À Claude II Belin, le 14 mai 1630, note 7.
Note [7]

Thèse quodlibétaire disputée le 24 janvier 1630 par le bachelier Jacques Mentel (v. note [6], lettre 14), sous la présidence de Jean Complainville (v. note [11], lettre 7) : la question était Danturne in medicina qualitates occultæ ? [Admet-on les qualités occultes en médecine ?] ; la réponse fut négative.

Les qualités (ou propriétés) occultes étaient, dans les sciences, certaines propriétés que la scolastique (v. note [3], lettre 433) « considérait comme la cause cachée d’effets apparents, et l’explication suffisante de ces effets » (Littré DLF). « Les mauvais philosophes qui ne savent point découvrir la cause d’un effet, d’une maladie, disent que cela vient d’une vertu occulte, d’une propriété occulte, d’une cause occulte » (Furetière). Les qualités occultes étaient l’un des fondements de la médecine chimique d’alors. Ainsi, pour Van Helmont (v. note [11], lettre 121), « le plus pernicieux de tous les préjugés des anciennes écoles est l’opinion que deux principes opposés sont nécessaires pour la production des choses : le froid et la chaleur ne sont que des qualités abstraites, et on ne peut absolument rien expliquer par leur réaction. Tout dépend de l’influence de l’entité séminale sur le ferment, et lorsque cette action ne se manifeste pas clairement, alors il y a relolleum, mot qui signifie la même chose que σκινδαψος de Galien [v. note [6], lettre 6], ou que qualité occulte » (Sprengel, tome v, page 28). Skindapsos est en grec un mot de sens indéterminé employé familièrement (comme en français, affaire, chose, etc.) (Bailly). Appartenant donc au péripatétisme, la notion de qualité occulte fut refusée par Descartes, qui y substitua « les idées intelligibles de mouvement, d’impulsion et de force centrifuge » (Littré DLF).

Sans pourtant adhérer au cartésianisme, Guy Patin était de même avis sur ce point particulier, affirmant, par exemple, que « les citrons sont les meilleurs cardiaques que nous ayons » (v. son Traité de la Conservation de santé, chapitre ii). Au fil de sa correspondance Patin s’est montré imperméable à la notion de qualité occulte, terme qui servait pourtant à couvrir une certaine forme de modestie ignorante, et parfois naïve, qu’il n’admettait pas : toute puissante, la médecine devait expliquer toutes les propriétés des médicaments contre les maladies ; ceux qui n’y satisfaisaient pas étaient à reléguer parmi les drogues seulement bonnes à tromper le peuple entre les mains de charlatans et d’apothicaires cupides. Moins arrogante, son idole médicale la plus vénérée, Jean Fernel (v. note [4], lettre 2), n’était pas de même avis (v. en particulier les notes [8], lettre 512, et [14], lettre 995), et c’était ce qu’à contrecœur Patin lui reprochait le plus.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 14 mai 1630, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0003&cln=7

(Consulté le 20/04/2024)

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