À Hugues II de Salins, le 30 avril 1655, note 7.
Note [7]

« Un bœuf n’a jamais le pied plus ferme que quand il est bien las » ; adage commenté par Érasme (no 47) :

Divus Hieronymus oppido quam elegans adagium usurpavit, ad beatum Aurelium Augustinum scribens, eumque deterrere cupiens, ne iuvenis senem provocet. Propterea quod tardius quidem ad pugnam excitantur hi, qui iam sunt ætate quasi fessi : verum iidem gravius sæviunt, atque urgent, si quando senilis illa virtus irritata recaluit. “ Memento, inquit, Daretis et Entelli, et vulgaris proverbii, quod bos lassus fortius figat pedem. ” A veteri trituræ more ductum apparet, cum, circumactis a bubus super manipulos plaustris, grana excutiebantur : partim a rotis in hoc armatis, partim a taurorum ungulis. Potest adlusum videri et ad hoc, quod iuvenes corporis agilitate præpollent. Senes in stataria pugna, ac viribus superiores sunt, id quod et Virg. in Daretis et Entelli congressu declarat. Nec admodum hinc abludit illud, quod in Græcorum collectaneis positum reperitur, ατρεμας βους, id est, Lente bos, subaudiendum movet pedem. Nam sensim quidem movet, at gravius premit.

[Saint Jérôme, homme d’un goût plus qu’exquis, écrivant au bienheureux Aurelius Augustinus, a employé cet adage pour dissuader ce jeune homme de provoquer le vieillard qu’il était. {a} Ceux que l’âge a déjà usés s’excitent certes plus lentement au combat, mais leur ardeur et leur acharnement n’en sont que plus grands quand, une fois éveillée, cette vertu sénile se trouve réchauffée. “ Je me souviens, dit Jérôme, de Darès et Entelle et du dicton populaire, Bos lassus fortius figit pedem. ” {b} Il se référait à l’ancienne manière de battre le blé, où des bœufs faisaient rouler des chariots sur les gerbes pour séparer les grains, en partie sous la pression des roues ferrées, en partie sous celle des sabots des bêtes. On peut se plaire à voir là que les jeunes l’emportent par l’agilité du corps, mais que les vieillards les surpassent en force dans les combats d’endurance, comme le raconte Virgile dans la rencontre de Darès et Entelle. {c} Cela ne s’accorde pas tout à fait avec ce qu’expliquent les recueils grecs : “ le bœuf lentement ”, sous-entendu “ bouge la patte ”, car s’il avance doucement, il laisse une profonde empreinte dans le sol].


  1. Augustin d’Hippone (v. note [15], lettre 91) était de dix ans le cadet de Jérôme de Stridon (v. note [16], lettre 81).

  2. Lettre de Jérôme à Augustin datée de l’an 403.

  3. Deux Troyens dont le second battit le premier, bien qu’il fût plus jeune que lui (Énéide, chant v).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 30 avril 1655, note 7.

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(Consulté le 16/04/2024)

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