À Claude II Belin, le 12 septembre 1643, note 8.
Note [8]

Mme de Motteville (Mémoires, page 62) a fourni des détails sur l’éloignement d’Augustin Potier (v. note [6], lettre 83), évêque de Beauvais, aumônier d’Anne d’Autriche :

« La disgrâce du duc de Beaufort {a} fut suivie de celle de l’évêque de Beauvais, qui ne put pas tenir contre un compétiteur aussi puissant que l’était le cardinal Mazarin. Le chapeau {b} qu’on avait demandé pour lui fut contremandé et il parut quitter la cour sans regret, pour aller dans son évêché de Beauvais la faire à un meilleur maître que les plus grands et les meilleurs rois du monde ne le peuvent être, où il a vécu saintement le reste de sa vie.
Ce prélat était si peu habile qu’il fut aisé à ses ennemis de lui faire perdre l’estime de la reine. Le cardinal Mazarin se servit d’une chose dite par lui trop légèrement, pour la persuader qu’il était incapable d’aucun secret. Après la prison du duc de Beaufort, cet évêque dit à M. le Prince qu’il s’étonnait qu’il eût consenti à cette détention ; M. le Prince, qui n’en était point affligé, lui répondit : “ Et vous, Monsieur, qui êtes le ministre de la reine, comment ne l’avez-vous pas empêchée ? – Je l’aurais fait, lui dit l’évêque de Beauvais et je l’aurais averti si je l’avais su. ” M. le Prince, qui trouva cette réponse indigne d’un homme employé dans les affaires d’État, s’en moqua et la conta à quelques-uns de ses familiers. […] Cette imprudence contribua beaucoup à le faire éloigner ; mais par elle-même, {c} avait aperçu qu’il n’était pas capable de lui aider à soutenir le sceptre dont la pesanteur l’incommodait. La reine n’était pas habituée au travail et les continuelles fonctions de la régence lui faisaient peur, elle désirait un homme habile et intelligent qui pût la soulager, et ne le trouvant point en la personne de l’évêque de Beauvais, elle choisit le cardinal Mazarin qui lui parut avoir toutes les qualités qui sont nécessaires à un grand ministre. »


  1. V. note [14], lettre 93.

  2. De cardinal.

  3. La reine.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 septembre 1643, note 8.

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(Consulté le 20/04/2024)

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