À Charles Spon, le 17 septembre 1649, note 9.
Note [9]

« On dit cependant que Condé se récrie encore ».

Journal de la Fronde (volume i, fos 93 ro, 96 vo et 97 ro) :

« Le même jour {a} M. Le Tellier fut de la part de M. le cardinal chez M. le Prince, auquel il dit que Son Éminence le priait de vouloir donner son consentement pour le mariage du duc de Mercœur avec sa nièce ; {b} à quoi M. le Prince répondit qu’il s’étonnait fort de voir que M. le cardinal songeât encore à cette affaire qui ne lui apportait aucun avantage, qu’il ne devait espérer aucun appui du duc de Vendôme, que le duc de Mercœur n’avait jamais fait aucune action qui l’eût rendu recommandable, qu’il ne devait jamais espérer l’amitié du duc de Beaufort ; et qu’ainsi il n’avait garde de consentir à une chose qui ne pouvait être avantageuse à Son Éminence. Mais nonobstant cela, l’on ne laissa pas de conclure hier au soir ce mariage, lequel se doit faire dimanche prochain, {c} bien qu’il ne fût approuvé ni de M. le Prince ni de M. de Beaufort. […]

Les articles du mariage du duc de Mercœur avec la nièce de M. le cardinal furent conclus et arrêtés dès la semaine passée, {d} mais le contrat n’est pas encore signé parce que l’on attend le consentement de Mme de Vendôme {e} qui est aux bains de Bourbon, à laquelle on envoya le 11 un courrier pour avoir procuration. Cependant toutes les étoffes pour les habits de la nouvelle épouse furent achetées dès le 13 avec les autres choses nécessaires et l’on résolut que les fiançailles s’en feraient dimanche prochain {f} au matin, et que le soir M. le cardinal donnerait un souper magnifique à toute la cour, en suite duquel il y aurait comédie et bal qui durerait jusqu’après minuit afin qu’on pût après dire la messe et faire les épousailles. Mais l’accident qui arriva le lendemain y pourra mettre empêchement : c’est que M. le Prince étant au Palais-Royal, M. le cardinal lui parla de ce mariage et le pria d’en vouloir signer le contrat ; à quoi Son Altesse répondit qu’elle n’était point parente et que son seing y était inutile ; et en même temps, dit qu’elle avait ses demandes à faire, dont la première fut le gouvernement du Pont-de-l’Arche {g} pour le duc de Longueville, son beau-frère, suivant la parole qu’on lui en donna lorsqu’on fit la paix à Saint-Germain avec les députés du parlement de Rouen ; à quoi M. le cardinal ayant répondu que cela ne se pouvait accorder, et [parce] qu’il avait été arrêté de le lui promettre et ensuite faire naître des oppositions pour trouver prétexte de ne la lui pas tenir, Son Altesse se mit en colère contre M. le cardinal, et lui repartit en pestant contre lui qu’elle ne le verrait point en particulier et ne le saluerait jamais lorsqu’elle le rencontrerait au Palais-Royal ou ailleurs, et se retira là-dessus. […]

Le lendemain au matin, la reine et M. le cardinal envoyèrent M. Le Tellier au palais d’Orléans pour prier M. l’abbé de La Rivière de faire en sorte que S.A.R {h} accommodât cette affaire. M. de La Rivière descendit en même temps de son appartement et éveilla S.A.R. qui dormait encore ; en sorte qu’après une conférence particulière de demi-heure, M. Le Tellier en sortit et s’en alla droit chez M. le Prince qui se rendit peu après avec M. le prince de Conti, son frère, au palais d’Orléans où ils s’enfermèrent deux heures dans le cabinet de S.A.R., avec elle et M. de La Rivière. L’on ne sait ce qui se passa, mais on dit que M. le Prince se mit sous la protection de Sadite Altesse, et l’on remarqua qu’il en sortit avec un visage fort résolu. L’on sut après que l’affaire n’était nullement accommodée et que M. le duc d’Orléans l’avait si bien reçu qu’il témoigna lui-même en être très satisfait. Hier au matin on remarqua encore que M. le Prince fut visité d’un prodigieux nombre de personnes qui lui offrirent leurs services et le soir, on travailla fort au Palais-Royal pour accommoder cette affaire, mais inutilement. L’accommodement de M. le Prince avec M. le cardinal a été fait ce matin {i} dans le cabinet de la reine. L’on n’en sait pas encore d’autres conditions, sinon qu’on a accordé au premier le gouvernement du Pont-de-l’Arche pour le duc de Longueville, et le duc de Vendôme n’aura point l’Amirauté, non plus que le duc de Mercœur. Elle demeurera entre les mains de la reine. On a accordé à M. le Prince tout ce qu’il a demandé et ce mariage se fera dimanche prochain. » {f}


  1. 7 septembre 1649.

  2. Laure Mancini, v. note [35], lettre 176.

  3. 12 septembre.

  4. Passage écrit le 14 septembre.

  5. V. note [36], lettre 176.

  6. Le 19 septembre.

  7. Place forte de l’Eure, près des Andelys (v.  note [60] du Faux Patiniana II‑4).

  8. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  9. Du 17 septembre.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 septembre 1649, note 9.

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(Consulté le 19/04/2024)

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