À Charles Spon, le 18 janvier 1658, note 8.
Note [8]

Charles i Drelincourt, théologien protestant français (Sedan 1595-Paris 1669), a joui d’une immense réputation pendant sa vie. Reçu ministre en 1618, après avoir achevé ses études à Saumur, Drelincourt avait débuté dans la carrière ecclésiastique en desservant l’Église de Langres où il ne put rester à cause de la malveillance du gouvernement. En 1620, le Consistoire de Paris l’avait appelé comme pasteur de Charenton (v. note [18], lettre 146) où il s’acquit rapidement, par ses brillantes prédications, une réputation sans égale. Il a laissé un nombre considérable d’ouvrages de théologie, de piété et de polémique religieuse (G.D.U. xixe s.).

Bayle :

« On ne saurait dignement représenter les services qu’il a rendus à l’Église par la fécondité de sa plume, soit que l’on regarde ses livres de dévotion, soit que l’on regarde ses livres de controverse. Il y a tant d’onction dans les premiers, l’esprit et les expressions de l’Écriture y règnent de telle sorte que les bonnes âmes y ont trouvé et y trouvent encore tous les jours une pâture merveilleuse. Ce qu’il a écrit contre l’Église romaine a fortifié les protestants plus qu’on ne saurait dire car, avec les armes qu’il leur a fournies, ceux mêmes qui n’avaient aucune étude tenaient tête aux moines et aux curés, et prêtaient hardiment le collet {a} aux missionnaires. »


  1. Tenaient hardiment tête.

Sans nous éclairer sur le moine dévoyé dénommé Boquet, Raoul Allier a parlé de la prétendue adhésion de Drelincourt à la religion romaine (La Cabale des dévots, pages 261‑262) :

« En 1656, on trouva que ces industriels de l’apostolat {a} manquaient parfois de sagesse. Charles Drelincourt avait aidé à cette découverte. Il leur avait souvent répondu en public, et ses répliques n’avaient pas été de leur goût ; ce qui ne les avait pas empêchés d’imprimer des récits de sa conversion et de les faire vendre par des crieurs dans les rues de Paris et à la porte même de Charenton. Pour édifier le public sur la réalité de sa conversion et pour armer le peuple protestant contre le verbiage truculent de ces clabaudeurs forcenés, il avait commencé de publier, en 1654, contre les docteurs au rabais de la nouvelle apologétique, une série de dialogues courts, familiers, incisifs, accommodés à la portée des moindres esprits. {b} Le succès en fut très vif. On prétendit même qu’à la Sorbonne plus d’un ne fut pas attristé de l’accident qui arrivait à des concurrents de bas étage. Quoi qu’il en soit, la Compagnie s’émut. Elle chargea un de ses membres, qui était le grand vicaire, de donner aux “ missionnaires ” une “conduite plus réglée ”. Le grand vicaire nomma, pour les diriger, une sorte de comité de surveillance qu’il composa, d’ailleurs, de confrères ecclésiastiques. »


  1. Les ecclésiastiques dont la Compagnie du Saint-Sacrement (v. note [7], lettre 640) faisait les missionnaires de la mise en œuvre de la Contre-Réformation.

  2. « Il débuta par son Avertissement sur les disputes et les procédés des missionnaires » (note de Raoul Allier).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 janvier 1658, note 8.

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(Consulté le 19/04/2024)

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