Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 7.
Note [7]

« voyez Moufetus sur les Insectes, pages 59 et 61 ».

Cette référence ajoutée dans la marge renvoie au :

Insectorum sive minimorum animalium Theatrum : olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero, Thomaque Pennio inchoatum, tandem Tho. Moufeti Londinantis opera sumptibusque maximis concinnatum, auctum, perfectum, et ad vivum expressis iconibus supra quingentis illustratum.

[Théâtre des Insectes ou des plus petits animaux : jadis entrepris par Edward Wotton, {a} Conrad Gesner {b} et Thomas Penny ; {c} les soins et les très grandes dépenses de Thomas Mouffetus, {d} Londonien, l’ont enfin colligé, augmenté, achevé et illustré de plus de cinq cents dessins pris sur le vif]. {e}


  1. Médecin anglais mort en 1555.

  2. V. note [7], lettre 9.

  3. Médecin anglais mort en 1589.

  4. Thomas Moffett (1553-1604), médecin et naturaliste anglais.

  5. Londres, Thom. Cotes, 1634, in‑fo illustré de 326 pages.

Les deux pages citées appartiennent au chapitre xi, De Muscarum diffrentiis [Des différentes sortes de mouches] et traitent des taons : tabanus, œstrus, asilus ou musca bucularia [mouche des génisses] en latin.

  • Page 59 :

    Muscæ equinæ. Ιπποβοσκοι, Germanis Roß Mucken, sunt muscæ magnitudine vulgarium, corpore compresso, duro, plano, ac tenaci adeo substantia, ut inter digitos vix rumpi possint : nigricant magis quam vulgares ; nunquam recta provolant, sed lateratim, uti dicam, et quasi per saltus, nec diu continuare volatum possunt, neque longe. Equos præcipue apud Anglos vexant, eos circa aures, nares, testes, et emunctoria perpetim lancinantes ; quorum sudore juxta cutem ad radices pilorum diffluente vivunt. Angli iis a side flye vel a horse flye nomini imposuerunt, ut et Græci πλευροποτητους vocant. Quidam e Græcis κυνοραιστας appellant, ac etiam in calidioribus regionibus easdem canibus quoque molestiam afferre maximam affirmant. Crotonis speciem alatam ac volatilem dicunt : sed hanc plane aliam speciem esse arbitror, ac solis equis infensam.

    Musca bucularia, asilus, œstrum. Δαμαληφαγον et βουφαγον sive Bucalariam muscam, Latini Asilum, Græci οιστρον dixerunt a feriendo. Unde non solum hoc insectum sed etiam aliud apes territans (de quo postea) atque tertiam piscibus quibusdam formidolosam, Œstri nomen ceperunt.

    [Mouches des chevaux. Ippoboskoï, {a} en allemand Ross Musken, elles ont la même taille que la mouche commune, avec un corps resserré, dur, plat, et de substance si résistante qu’elles peuvent difficilement être écrasées entre les doigts ; elles sont plus noires que les mouches ordinaires ; elles ne s’envolent jamais tout droit, mais latéralement, je dirais comme par sauts, et ne peuvent voler ni longtemps ni loin. En Angleterre, elles tourmentent surtout les chevaux, qu’elles attaquent autour des oreilles, des naseaux, des testicules et des orifices excrémentiels ; elles y vivent de la sueur qui se dépose sur la peau, à la racine des poils. Les Anglais, leur ont donné le nom de side-fly ou horse-fly, {b} et les Grecs, celui de pleuropotêtos. {c} Certains Grecs les appellent kunoraistas, {d} en affirmant même que, dans les régions très chaudes, elles importunent très grandement les chiens. Ils disent que celles de Crotone {e} sont ailées et qu’elles volent ; mais je pense qu’il s’agit d’une espèce entièrement différente de celle qui incommode les chevaux.

