À Hugues II de Salins, le 15 avril 1660, note 8.
Note [8]

« Lisez Fernel, au livre v de sa Pathologie » : commentaire ajouté dans la marge.

Ce livre traite Des maladies et symptômes de chaque partie. {a} Son chapitre x, Les maladies et symptômes des poumons ; leurs causes et leurs signes et contient cette interprétation humorale de la gêne respiratoire à laquelle nous donnons toujours le nom d’asthme, et qui témoigne une fois de plus de l’admirable talent de Jean Fernel à décrire les symptômes des maladies : {b}

« Or pour savoir si l’humeur qui découle {c} est chaude ou froide, il le faut apprendre de l’acrimonie, de la soif, et des choses que nous avons remarquées touchant les signes de défluxion. {d} Au reste, quand l’humeur qui occupe le poumon et son artère {e} est grossière et visqueuse, elle excite une toux sèche, fort véhémente, par laquelle à peine crache-t-on quelque chose : la respiration en est incommodée et en respirant, il se fait un certain ronflement ou sifflement, {f} à ceux que cette humeur s’attache opiniâtrement aux lobes des poumons, et resserre les conduits par où passe le vent ; {g} et avant cela, il a paru des marques de défluxion, ou du cerveau, ou des parties voisines. Cette humeur n’ayant pas été entièrement évacuée par le crachat, le reste demeurant attaché aux lobes ou aux cavitéss de poumons où il s’est enfoncé, de sorte qu’il n’en a pu être tiré hors, s’épaissit et dessèche de plus en plus par le laps du temps, {h} jusqu’à ce que, par la force de la chaleur, il se change en pituite vitrée, ou en plâtreuse même. {i} Et quand après plusieurs défluxions réitérées, il est resté de chacune quelque chose de cette pituite grossière et plâtreuse, il se fait enfin un vrai asthme, de la grande abondance qui s’en amasse dans les trous et cavernes des poumons, à quoi sont d’ordinaire sujets ceux qui sont souvent attaqués de défluxions et de toux, et principalement les personnes fort âgées, et celles qui ont les poumons étroits. » {j}


  1. V. note [1], lettre 36.

  2. Édition française de Paris, 1655, page 367‑368 ; traduction fidèle mais un peu abrégée de l’original latin, dans l’Universa Medicina (Lyon, 1586) pages 169‑170.

  3. Sur les poumons.

  4. V. supra note [6].

  5. La trachée-artère qui réunit les bronches venant des deux poumons.

  6. Râles sibilants (sifflants), caractéristiques de l’asthme.

  7. Spasme bronchique qui cause l’asthme.

  8. Au fil du temps.

  9. Cette « pituite » dense et visqueuse est réelle dans l’asthme, source des « crachats perlés » que René Laennec a décrits au xixe s., et auxquels on a depuis attaché son nom. Inconstants, difficiles à expectorer et de faible abondance, ils marquent ordinairement la fin de la crise.

  10. L’asthme sévit à tous âges. Fernel a étonnamment omis de remarquer qu’il s’agit d’une gêne à l’expiration de l’air par les poumons.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 15 avril 1660, note 8.

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(Consulté le 25/04/2024)

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