À Charles Spon, le 10 mai 1652, note 9.
Note [9]

Les deux lettres de cachet du roi interdisant les assemblées de la Ville et des cours souveraines semèrent toutefois un certain doute.

Journal de la Fronde (volume ii, fos 66 ro‑67 ro, avril 1652) :

« Toutes deux obligèrent S.A.R. {a} d’aller le 20, avec M. le Prince, au Parlement où elle entra sans attendre aucune cérémonie ; et les chambres étant assemblées, elle remontra qu’il ne fallait point qu’on s’amusât à ces lettres de cachet ; et l’on résolut d’abord de mander le prévôt des marchands. Étant arrivé, on lui demanda s’il n’avait point de lettre de cachet pour traverser {b} l’assemblée de Ville. Il répondit qu’il y en avait une qui défendait de la tenir. S.A.R. lui dit qu’il y en avait deux, mais il ne voulut pas avouer la seconde parce que les termes en étaient trop injurieux et auraient pu produire quelque mauvais effet. Enfin, on lui fit voir que dès qu’une délibération est commencée, on n’a plus d’égard aux lettres de cachet ; et ayant été ordonné qu’on la continuerait sans s’y arrêter, on le chargea de l’aller représenter à l’Hôtel de Ville où l’on résolut, dans l’assemblée particulière qui s’y tint devant midi, que la générale serait continuée nonobstant la lettre de cachet. […]

M. le Prince a fait 2 000 hommes de recrues dans Paris, lesquelles il a envoyées pour la plupart à Saint-Maur. Il en fit encore partir aujourd’hui {c} 200 chevaux. Il doit partir ce soir pour retourner à son armée qui est tout près de Montargis, fort incommodée faute de vivres, aussi bien que celle de la cour qu’on dit être avancée au poste de Château-Renard. {d} Le comte de Grandpré et le vicomte de Monbas sont venus se poster à Melun avec mille chevaux, tant pour tâcher d’attraper M. le Prince lorsqu’il s’en retournera, que pour favoriser le passage de la cour, laquelle devait hier coucher à Melun et aujourd’hui à Corbeil, où elle envoya avant-hier deux compagnies des gardes et deux de Suisses pour y entrer ; mais les habitants les repoussèrent fort bien et se montrèrent fort résolus de ne vouloir recevoir aucunes troupes, ni de l’un, ni de l’autre parti. Le prévôt des marchands fut mandé avant-hier par lettre de cachet, mais ce n’était qu’à dessein de retarder l’assemblée de l’Hôtel de Ville et qu’on n’aurait pas laissé de la continuer. » {e}


  1. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  2. Empêcher.

  3. Le 23 avril.

  4. Loiret, 17 kilomètres à l’est de Montargis.

  5. Étant donné la tournure catastrophique des événements, le prince de Condé ne quitta pas Paris et ses proches environs.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 mai 1652, note 9.

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(Consulté le 28/03/2024)

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