À Charles Spon, le 1er mars 1650, note 9.
Note [9]

Journal de la Fronde (volume i, fo 170 vo, février 1650) :

« La cour a eu grand peine à obliger M. de Richelieu à venir à Rouen trouver Leurs Majestés. L’abbé son frère était allé et venu deux ou trois fois de Rouen au Havre inutilement, pour le persuader d’obéir à la lettre de cachet qu’il lui avait apportée, par laquelle Sa Majesté lui ordonnait de venir en tel état {a} qu’il fût, à peine d’être déclaré criminel de lèse-majesté ; mais enfin M. le cardinal, après s’être rendu caution auprès de la reine de la fidélité de ce duc, afin que cependant l’autorité du roi fût mise à couvert, lui envoya l’abbé Euzenat qui était autrefois intendant de la Maison de Mme d’Aiguillon {b} et qui l’est à présent de celle de Son Éminence. Cet abbé étant arrivé au Havre et voyant qu’il n’y avait pas moyen d’obliger ce duc à venir à la cour, à moins d’y faire consentir sa femme {c} qui l’en empêchait, prévoyant la rupture de son mariage, lui donna parole de la part de la reine et de M. le cardinal que son mariage serait confirmé et qu’elle aurait le tabouret au cercle de Sa Majesté ; après quoi ce duc partit du Havre avec l’abbé Euzenat et arriva le soir du 13 à Rouen où il salua Leurs Majestés le lendemain au matin. Cependant sa femme demeura dans Le Havre afin de tirer assurance de la parole qu’on lui avait donnée de la confirmation de son mariage avant que sortir de là. L’arrivée de ce duc réjouissait toute la cour, laquelle n’était plus retenue à Rouen que par l’importance de cette affaire. Le 15, l’abbé de Richelieu retourna au Havre avec des ordres fort précis de la reine et même du duc de Richelieu à Madame sa femme de venir, à quoi elle se vit obligée d’obéir et arriva à Rouen le 16 à huit heures du soir. À même temps, elle fut présentée à la reine par la comtesse de Brienne et l’on remarqua que, faisant son compliment, elle dit qu’elle était venue assurer Sa Majesté de sa fidélité et affection à son service, dont M. et Mme de Brienne seraient ses cautions. Sa Majesté la reçut fort bien et lui dit qu’elle avait toujours fait grande estime d’elle ; mais afin de n’être pas obligée de lui donner le tabouret comme on lui avait promis, la reine lui parla debout tant qu’elle fut dans sa chambre ; et quoique l’on lui ait fait espérer la confirmation de son mariage, néanmoins on croit qu’il sera rompu. Quant au gouvernement du Havre, l’on a promis à Mme d’Aiguillon de le lui conserver et cependant, on y laisse le lieutenant qu’elle avait, nommé Sainte-More. »


  1. De santé.

  2. Tante du duc de Richelieu.

  3. Anne de Pons, v. note [12], lettre 214.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er mars 1650, note 9.

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(Consulté le 24/04/2024)

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