    Mouche des génisses, taon, œstre. En raison de l’animal qu’ils attaquent, les Latins ont dénommé musca bucalaria l’asilus, {f} et les Grecs oïstros, le damalêphagos et le bouphagos. {g} De là vient que non seulement cet insecte a pris le nom d’œstre, {h} mais aussi un autre qui effraye les abeilles (dont je parlerai plus loin) et un troisième qui épouvante certains poissons]. {i}

  • Page 61 :

    Asilus apiarius. Alter Tabanus sive Asilus, nascitur in extremis partibus favorum, amplioris magnitudinis quam sunt apes cæteræ ; et quoniam exagitat, nec patitur examina conquiescere (ut ne prædictus œstrus armenta) οιστρον Græci vocarunt. Caput huic muscæ spadicei coloris est, linea alba a fronte usque ad occiput intercurrente, scapulis et dorso subfuscis ; reliquis omnibus a vulgarium muscarum forma non differt : haud florum duntaxat succo, et melle vescitur, sed etiam animalium sanguine, quem diu violentius exugit, acriter mordet. […]

    Tabanus. Tabanus Græcis μυωψ dicitur, fortassis a stimulando nam et μυωψ calcar quo equi stimulantur significat. Galli Tahon […] vocarunt […].

    [Asilus apiarius. {j} Autrement nommé tabanus ou asilus, il naît dans les parties les plus écartées des ruches ; sa taille est plus grande que celle des autres abeilles ; et parce qu’il est fort turbulent et ne souffre pas de laisser les essaims tranquilles (car les ouvrières craignent l’œstre susdit), les Grecs l’ont appelé oïstros. La tête de cette mouche est de couleur bai brun, parcourue par une ligne blanche allant du front à l’occiput, les épaules et le dos sont rougeâtres. Pour tout le reste, son aspect ne diffère pas des mouches communes. Il ne se nourrit pas uniquement du suc de fleurs, mais aussi du sang des animaux, qu’il suce longuement en les mordant profondément. (…)

    Tabanus. Les Grecs l’appellent muôps, peut-être pour sa capacité à piquer car ce mot désigne aussi l’éperon dont on pique les chevaux. {k} Les Français le nomment tahon (…)]. {l}


    1. Mot grec signifiant « celui qui élève les chevaux » (Bailly), sans relation que j’aie su trouver avec les mouches qui les piquent.

    2. « Mouche qui vole de côté » et « mouche du cheval ».

    3. Mouche « qui vole de côté ».

    4. Tiques des chiens.

    5. Ville de Calabre, dans la Grande-Grèce antique.

    6. Les étymologistes latins supposent qu’asilus est une déformation du grec oïstros, « taon », mais aussi le « transport de fureur » que provoque sa piqûre.

    7. Mots grecs respectivement composés de damalê, « génisse » (bucula en latin), et bous, « bœuf, vache », et de phagein « mordre ».

    8. Adaptation française (aujourd’hui rare) d’oïstros, « taon », qu’on retrouve dans l’œstrus, phase du cycle correspondant à l’ovulation des femelles (période de chaleur, augmentation de l’appétence sexuelle), en relation avec la furie de la génisse Io (v. note [4], lettre 795) quand elle fut attaquée par un œstre. Les œstrogènes en ont tiré leur nom (hormones génératrices de l’œstrus, v. note [4], lettre latine 331).

    9. Suivent les vers de Virgile donnés par le Borboniana et traduits dans la note [8] infra.

    10. Le « taon des ruches ».

    11. L’étymologie semble plutôt inverse : c’est l’insecte qui a donné son nom à l’éperon.

    12. En entomologie moderne, la famille des tabanidæ compte environ trois mille espèces, mais on n’y retrouve plus la nomenclature donnée par le Theatrum.

Ingré est une petite ville située à 8 kilomètres au nord-ouest d’Orléans (Loiret).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8205&cln=7

(Consulté le 20/04/2024)

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