À Claude II Belin, le 14 mars 1644, note 8.
Note [8]

Ce poème s’intitule Io. Capellani et Hon. Castellani, Medic. Regior., Tumulus [Tombeau de Jean Chapelain et Honoré Castellan, médecins des rois] :

Divisi patria longa regione locorum,
Præclari artifices eiusdem muneris ambo,
Dissimiles morum, discordi Regis in aula,
Exegere/exegerunt tamen (dictu mirabile) vitam
Litibus, invidiæque malo, rixaque carentem :
Communi tecto, et mensa prope semper eadem ;
Quo duo more solent germani vivere fratres
.

Magnus uterque, rei medicæque peritus uterque
Supra omnes : antiquæ operæque artisque magistri
Primum adeo tenuere locum, Regisque iuuentam,
Reginæque, Erebi revocarunt limine portæ
Sæpius, ipsi non potuere obsistere morti
.

Quinimmo paucis ambo occubuere diebus,
Ambo unoque iacent tumulo. Prius occidit alter
Lethifera turpique lue : huic mox deinde superstes
Morte sua extincti cumulavit funus amici ;
Mandavitque uno condi simul ossa sepulchro,
Ut neque mors illos seiungeret ultima rerum
.

O divinus amor, perituraque tempore nullo
Gratia, quantum animis possunt contendere amantes !
Sed fati vis maior erat. Sic omnia tandem
Tempore quæque suo in cineres mortalia verti,
Nec medicas artes prodesse authoribus ipsis
.

[Fort éloignés de leur pays natal, deux célèbres praticiens du même métier, mais de mœurs dissemblables et dans une cour royale en désaccord, ont pourtant passé (comme c’est admirable) leur vie à n’avoir entre eux ni querelles, ni jalousie, ni différends, sous le même toit et presque toujours à la même table, à la manière dont deux véritables frères ont coutume de vivre.

Tous deux grands, tous deux habiles médecins, au-dessus de tous les autres, maîtres en la tradition du savoir et du soin, ils tenaient à ce point le premier rang, qu’ils ont fait très souvent revenir le roi et la reine des portes de l’enfer à la vie, mais eux-mêmes n’ont pu se soustraire à la mort.

Tandis que tous deux n’ont jamais pris que peu de jours de repos, les voici qui gisent dans un seul et même tombeau. L’ignoble peste a tué le second ; bientôt après, le survivant a ajouté sa propre mort au deuil de l’ami défunt ; et il a prié que leurs os soient placés ensemble dans la même tombe pour que la mort jamais ne les sépare.

Ô divin amour, ô grâce immortelle, à quel point les esprits de ceux qui s’aiment peuvent tendre au même but ! Mais la force du destin était plus grande. Ainsi tout ce qui est mortel, quand vient son heure, se transforme en cendres, et les arts médicaux sont inutiles, même à ceux qui en sont les maîtres].

C’est l’un des six Tumuli [Tombeaux] qui se trouvent à la fin du dernier des Michaelis Hospitalii Galliarum cancelarii Epistolarum seu Sermonum libri sex [Six livres d’épîtres ou de Discours de Michel de L’Hospital, chancelier de France] (Paris, Mamert Patisson dans l’officine de Robert Estienne, 1585, in‑fo, page 380).

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 14 mars 1644, note 8.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0102&cln=8

(Consulté le 29/03/2024)

Licence Creative Commons