À Charles Spon, le 29 juin 1663, note 7.
Note [7]

« Nature, Fortune, Providence, Destin sont un seul et même nom de dieu, qui intervient de diverses manières dans les affaires humaines » ; Sénèque le Jeune, Des Bienfaits (livre iv, viii) :

Sic nunc Naturam voces, Fatum, Fortunam : omnia eiusdem Dei nomina sunt varie utentis sua potestate.

[Ainsi tu invoquerais maintenant la Nature, le Destin, la Fortune : tout cela désigne un même Dieu, faisant diversement usage de sa puissance].

Bayle dit de Juste Lipse qu’il « se maria à Cologne avec une veuve, environ l’an 1574, et il n’en eut point d’enfants. Quelques-uns disent que c’était une très méchante femme ; mais il assure qu’il vécut en paix avec elle », avec cette note F :

« “ Le bonhomme Lipse, qui avait une méchante femme, a dit quelque part en ses Epîtres qu’il y a secret du destin dans les mariages. ” Voici le passage dont Patin entend parler : Uxorem duxi, dit Lipse, mei magis animi quam amicorum impulsu. Sed, ut ille ait, το μεν αρ που επεκλωσαν θεοι αυτοι, et concorditer sane viximus, fructus tamen matrimonii, id est liberorum, exsortes. {a} On a cru que Lipse ne changea de religion qu’à cause de son ambition, et de l’importunité de sa femme, qui était extraordinairement superstitieuse. {b} M. Teissier {c} assure cela sur la foi de Scaliger, dont il cite la lettre cxx, livre ii. J’ai parlé à des gens qui m’ont fait des contes de l’humeur bourrue de cette femme. Ils les avaient ouï faire à des vieillards qui avaient vu Lipse.

Quelques marchands du Pays-Bas racontèrent à Florimond de Raemond, l’an 1600, que Lipse s’était marié. Il l’en félicita, mais Lipse lui répondit que cette nouvelle l’avait bien fait rire, et qu’il y avait longtemps qu’il était dans cette prison. At de conjugio, quod tu a Mercurialibus nostris audieras, quam risum mihi movit ! Ego, vir optime, non recens in eam nassam veni, sed annos jam vigintisex custodia hæc me habet. Liberos tamen nullos genui, nec hunc conjugii fructum aut lenimentum Deus dedit. » {d}


  1. Lipse, lettre lxxxvii, centuriei, Epistolarum selectarum Chilias (v. supra note [6]), à Joannes Wowerius (v. note [23] du Grotiana 2), datée de Louvain, le 1er octobre 1600, page 495 :

    « Je me suis marié bien plus de mon propre gré que sous l’impulsion de mes amis ; mais nous avons vécu, comme on dit, “ en conformité avec le destin prescrit par les dieux ”, et en bonne concorde, tout en étant privés des fruits du mariage, c’est-à-dire d’enfants. »

    V. notes [15], et [16] du Grotiana 1, pour Anne van den Calstere, épouse de Lipse.

  2. V. note [29], lettre 195, pour la conversion de Lipse au catholicisme, sur la fin de sa vie.

  3. Antoine Teissier, compilateur et annotateur des Éloges de Jacques-Auguste i de Thou (v. note [12] du Faux Patiniana II‑2).

  4. Lipse, lettre lxxii, centurie i, ibid. à Florimond de Raemond (v. note [46] du Naudæana 4), datée de Louvain, le 15 novembre 1600, page 373) :

    « Que ce mariage, dont vous avez entendu parler par mes lettres, m’a bien fait rire ! Je ne viens pas de tomber dans cette nasse, bien cher Monsieur : voilà vingt-six ans qu’elle me tient. Je n’ai pourtant pas eu d’enfants, Dieu ne m’a accordé ni ce fruit ni cet adoucissement du mariage. »

    V. note [24] (extrait 2) du Naudæana 4, pour d’autres aveux de Lipse sur les vicissitudes de l’hymen.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 29 juin 1663, note 7.

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(Consulté le 25/04/2024)

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