À André Falconet, le 7 octobre 1659, note 8.
Note [8]

Deux premiers vers d’une autre virulent épigramme des Fratres fraterrimi de George Buchanan (v. supra note [6]), ibid. pages 297‑298, contre l’iconolâtrie catholique :

Imago ad peregre venientes religionis ergo.

Fare age qui terras lustras vagus hospes et undas,
Quid petis hinc ? longæ quæ tibi causa viæ ?
Non Deus hic quisquam, nec imagine numen in ista est,
Nos Lapis, et tantum putria ligna sumus :
Vermibus esca, cibus tineis, domus hospita blattis,
Opprobrium cœli, ludibriumque soli.
Non capiunt humiles numen cœleste penates,
Structa nec humana saxea tecta manu.
Quem mare, quem tellus, quem non capit igneus æther,
Clauditur in nullo spiritus ille loco.
Ut Christum invenias, animi secreta revolve,
Aut lege fatidici quæ cecinere patres :
Aut quæ dives habet passim circumspice mundus,
Hæc vera est ædes, hoc penetrale Dei.
At quisquis picto gaudet dare basia trunco,
Crassaque pulvereo lingere saxa croco,
Dignus morte perit, qui mortua vivus adorat,
Et vitæ in fragili spem sibi ponit humo.
Si te picta iuvant, cariem ne perline trunci,
Sed vera mentem simplicitate tuam.
Hac ratione domi poteris reperire, quod omnes
Erro vagus terras, sic peragrando, fugis
.

[Parabole contre ceux qui viennent de l’étranger, au nom de la religion.

Eh bien, parle, donc voyageur vagabond ! Pourquoi viens-tu ici chercher des terres et des eaux pures ? Quelle a été la raison de ta longue route ? Il n’y a deçà nul dieu, nul pouvoir attaché à cette icône : ce ne sont que pierre et bois pourris, pour nous qui ne sommes que pâture vouée à la vermine, festin pour les vers, demeure accueillante pour les blattes, honte du ciel, risée de la terre. Nos humbles toits n’abritent pas un dieu céleste, les hommes ne lui construisent pas de temples de pierre. Un esprit que ni la mer, ni la terre, ni l’air embrasé ne savent contenir, ne peut être en aucun lieu. Pour trouver le Christ, remets-t’en au secret de ton âme, ou lis ce qu’ont écrit les prophètes, ou regarde tout autour de toi les richesses que recèle le monde ; c’est là qu’est la véritable demeure de Dieu et là qu’est son secret. Mais quiconque se réjouit d’embrasser une statue peinte et de lécher les pierres encrassées de poudre jaune est digne de mourir ; comme celui qui, vivant, adore les choses mortes et qui fonde l’espoir de sa vie sur une terre meuble. Si tu aimes tant les choses peintes, ne va pas barbouiller des bouts de bois pourris, mais barbouille-toi l’esprit de véritable simplicité. Tu ne pourras te retrouver à la maison que si, continuant à vagabonder de par le monde, tu t’enfuis d’ici].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 7 octobre 1659, note 8.

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(Consulté le 28/03/2024)

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