À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 77.
Note [77]

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, pages 656‑657) :

« Je sus ensuite le détail du siège de Charenton : que M. le duc d’Orléans, M. le Prince et tous les princes de la cour, étant partis le dimanche de Saint-Denis, {a} étaient venus coucher avec l’armée au Bois de Vincennes d’où, le lundi sur les sept heures, elle était sortie en bataille par une brèche du parc que M. de Clanleu avait faite à coups de canon pour voir ce qui s’y passait, et que M. le Prince, ayant disposé son armée pour faire face du côté de Paris, avait fait tirer une volée de canon qui avait donné dans la chambre du jardinier du pavillon ; qu’étant entrés par le jardin et ayant abattu la muraille, ils avaient trouvé deux barils de poudre, où ils avaient mis le feu et brûlé les ouvrages ; qu’étant sortis du pavillon, M. le Prince avait fait attaquer la porte ; que Clanleu avait d’abord fait tirer son canon qui avait bien fait et opposé grande résistance à cette première attaque ; mais que M. le Prince ayant fait monter par dedans les jardins, le combat s’était concentré dans la rue où le carnage avait été grand. Néanmoins, la plupart ayant songé à la retraite, M. le Prince en était demeuré le maître ; les maisons avaient été pillées et tous les habitants s’étaient jetés dans des bateaux pour se sauver. M. le Prince avait fait rompre le pont, brûler des moulins et fait passer deux cents Allemands de l’autre côté de l’eau chez M. Falcony, et s’était retiré ayant abandonné le bourg comme ne pouvant être gardé.

L’on accusait M. d’Elbeuf, ayant été averti dès le dimanche du dessein de M. le Prince, ou de n’y avoir pas jeté bien des troupes pour réparer par le nombre des hommes le défaut de la place, ou, si la place ne pouvait se défendre, de n’en avoir pas retiré la garnison pour se mettre dès le matin en bataille et à cet effet, fait sortir toutes les troupes dès la nuit, y ayant plus de vingt mille bourgeois résolus à bien se battre, au lieu qu’il n’avait commencé à les faire filer qu’à cinq heures du matin, et la moitié n’était pas sortie à midi. Après cela chacun disait qu’il fallait songer à l’accommodement plutôt que périr et avant d’être réduits à l’extrémité. »


  1. 7 février 1649.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 77.

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(Consulté le 19/04/2024)

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