À André Falconet, le 7 septembre 1671, note 8.
Note [8]

Simon Arnauld d’Andilly, sieur de Pomponne (v. note [3], lettre 725), qui succédait à Hugues de Lionne dans la charge de secrétaire d’État aux Affaires étrangères, fut disgracié en 1679, mais rappelé au Conseil après la mort de Louvois (1691).

Saint-Simon (Mémoires, tome i, pages 653‑654) :

« M. d’Andilly, {a} par ses emplois, et par l’amitié dont la reine mère {b} l’honorait avant et même depuis sa retraite à Port-Royal-des-Champs, malgré les tempêtes du jansénisme, fit employer son fils {c} dès sa première jeunesse en plusieurs affaires importantes en Italie, où il fit des traités et conclut des ligues avec plusieurs princes. Son père, extrêmement aimé et estimé, lui donna beaucoup de protecteurs, dont M. de Turenne fut un des principaux. Pomponne passa par l’intendance des armées à Naples et en Catalogne, et partout avec tant de sagesse, de modération et de succès que sa capacité, soutenue des amis de son père et de ceux que lui-même s’était procurés, le fit choisir en 1665 pour l’ambassade de Suède. Il y demeura trois ans et passa après à celle de Hollande. Il réussit si bien en toutes deux qu’il fut renvoyé en Suède où, combattu par tout l’art de la Maison d’Autriche, il vint à bout de conclure cette fameuse Ligue du Nord, si utile à la France, en 1671. {d} Le roi en fut si content qu’ayant perdu peu de mois après M. de Lionne, ministre et secrétaire d’État des Affaires étrangères, il ne crut pouvoir mieux remplacer un si grand ministre que par Pomponne. Toutefois, il en garda le secret et ne le manda qu’à lui par un billet de sa main, avec ordre d’achever en Suède le plus tôt qu’il pourrait ce qui demandait nécessairement à l’être de la même main, et de revenir incontinent après. Il arriva au bout de deux mois dans la même année 1671 et fut déclaré aussitôt. Son père, retiré dès 1644, eut la joie de voir son fils arrivé par son mérite dans une place si importante, et mourut trois ans après, à 85 ans. Pomponne parut encore plus digne de cette charge par la manière dont il l’exerça, qu’avant d’en avoir été revêtu. […]

Poli, obligeant, et jamais ministre qu’en traitant, il se fit adorer à la cour où il mena une vie égale, unie, et toujours éloignée du luxe et de l’épargne, et ne connaissant de délassement de son grand travail qu’avec sa famille, ses amis et ses livres. La douceur et le sel de son commerce étaient charmants, et ses conversations, sans qu’il le voulût, infiniment instructives. Tout se faisait chez lui et par lui avec ordre, et rien ne demeurait en arrière, sans jamais altérer sa tranquillité. Ces qualités étaient en trop grand contraste avec celles de Colbert et de Louvois pour en pouvoir être souffertes avec patience. »


  1. Robert Arnauld d’Andilly, né en 1589, v. note [4], lettre 845.

  2. Anne d’Autriche.

  3. Pomponne.

  4. Traité d’alliance entre la France et la Suède, conclu à Stockholm le 14 avril 1672, aidant la France à engager la guerre de Hollande.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 7 septembre 1671, note 8.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1006&cln=8

(Consulté le 18/04/2024)

Licence Creative Commons