À Charles Spon, le 24 mai 1650, note 9.
Note [9]

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 259, vendredi 13  mai 1650) :

« Louis-Henri de Gondrin, archevêque de Sens, de la Maison de Gondrin-Montespan, actionne {a} et interdit les jésuites pour avoir, à ce qu’on dit, confessé et communié des paroissiens des églises de Sens en leur église, contre les canons et règlements. Item, {b} voulant convoquer un synode de sa province, y a fait appeler l’évêque de Paris {c} avec les autres qui ont été faits suffragants de lui lorsqu’il fut érigé en archevêché l’an 1623, à savoir Meaux, Chartres, Orléans.

Le même archevêque de Sens renouvelle ses prétentions sur l’archevêché de Paris comme simple évêché ; à raison de quoi, sur requête de M. de Paris, {c} il y a arrêt du Parlement, le 14 mai, signifié à l’hôtel de Sens ce même jour. »


  1. Poursuit en justice.

  2. De plus.

  3. Sic pour archevêque de Paris, titre que portait Jean-François de Gondi (v. note [11], lettre 19).

Journal de la Fronde (volume i, fo 218 ro, 20 mai 1650) :

« M. l’archevêque de Sens ayant à convoquer son assemblée provinciale pour députer à la générale, qui commencera le 25 de ce mois, envoya ces jours passés un mandement aux évêques de Paris, Meaux, Chartres et Orléans de se trouver le 17 en son hôtel de Sens pour assister en ladite assemblée provinciale et y faire la députation, prétendant avoir la juridiction sur eux et que ces quatre diocèses n’ont pu être démembrés du sien ; mais ceux-ci n’ont eu garde de s’y trouver et tinrent le 16 l’assemblée provinciale de l’archevêché de Paris. M. le coadjuteur, en l’absence de Monsieur son oncle, prétendant que M. de Sens n’a pu faire cette convocation, a présenté requête au Parlement sur laquelle il a obtenu arrêt portant défense à M. de Sens de tenir son assemblée provinciale dans l’hôtel de Sens à Paris et lui a fait signifier un autre arrêt qu’il obtint contre lui il y a quatre ans sur ce que M. de Sens, dans la harangue qu’il fit au Parlement après la messe de la Saint-Martin, dit qu’il l’avait célébrée comme Paris étant dépendant de son archevêché ; sur quoi M. le coadjuteur de Paris obtient arrêt sur défaut au Parlement avec condamnation de dépens, lesquels il a fait taxer et payer depuis quelques jours à cet archevêque ; lequel, nonobstant tout cela, n’a pas laissé d’envoyer une seconde fois à M. l’archevêque de Paris, qu’il ne qualifie que d’évêque, et les évêques de Meaux, Chartres et Orléans, en vertu d’un récrit qu’il a obtenu du pape. »

Tout se termina bien (Dubuisson-Aubenay, tome i, pages 289‑290, juillet 1650) :

« Dimanche 10, l’archevêque de Sens, pour le sujet de sa réconciliation avec M. le coadjuteur de Paris, lui donna à dîner et à douze évêques et deux archevêques, présidents en l’Assemblée du Clergé, MM. de Reims et d’Embrun. Ils étaient seize en tout, en table carrée, servie de quatre grands potages, une bisque en bassin au milieu et quatre assiettes creuses entre les quatre plats, pleines de quatre menestres ou petits potages ; au deuxième service, cinq plats de bouilli avec quatre assiettes d’entrée ; au troisième, cinq plats de rôti, douze faisandeaux, autant de dindons et poulets, et huit lapereaux, pour plats, avec quatre assiettes de douze cailleteaux, perdreaux et pigeonneaux ramereaux ; {a} à l’entremets, autant de plats et assiettes de ragoûts et nouveautés ; et aux fruits, tout de même, fruits crus et confits ou en compote. »


  1. Jeunes pigeons ramiers.

Henri-Louis de Pardaillan de Gondrin (château de Gondrin, Gers 1620-abbaye de Chaumes 1674) avait été nommé en 1646 archevêque de Sens, à la mort de son oncle Octave de Bellegarde.

Gallia Christiana (traduit du latin) :

« Il entretint quantité de controverses avec les ordres religieux de son diocèse, principalement les jésuites et les capucins, parce qu’il exigeait d’eux un examen avant d’être autorisés à recevoir la confession {a} et à prêcher l’Évangile. En janvier 1653 il publia divers mandements contre les “ frères ermites de Saint-François, dits capucins ” ; et qui plus est, les 2 et 9 mars 1653, il lança une sentence d’excommunication contre tous les fidèles de son diocèse qui confesseraient leurs péchés aux mêmes capucins. Le 28 janvier de la même année, il avait frappé de la même foudre ceux qui iraient se confesser aux jésuites. »


  1. V. notule {c}, note [54] du Borboniana 5 manuscrit.

Homme de cour, Gondrin entretint de multiples relations galantes, mais fut un fidèle allié du cardinal de Retz, avec une sympathie marquée pour la cause de Port-Royal. Les jésuites le haïssaient comme le montre ce portrait laissé par le P. René Rapin (v. note [8], lettre 825) (in Dictionnaire de Port-Royal, pages 470‑471) :

« Ce fut un des hommes les plus extraordinaires de ce siècle : outre sa vanité naturelle, qui était extrême, il régnait dans tout son caractère un air gascon qu’il avait pris en son pays et dont le commerce de la cour, qui rend les gens sages et honnêtes, n’avait pu le défaire, car il ne faisait rien que par ostentation et pour faire du bruit. Il y avait de l’excès dans ses vertus aussi bien que dans ses vices ; et quoiqu’il fût dans la conduite ordinaire de sa vie fier et rampant, vain et modeste, ce n’était que par orgueil qu’il était humble »

La jeunesse de Louis-Henri de Pardaillan avait été si licencieuse que lorsqu’il se montra dans son diocèse d’une extrême sévérité en matière de mœurs, on put dire de lui, malicieusement, qu’il « faisait pleurer ses péchés aux autres » (Bertière a).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 mai 1650, note 9.

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(Consulté le 29/03/2024)

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