Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 82.
Note [82]

Vinaria angina [L’angine de vin] est l’adage no 3702 d’Érasme :

At Festus Pompeius indicat joco jactatum in eos qui vino præfocantur, laborare vinaria angina, quam οιναγχην possis dicere. Ipse novi Romæ quemdam haud vulgariter eruditum qui hac angina serio periit. Hermicus appellabatur natione Lusitanus. Correptus erat febricula vir corpore supra modum obeso et ob id spirituosus. Decumbentem invisit Christophorus Fischerus, patria Anglus. Vin tu inquit Hermice, auscultare medicis meras nugas præscribentibus ? Bono vino rectius proluetur hoc malum simulque jussit adferri vinum Corsicum quadrimum. Propinavit ægroto, jubens bono esse animo. Ille persuasus hausit affatim ac mox intercluso spiritu cœpit animam agere. Quosdam ebrietas e taciturnis reddit loquacissimos, quosdam contra tam mutos quam ullus est piscis, citra valetudinis periculum. Utinam hæc οιναγχη minus frequens esset apud Germanos !

[Selon Festus Pompeius, {a} pour se moquer de ceux que le vin étouffait, on prétendait qu’ils souffraient de l’« angine de vin », que tu pourrais appeler oïnankhê en grec. {b} J’ai moi-même connu à Rome un homme d’érudition peu commune qui mourut bel et bien de cette angine, c’était un Portugais nommé Hermicus, {c} dont le corps était surchargé d’humeurs, car fort obèse. Comme il était alité avec une petite fièvre, l’Anglais Christophorus Fischerus {d} lui rendit visite et lui dit : « Mon cher Hermicus, vas-tu donc te fier aux pures fariboles que les médecins te prescrivent ? Du bon vin dissipera bien mieux ton mal », en même temps qu’il ordonnait de lui apporter un vin corse de quatre ans d’âge. Il trinqua à la bonne santé du malade et le persuada d’en boire en telle quantité qu’il en eut le souffle coupé et entreprit sur l’heure de rendre l’âme. Il en est certains que, de taciturnes, l’ébriété rend bavards, et d’autres, au contraire, qu’elle rend aussi muets qu’une carpe, mais sans mettre leur santé en péril. Puissent les Allemands être moins coutumiers de cette oïnankhê !]


  1. V. note [12], lettre 460.

  2. Mot inventé par Érasme, par contraction de οινος (oïnos, « vin ») et de συναγχη (sunankhé, « angine », v. note [4], lettre 490).

  3. L’humaniste Henrique Caiado (Hermicus Cajadus, Lisbonne vers 1470-Rome 1509).

  4. Christopher Fischer était protonotaire apostolique : le troisième tome (première partie) des Opera omnia [Œuvres complètes] d’Érasme (Leyde, Peter Vander Aa, 1703, in‑fo) contient une lettre qu’il a adressée à Fischerus (de Paris en 1505, lettre ciii, colonnes 96‑99).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 82.

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(Consulté le 16/04/2024)

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