À Claude II Belin, le 2 octobre 1635, note 7.
Note [7]

Jean-Louis Guez, seigneur de Balzac (Angoulême 1597-ibid. 8 février 1654) a été l’un des écrivains les plus vénérés de son époque. Il était fils d’un gentilhomme, Guillaume Guez, qui avait servi sous le duc d’Épernon et qui, ayant fait bâtir un château, près d’Angoulême, au village de Balzac, avait ajouté depuis lors à son nom celui de sa châtellenie. Jean-Louis, après avoir étudié chez les jésuites, avait fait à 17 ans un voyage en Hollande pour y compléter son éducation. Il y avait connu le savant Baudius (v. note [30], lettre 195) et fait paraître son premier ouvrage, intitulé Discours politique d’un gentilhomme français, où il se prononçait pour la liberté et pour la Réforme. Il se livra en même temps, en compagnie de Théophile de Viau (v. note [7], lettre de Charles Spon, datée du 28 décembre 1657), à une vie de plaisirs si peu mesurés que sa santé en fut altérée, et que, depuis lors, il se voua à la chasteté.

Revenu en France en 1618, il s’était rendu près du duc d’Épernon, protecteur de son père ; il vécut dans l’intimité du fils du duc qui, devenu cardinal de La Valette, l’emmena avec lui en Italie et en fit son agent d’affaires à Rome. Balzac avait alors commencé à écrire des lettres qui eurent un grand retentissement. Lorsqu’il quitta l’Italie, en 1622, pour se rendre à Paris, il y était déjà presque célèbre. Il reçut partout l’accueil le plus flatteur et se vit recherché des plus grands personnages, au nombre desquels se trouvait l’évêque de Luçon, futur cardinal de Richelieu. Son premier recueil de lettres, publié en 1624, avait obtenu un succès prodigieux, non seulement en France, mais dans toute l’Europe.

Devenu tout à coup célèbre, Balzac eut aussitôt un grand nombre d’envieux, et par conséquent, d’adversaires acharnés. À leur tête se trouvèrent deux moines feuillants : dom André de Saint-Denis, qui l’attaqua vivement comme plagiaire dans un livre intitulé Conformité de l’éloquence de M. de Balzac avec celle des plus grands personnages des temps passés et des temps présents ; et le P. Goulu, général de l’Ordre, qui, sous le titre de Phyllarque, publia contre lui la plus virulente des diatribes (v. note [6] du Borboniana 8 manuscrit). Pour répondre à ces attaques passionnées, Balzac avait fait paraître son Apologie, sous le nom du prieur François Ogier (v. note [5], lettre 217) ; mais las de ces querelles et déçu d’être mal récompensé de ses talents, Balzac s’était retiré dans son château charentais pour y passer la plus grande partie de sa vie à écrire et à recevoir ses amis.

Guy Patin mentionnait ici la préparation d’une nouvelle édition des Lettres : Suite de la seconde partie des Lettres de M. de Balzac (Paris, Pierre Rocolet, 1636, 2 volumes in‑8o). Contrairement à celles de Mme de Sévigné ou de Patin, les lettres de Balzac ne contiennent ni anecdotes, ni détails familiers, ni épanchements de confiance ; entièrement consacrées aux plus hautes considérations de l’esprit, elles sacrifient les charmes de l’authenticité à la recherche de la perfection formelle ; peu de gens les lisent encore aujourd’hui, et le prestige du nom de Balzac s’est porté sur un autre écrivain, Honoré (1799-1850), qui n’était que son homonyme (G.D.U. xixe s. et Triaire).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 2 octobre 1635, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0025&cln=7

(Consulté le 25/04/2024)

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