À André Falconet, le 10 septembre 1660, note 8.
Note [8]

Henriette-Anne d’Angleterre (Exeter 1644-Saint-Cloud 30 juin 1670), future duchesse d’Orléans (Madame) par son mariage (30 mars 1661) avec Philippe ier duc d’Orléans (ci-devant duc d’Anjou), frère cadet de Louis xiv, était la fille de Charles ier Stuart et de Henriette-Marie de France, fille de Henri iv. Peu de jours après sa naissance, au milieu des orages de la guerre civile, sa mère, fuyant les armées du Parlement, avait amené Henriette-Anne en France et l’avait fait élever au couvent de Chaillot (v. note [1], lettre 1000).

Anne d’Autriche avait eu un moment le dessein de la marier à Louis xiv, son cousin germain, mais le jeune roi ne montra pour elle qu’un dédain mal dissimulé. La restauration des Stuarts dans la personne de Charles ii, frère aîné de Henriette-Anne, fit rechercher son alliance par la famille royale de France, ce qui mena à cette union princière. Elle ne fut pas heureuse : Philippe ne cachait pas son indifférence pour sa jeune femme, qui, de son côté, se montra fort sensible aux succès que lui valaient à la cour les grâces de sa personne et de son esprit, et en paraissant répondre à la passion subite que Louis xiv ressentit pour elle. Cependant, le roi fut bientôt distrait par son attachement pour Mlle de La Vallière (v. note [12], lettre 735) et Madame se jeta avec la même légèreté dans une nouvelle intrigue avec le comte de Guiche (romancée à souhait par Alexandre Dumas dans son Vicomte de Bragelone). Que Madame fût coupable ou non, il en résulta de petits scandales dont Monsieur se montra fort blessé, jusqu’à s’échapper en mots désobligeants et d’une extrême dureté.

En 1670, Louis xiv voulant détacher l’Angleterre de l’alliance hollandaise, chargea la princesse, sa belle-sœur, de cette négociation. Henriette-Anne sut amener son frère Charles ii à la conclusion du traité de Douvres. Peu après son retour, elle mourut en quelques heures après avoir bu un verre d’eau de chicorée, emportant chez certains la conviction qu’elle avait été empoisonnée. Dans l’oraison funèbre qu’il fit de la princesse, Jacques-Bénigne Bossuet a, pour l’éternité, caractérisé la rapidité foudroyante de cette catastrophe : « Madame se meurt, Madame est morte ! » (G.D.U. xixe s.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 10 septembre 1660, note 8.

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(Consulté le 24/04/2024)

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