Note [68]

Le bestiaire gastronomique de Guy Patin conduit à des renseignements sur la cuisine romaine et sur quelques animaux fabuleux.

  • Juvénal, Satire xi (vers 136‑141), sur les tables extravagantes :

    Sed nec structor erit cui cedere debeat omnis
    pergula, discipulus Trypheri doctoris, apud quem
    sumine cum magno
    lepus atque aper et pygargus
    et Scythicæ volucres et phœnicopterus ingens
    et Gaetulus oryx hebeti lautissima ferro
    cæditur
    .

    [Mais il n’y aura pas chez nous de maître d’hôtel, à qui nulle boutique ne refuse quoi que ce soit, élève du savant Trypherus, chez qui on apprend à trancher, d’un couteau nonchalant, les mets les plus somptueux : outre la majestueuse tétine de truie, le lièvre, le sanglier, le chevreuil, les oiseaux de Scythie, {a} le flamant géant, la chèvre gétule].


    1. Animal non identifié par les ornithologues, décrit par Aristote (Histoire des animaux, livre ix, chapitre xxiii, traduction de Jules Barthélemy-Saint-Hilaire) :

      « On trouve en Scythie une espèce d’oiseaux qui sont de la grandeur de l’outarde. Cet oiseau fait deux petits. Il ne les couve point, en se mettant dessus ; mais après les avoir placés sous une peau de lièvre ou de renard pour les cacher, il les quitte, et il les surveille du haut d’un arbre, tout le temps qu’il n’est pas en chasse ; si l’on vient pour les prendre, il les défend, et frappe l’agresseur à coup d’ailes, comme le font les aigles. »

  • Horace, Épodes, ii, vers 53‑54, sur le même thème :

    Non Afra avis descendat in ventrem meum,
    non attagen Ionicus
    .

    [Ni l’oiseau d’Afrique ni le francolin d’Ionie {a} ne descendront dans mon ventre].


    1. L’« oiseau d’Afrique » de Martial pourrait être le becfigue d’Afrique, Africana ficedula, dont parlait Patin dans sa thèse : c’est un genre de passereaux qui aiment becqueter les figues, auquel appartient la fauvette.

      Le francolin est une « espèce de faisan des Alpes gros comme le faisan ordinaire, qui a la crête jaune avec une barbe de plumes sous le col, qui a la queue touffue, et qui est bigarré et moucheté de noir, de blanc et de tanné » (Furetière). Littré (DLF) cite Georges-Louis Leclerc de Buffon :

      « La rareté de ces oiseaux en Europe, jointe au bon goût de leur chair, a donné lieu aux défenses rigoureuses qui ont été faites en plusieurs pays de les tuer ; et de là on prétend qu’ils ont eu le nom de francolin, comme jouissant d’une sorte de franchise sous la sauvegarde de ces défenses. »

      Dans ses Oiseaux, le même Buffon lui donne le nom d’attagas et cite Pline l’Ancien (Histoire naturelle, livre x, chapitre lxviii, Littré Pli, volume 1, page 413) :

      Attagen maxime Ionius celeberatur, vocalis alias, captus vero obmutescens, quondam existimatus inter raras aves. Jam et in Gallia Hispaniaque capitur, et per Alpes etiam.

      « On vante surtout l’attagen d’Ionie (gélinotte commune, tetrao bonasia, L.) : cet oiseau, qui a de la voix, devient muet en captivité. On le comptait jadis parmi les animaux rares ; maintenant on le prend dans la Gaule, en Espagne, et même dans les Alpes. »


  • Dans le même livre x, chapitre lxxiv, Pline parle des œufs (ibid. page 415) : alia punctis distincta, ut meleagridi, « d’autres [sont] tachetés comme chez les méléagrides (pintades) ».

  • Horace, Satires, livre ii, viii, vers 85‑90, décrivant Nasidenius qui régalait ses hôtes :

                                    Deinde secuti
    mazonomo pueri magno discerpta ferentes
    membra gruis sparsi sale multo non sine farre,
    pinguibus et
    ficis pastum iecur anseris albæ
    et leporum avolsos, ut multo suavius, armos,
    quam si cum lumbis quis edit
    .

    [Il était suivi d’esclaves qui portaient, dans un grand plat creux, des morceaux de grue, généreusement saupoudrés de sel et de farine, le foie d’une oie blanche engraissé de figues, {a} des épaules de lièvres, bien meilleures à manger, disait-il, que les râbles].


    1. Par une curieuse métonymie, le mot français « foie » (iecur en latin) vient de ficus, les « figues » dont on gavait les oies pour faire du foie gras dans l’Antiquité gréco-romaine.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 68.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8223&cln=68

(Consulté le 19/04/2024)

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