À Charles Spon, le 10 janvier 1650, note 8.
Note [8]

« et retournent chaque pierre ».

Omnem movere lapidem est un adage de l’Antiquité qu’Érasme a commenté (no 330) :

Xerxes, Græcos bello adortus, cum esset apud Salaminem superatus, ipse quidem inde se movit, verum Mardonium reliquit, qui suo nomine bellum prosequeretur. At, cum hic quoque in Plateis parum prospere pugnasset, fugatusque esset, fama vulgo invaluit, Mardonium intra ambitum tentorii sui thesaurum ingente humo defossum reliquisse. Hac spe pellectus Polycrates Thebanus, eum agrum commercatus est. Verum, ubi iam multum, diuque thesaurum quæsisset, neque quidquam proficeret, Delphicum oraculum consuluit, qua ratione posset eas pecunias invenire. Apollo respondit his verbis Παντα λιθον κινει, id est, Unum quenque move lamidem. Id simul atque fecisset, multam auri vim reperisse ferunt. Sunt, qui metaphoram sumtam existiment ab his, qui cancros venantur in littore. Nam hi plerumque sub saxis latitant, quæ movent, qui cancros quærunt. Effertur adagium, etiam ad hunc modum : παντα κινησω πετρον, id est, Omnem movebo petram, hoc est, omnia periclitabor.

[Xerxès {a} étant entré en guerre contre les Grecs, {b} fut battu à Salamine d’où lui-même se retira, mais en y laissant Mardonius pour continuer la guerre en son nom. Quand ce général eut perdu de nouveau la bataille à Platées {c} et dut fuir à son tour, le bruit se répandit dans le peuple que Mardonius avait laissé un immense trésor enterré dans l’enceinte de son camp. Alléché par cette aubaine, un Thébain nommé Polycrate acheta ce terrain. Après avoir longtemps cherché le trésor avec acharnement sans avoir rien trouvé, il consulta l’oracle de Delphes pour connaître le moyen de trouver cette fortune. Apollon {d} répondit par ces mots : Παντα λιθον κινει, “ Retourne chaque pierre ”. Et ce faisant, il a, dit-on, retrouvé une immense quantité d’or. D’autres croient que la métaphore vient de ceux qui chassent les crabes sur le rivage, car la plupart se cachent sous les rochers que retournent ceux qui les cherchent. L’adage s’emploie même sous cette forme : παντα κινησω πετρον, “ Je retournerai chaque pierre ”, pour dire “ Je risquerai le tout pour le tout ”].


  1. Roi de Perse au ve s. av. J.‑C. (v. note [102] du Faux Patiniana II‑7).

  2. Seconde guerre Médique.

  3. En Béotié, 479 av. J.‑C.

  4. V. note [8], lettre 997.

L’Encyclopédie :

« La composition de la thériaque a varié en divers temps, tant par le nombre et l’espèce de drogues que par rapport au modus conficiendi. {a} Les pharmaciens modernes se sont surtout appliqués à la reformer depuis que la chimie éclairant la pharmacie a découvert les vices énormes de cette composition, qui ne put qu’être barbare dans sa naissance, comme l’art qui la produisait ; mais et les soins que se sont donnés ces réformateurs pour rectifier cette composition, et les prétentions de ceux qui ont cru qu’il n’était point permis de toucher à une composition si précieuse, annoncent également un respect aveugle et superstitieux pour la célébrité, assurément très précaire, de ce remède qu’on peut justement appeler un monstre pharmaceutique. La meilleure réforme était donc assurément de chasser la thériaque des dispensaires et des boutiques ; car elle est certainement pire encore que le mithridate duquel Pline a écrit avec raison qu’il était manifestement dû à l’ostentation de l’art et à un monstrueux étalage de science : ostentatio artis, et portentosa scientiae, venditatio manifesta. »


  1. À la manière de la préparer.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 janvier 1650, note 8.

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(Consulté le 18/04/2024)

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