À André Falconet, le 8 mars 1669, note 7.
Note [7]

Plutus (Ploutos en grec) est le titre de la dernière des onze comédies qu’on a conservées d’Aristophane (v. 445-v. 386 av. J.‑C.), écrite en 388 : « Chrémyle, un pauvre campagnard, rencontre Ploutos, le dieu de la Richesse, rendu aveugle par Zeus pour ne pas favoriser les honnêtes gens. Il le conduit au temple d’Asclépios pour qu’il recouvre la vue, et attire ainsi sur lui-même et ses voisins richesse et prospérité » (G.D.E.L.).

« On représente Plutus sous la forme d’un vieillard qui tient une bourse à la main. Il venait, suivant les Anciens, à pas lents et il s’en retournait avec des ailes, parce que les biens s’acquièrent difficilement et s’évanouissent avec promptitude » (Fr. Noël). La Folie était fille de Plutus et de la Nymphe Jeunesse (Érasme, L’Éloge de la folie, vii) :

Sed Ploutos ipse unus, uel inuitis Hesiodo et Homero, atque ipso adeo Ioue, πατηρ ανδρων τε θεων τε. Cuius unius nutu, ut olim ita nunc quoque sacra profanaque omnia sursum ac deorsum miscentur. Cuius arbitrio bella, paces, imperia, consilia, iudicia, comitia, connubia, pacta, fœdera, leges, artes, ludicra, seria, iam spiritus me deficit, breuiter, publica priuataque omnia mortalium negotia administrantur. Citra cuius opem, totus ille Poeticorum Numinum populus, dicam audacius, ipsi quoque Dii selecti, aut omnino non essent, aut certe οικοσιτοι sane quam frigide uictitarent. Quem quisquis iratum habuerit, huic ne Pallas quidem satis auxilii tulerit. Contra, quisquis propitium, is uel summo Ioui, cum suo fulmine mandare laqueum possit. Τουτου πατρος ευχομαι ειναι.

[Je suis née de Plutus, géniteur unique des hommes et des dieux, n’en déplaise à Homère et à Hésiode, et même à Jupiter. Un simple geste de lui, aujourd’hui comme jadis, bouleverse le monde sacré et le monde profane ; c’est lui qui règle à son gré guerres, paix, gouvernements, conseils, tribunaux, comices, mariages, traités, alliances, lois, arts, plaisir, travail… le souffle me manque… toutes les affaires publiques et privées des mortels. Sans son aide, le peuple entier des divinités poétiques, disons mieux, les grands dieux eux-mêmes n’existeraient pas, ou du moins feraient maigre chère au logis. Celui qui a irrité Plutus, Pallas en personne ne le sauverait pas ; celui qu’il protège, peut faire la nique même à Jupiter tonnant. Tel est mon père et je m’en vante]. {a}


  1. Traduction de Pierre de Nolhac (1927).

    La ploutocratie (mot créé au xixe s.) désigne le pouvoir fondé sur l’argent.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 8 mars 1669, note 7.

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(Consulté le 19/04/2024)

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