À Claude II Belin, le 2 juin 1643, note 7.
Note [7]

Catherine de Sainte-Maure (1587-1648), fille du baron de Montausier, était l’épouse de Jean de Gallard de Béarn, sieur de Brassac (v. note [7], lettre 120).

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome ii, pages 185‑186) :

« Mme de Brassac était une personne fort douce, modeste, et qui semblait aller son grand chemin ; cependant elle savait le latin, qu’elle avait appris en le voyant apprendre à ses frères. Il est vrai qu’à l’exemple de son mari, elle n’avait rien lu de ce qu’il y a de beau en cette langue, mais s’était amusée à la théologie et un peu aux mathématiques ; on dit qu’elle entendait assez bien Euclide. Elle ne songeait guère qu’à rêver et à méditer, et avait si peu l’esprit à la cour qu’elle ne s’était corrigée ni de l’accent landore, {a} ni des mauvais mots de la province. J’ai dit ailleurs comme Mme de Sénecey fut chassée. {b} Le cardinal jeta les yeux sur Mme de Brassac ; je veux croire que le P. Joseph n’y nuisit pas. Elle dit au cardinal qu’elle se sentait plus propre à une vie retirée qu’à la vie de la cour ; qu’il en trouverait d’autres à qui cette charge conviendrait mieux et qu’au reste, elle ne pouvait lui faire espérer de lui rendre auprès de la reine tous les services qu’il pourrait peut-être prétendre d’elle. Cela n’y fit rien : la voilà dame d’honneur. Elle s’y comporta si bien qu’elle contenta la reine et le cardinal, quoique l’Évangile dise que nul ne peut servir à deux maîtres. La reine s’en louait à tout le monde, et ce n’était pas peu pour une personne qui avait été mise auprès d’elle de la main de son ennemi. Si Mme de Brassac entra dans cette charge sans grande joie, elle en sortit aussi sans grande tristesse. Le roi mort, on fit revenir tous les exilés, durant le règne de peu de jours de M. de Beauvais. {c} Mme de Sénecey fit plus de bruit que tous les autres ensemble. Elle avait été assez adroite pour faire voir à la reine que ç’avait été pour l’amour d’elle qu’on l’avait chassée, et c’était pour l’intrigue de La Fayette. {d} On lui destine la place de Mme de Lansac, {e} gouvernante du roi ; mais elle, qui connaissait bien à qui elle avait affaire, dit qu’elle ne reviendrait point si on ne la rétablissait dans sa charge. La reine disait : “ Mais je suis la plus satisfaite du monde de Mme de Brassac ; le moyen de la chasser ? Cependant Mme de Sénecey ne veut pas revenir autrement. ” Elle se résolut donc de donner congé à Mme de Brassac en lui disant qu’elle était très contente d’elle, mais que Mme de Sénecey le voulait. Voilà Mme de Sénecey en la place et de Mme de Brassac et de Mme de Lansac. Mme de Brassac se retire avec son mari, qui était encore surintendant de la Maison de la reine. Il mourut un an ou deux après et elle ne lui survécut guère. »


  1. Traînant.

  2. Marie-Catherine de La Rochefoucauld-Randan, marquise de Sénecey, que Richelieu avait chassée de l’entourage de la reine, Anne d’Autriche, en 1637.

  3. Augustin Potier, évêque de Beauvais (v. note [6], lettre 83).

  4. Louise-Angélique Motier de La Fayette, une autre des dames d’honneur que Richelieu plaçait auprès d’Anne d’Autriche pour surveiller ses faits et gestes.

  5. V. note [7], lettre 85.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 2 juin 1643, note 7.

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(Consulté le 25/04/2024)

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