À Charles Spon, le 6 janvier 1654, note 69.
Note [69]

Artamène ou le Grand Cyrus. {a} Dédié à Mme de Longueville. {b} Par Monsieur de Scudéry, gouverneur de Notre Dame de la Garde. {c}


  1. V. note [8], lettre 971, pour Cyrus le Grand, empereur de Perse : il figure ici le Grand Condé (frère de Mme de Longueville), dont le surnom, Artamène, est dérivé du verbe grec artamein, « dévorer, dépecer ».

  2. Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, v. note [9], lettre 166.

  3. Paris, Augustin Courbé, 1656, 10 tomes in‑8o ; première édition en 1650-1653, nombreuses rééditions ultérieures.

Ce roman-fleuve (le plus long jamais publié) a longtemps été attribué au seul Georges de Scudéry, mais est le fruit d’une collaboration avec sa sœur, Madeleine de Scudéry (Le Havre 1607-Paris 1701) : Georges aurait écrit les scènes de bataille, tandis que Madeleine composait les scènes d’amour. Parce que l’ouvrage était dédié à la duchesse de Longueville et que Georges de Scudéry s’était compromis pour les princes pendant la Fronde, il dut quitter précipitamment Paris et s’enfuir en Normandie. Madeleine, demeurée seule, ouvrit un « salon littéraire » (v. notule {a}, note [4], lettre 23) où se rencontrèrent le duc de La Rochefoucauld et Montausier, Mmes de La Fayette et de Sévigné, Mme Scarron (plus tard de Maintenon) et autres beaux esprits du temps. V. note [33] des Déboires de Carolus pour le distrayant tumultue poétique entre l’abbé Charles Cotin et Gilles Ménage sur la surdité de Mlle de Scudéry.

Exilé à Rouen, Scudéry achevait alors :

Alaric, ou Rome vaincue : {a} Poème héroïque. {b} Dédié à la sérénissime reine de Suède par Monsieur de Scudéry, gouverneur de Notre-Dame de la Garde. {c}


  1. Alaric ier, roi des Wisigoths de 395 à 410, prit et pilla Athènes en 396, puis Rome en 410.

  2. V. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 15 janvier 1658, pour les vers héroïques.

  3. Paris, Augustin Courbé, 1654, in‑fo de 426 pages.

Nicolas Boileau-Despréaux a brocardé le premier vers (L’Art poétique, chant iii) :

« Donnez à votre ouvrage une juste étendue.
Que le début soit simple et n’ait rien d’affecté.
N’allez pas dès l’abord, sur Pégase monté,
Crier à vos lecteurs, d’une voix de tonnerre
“ Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre. ”
Que produira l’auteur, après tous ces grands cris ?
La montagne en travail enfante une souris »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 janvier 1654, note 69.

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(Consulté le 28/03/2024)

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