À André Falconet, le 1er novembre 1655, note 8.
Note [8]

Vers repris dans les Mémoires de la Ligue, [a} contenant les événements les plus remarquables depuis 1576, jusqu’à la paix accordée entre le roi de France et le roi d’Espagne, en 1598. Nouvelle édition… Tome second (Amsterdam, Arkstée et Merkus, 1758, in‑4o), année 1586, pages 194‑195 :

« Cette trêve {b} fut sans effet, par l’artifice de ceux de la Ligue qui ne redoutaient rien tant que la paix, et ne tâchaient que d’amuser le roi de Navarre, {c} pour le surprendre s’ils pouvaient. Tellement que la reine {d} s’en retourna sans rien faire. Joint qu’en ce même temps s’augmentèrent les défiances à la cour, et les diverses factions, chacun des chefs de la Ligue voulant, sous l’apparence du maintien de la religion romaine, bâtir les fondements de sa grandeur. Ce qui donna l’argument de quelques carmes {e} français, lesquels en peu de mots représentent l’horrible confusion où était réduit l’état de la pauvre France.

Les carmes sont tels :

                   Le roi.
Je désire la paix, et la guerre je jure. {f}
                   Guise. {g}
Mais si la paix se fait, notre espoir n’est plus rien.
                   Duc de Mayenne. {h}
Par la guerre nous croît le crédit et le bien. {i}
                   Card. de Guise. {j}
Le temps s’offre pour nous, avec la couverture.
                   Le roi de Navarre.
Qui comptera sans moi, pensant que je l’endure,
Il comptera deux fois, je m’en assure bien.
                   Le cardinal de Bourbon. {k}
Chacun peut bien compter cela qu’il prétend sien.
                   La reine mère. {d}
La dispute ne vaut, tandis que mon fils dure.
                   Le pape.
Néanmoins poursuivons la Ligue et ses projets.
                   L’empereur.
Le roi donc perdra la France et ses sujets.
                   Le roi d’Espagne.
Si la France se perd, je l’aurai tôt trouvée.
                   La France.
Tout beau, il ne faut pas tant de chiens pour un os.
Et ceux-là n’ont pas bien ma puissance éprouvée,
Qui, pour l’ambition, me troublent le repos. »


  1. V. note [20], lettre 15.

  2. L’édit, signé à Nemours le 7 juillet 1585 par le roi Henri iii, avait révoqué tous les précédents édits en faveur des protestants.

  3. Le calviniste Henri de Navarre devenu le roi Henri iv de France, après l’assassinat de Henri iii en 1589.

  4. Catherine de Médicis, mère de Henri iii.

  5. Pièces de vers.

  6. Je promets.

  7. Henri ier de Lorraine, dit le Balafré, meneur de la Ligue (v. note [1], lettre 463).

  8. Charles de Lorraine, général de la Ligue et frère du Balafré (v. note [6], lettre 445).

  9. Vers cité par Guy Patin avec variante du verbe (« vient » pour « croît ») ; il l’a repris dans deux lettres ultérieures, mais en le mettant sur les lèvres de « M. de Guise » (le Balafré) ; je ne l’ai pas trouvé imprimé dans un ouvrage paru au temps de Patin, mais il avait dû l’être sous forme de feuille volante, que lui-même ou un de ses amis avait lue.

  10. Charles de Lorraine, oncle des deux précédents et chef de la Maison de Guise (v. notule {g}, note [21] du Borboniana 5 manuscrit).

  11. Charles i de Bourbon, cardinal de Vendôme, conseiller du roi Henri iii et oncle du roi de Navarre (v. note [64] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 1er novembre 1655, note 8.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0423&cln=8

(Consulté le 26/04/2024)

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