À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 9.
Note [9]

Anne-Geneviève de Bourbon-Condé (1619-1679), duchesse de Longueville depuis 1642, était la fille aînée de Henri ii de Bourbon, troisième prince de Condé (v. note [8], lettre 23), et de Charlotte de Montmorency. Elle était née dans le donjon de Vincennes où son père était prisonnier. Dotée d’une grande beauté et d’un bel esprit, elle a tenu, avec ses deux frères, Louis, le Grand Condé, et Armand, prince de Conti, une place de premier rang dans l’époque de Guy Patin.

La princesse avait été élevée au couvent des carmélites de la rue Saint-Jacques et manifestait même quelques velléités pour le voile ; mais son père avait su la soustraire à l’influence des religieuses et l’avait forcée à paraître malgré elle à un grand bal royal du Louvre (1635). Elle avait été sur le point d’épouser d’abord le prince de Joinville, l’héritier des Guises, mais il mourut en Italie (1639). Un second projet de mariage avait été concerté avec le duc de Beaufort, mais n’eut pas de suite. Enfin, en 1642, à 23 ans, Anne-Geneviève avait épousé le duc de Longueville, déjà veuf et qui en avait 47. Rien ne rachetait cette disproportion d’âge chez le duc qui continuait d’entretenir des relations absolument publiques avec la duchesse de Montbazon. Fort indifférente pour un pareil mari, Mme de Longueville vécut avec la liberté d’une veuve.

Un scandale avait éclaté en 1643 : Mme de Montbazon, pour compromettre Anne-Geneviève, avait fait circuler des lettres qui lui donnaient pour amant le duc de Coligny ; la fausseté de ces lettres avait été reconnue et l’affaire, tout en déshonorant la maîtresse du duc de Longueville, n’avait guère augmenté la considération de sa femme (v. note [14], lettre 93) ; il en était résulté un duel où le duc de Guise avait tué Coligny (v. note [20], lettre 98).

Le 28 janvier 1649, Mme de Longueville allait accoucher, à l’Hôtel de Ville même, d’un fils qu’on appela Charles Paris (v. infra note [68]). On considérait le prince de Marcillac (La Rochefoucauld, v. note [7], lettre 219) comme son père. Le 29, il fut tenu sur les fonts baptismaux par le prévôt des marchands, accompagné des échevins (v. infra note [68]).

La suite des lettres de Guy Patin a mis en scène toutes les aventures auxquelles la duchesse se trouva mêlée en tant que « sœur des princes ». Fort affectée par la mort de Charles Paris au passage du Rhin, le 12 juin 1672, elle finit par se retirer du monde pour partager sa dévotion entre le couvent des carmélites et l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, parmi ses amis les jansénistes qu’elle soutint avec fidélité jusqu’à sa mort (G.D.U. xixe s.). Son cœur repose dans l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas, à Paris, dont elle fut bienfaitrice.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 9.

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(Consulté le 19/04/2024)

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