À Charles Spon, le 3 novembre 1651, note 7.
Note [7]

« chez Jansson, libraire d’Amsterdam ».

Guy Patin avait sauté sur l’occasion pour relancer son projet de faire publier les manuscrits des Chrestomathies et trois autres traités de Caspar Hofmann (v. note [14], lettre 150) : « des Esprits et de la chaleur innée, des Parties similaires et des Humeurs ». Il avait acheté ces inédits à la fille de l’auteur après sa mort, le 3 novembre 1648 (v. note [17], lettre 192).

La notion de parties similaires et dissimilaires appartient aux subtilités de l’antique histoire naturelle, héritée d’Aristote et de Platon.

  • Une patie du corps humain était dite similaire, simple ou homogène, si elle était constituée d’une seule et même substance, comme étaient les os, les nerfs ou les muscles ; elle était dévolue à la « nutrition ». « D’autres les appellent continues, uniformes, solides, qui sont pleines d’elles-mêmes, qui n’ont rien d’étranger. Les parties similaires sont de deux sortes : les unes sont spermatiques, et les autres sanguines. Les unes servent d’appui aux autres, comme l’os et le cartilage ; les autres servent d’attache, comme les ligaments ; les autres à l’action, comme les fibres ; les autres à la couverture, comme les membranes. Il y a neuf parties similaires spermatiques, savoir l’os, le cartilage, le ligament, les fibres, les membranes, le nerf, la veine, l’artère et le cuir. Il y en a deux sanguines, qui sont la chair, et la graisse » (Furetière).

  • Dans le cas inverse, la partie était dite dissimilaire, composée ou inhomogène, comme étaient le cœur, le foie, le cerveau ou les reins, qui sont constitués d’un mélange de membranes, de substance (parenchyme), de vaisseaux et de nerfs, ou comme les membres, constitués d’os, de vaisseaux, de muscles et de peau ; elle était dévolue l’« exécution ».

  • Toute partie « par le moyen de laquelle nous pouvons opérer et exécuter une action commune à tout le corps est dite instrument ou organe, et comme un aide pour faire quelque chose » (Jean Fernel, Physiologie [Paris, 1655, v. note [1], lettre 36] page 231 ; livre ii, chapitre i, La division du corps humain en parties simples et composées) ; une telle partie était aussi appelée organique.

  • Toutes les parties dissimilaires étaient organiques, ce qui menait grossièrement à en faire deux synonymes : « Les parties dissimilaires ou organiques se divisent en animales, vitales et naturelles. Les animales sont celles qui gouvernent ; les vitales, qui servent à la respiration et à entretenir la vie ; les naturelles, qui servent à la nourriture et à la génération » (Furetière). Les choses étaient pourtant plus compliquées car certaines parties similaires pouvaient aussi être tenues pour organiques, mêlant nutrition et exécution.

  • Tout cela survit dans la distinction (ténue et souvent malmenéée par les médecins) entre système (ensemble similaire) et appareil (ensemble dissimilaire) d’organes qui concourent à une même fonction (nerveuse, digestive, circulatoire, endocrine, etc.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 novembre 1651, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0270&cln=7

(Consulté le 29/03/2024)

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