À Charles Spon, le 24 décembre 1655, note 8.
Note [8]

« Il convient donc de purger au début de la pleurésie » : conclusion affirmative, initiale et imprimée de la thèse quodlibétaire sur la question An pleuritidis initio purgatio ?, que le bachelier Nicolas Morin avait disputée le 16 décembre 1655 sous la présidence de François Landrieu (v. note [15], lettre 426).

Un enjeu connexe, mais alors très âprement débattu, était de savoir comment purger, ce qui élargissait fatalement la discussion à l’antimoine. Le dernier article de cette thèse prônait, somme toute, une louable modération : {a}

In hac ergo pleuritide primis diebus nobis utendum purgantibus, non vehementioribus aut quæ vomitum cient, ne corpus validius exagitando, vel pectus nimium commovendo humorum impetum in pleuram convertamus, vel largum alvi profluvium desperatis ægri rebus excitemus. Ut venæ sectio e brachio, sursum revellit quæ in pleuram depluunt, sic et quæ ad eam ex primis viis feruntur, deorsum propellit purgatio. Hæc clementibus instituta purgantibus, ut Senna, Cassia, Rheo, et similibus non magna pectoris perturbatione alvi saburram abluit, quibus si commotum videatur, eadem die sanguinis missione poterit temperari. Hinc bechicorum usu pleuritidis materia citius coctionem subibit, facilius prodibit sputu : si tamen humor tenuis perseveret, dolor plurimum urgeat, diuturna infestet vigilia diacodium immo et opium tutius poterunt exhiberi.

[Dans les premiers jours de cette pleurésie, {b} nous devons recourir aux purgatifs, mais non pas aux plus puissants, ni à ceux qui provoquent le vomissement : {c} afin, en agitant trop vigoureusement le corps ou en secouant la potrine à l’excès, de ne pas dériver l’afflux des humeurs dans la plèvre, ni provoquer un copieux écoulement de matière fécale propre à désespérer le malade. Tandis que la phlébotomie au bras arrache vers le haut les matières qui pleuvent dans la plèvre et que les premières voies {d} portent vers elle, la purgation les propulse vers le bas. L’emploi de purgatifs doux, comme le séné, la casse, la rhubarbe et leurs semblables, lave la saburre {e} qui encombre le ventre sans grandement perturber la poitrine ; et si elle semble l’être, une saignée pratiquée le même jour pourra la modérer. Grâce à l’emploi des béchiques, {f} la matière de la pleurésie subira ensuite plus rapidement la coction {g} et sera plus aisément évacuée par l’expectoration ; {h} néanmoins s’il y subsiste une humeur ténue, et si la douleur est fort pressante et provoque de durables insomnies, on pourra prescrire en toute sûreté du diacodium et même de l’opium]. {i}


  1. De nature inflammatoire : v. note [10], lettre 40.

  2. Les antistibiaux redoutaient néanmoins le pire car le doyen (v. infra note [9]), le président et quatre des huit membres du jury (Domini Doctores Disputaturi) avaient signé l’animoine en 1652 (v. note [3], lettre 333).

  3. L’antimoine émétique (sans le nommer).

  4. Les voies digestives : « on dit que le mal est dans les premières voies quand il est causé par des indigestions, et par des obstructions dans les premiers vaisseaux ou couloirs qui reçoivent les sucs alimenteux, avant qu’ils soient changés en sang : ce qui demande des purgations et des vomitifs, ou de l’émétique, plutôt que des saignées » (Trévoux).

    Typiques de l’époque, ce raisonnement et ce vocabulaire n’ont plus cours en médecine moderne.

  5. V. note [1], lettre latine 149.

  6. V. note [7], lettre 121.

  7. Sera plus rapidement digérée.

  8. Les crachats.

  9. Extrait de pavot (diacodium, v. note [9], lettre 571) et opium soulagent la douleur et diminuent la toux (ce qui ne favorise pas l’expectoration).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 décembre 1655, note 8.

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(Consulté le 28/03/2024)

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