À André Falconet, le 7 mars 1668, note 9.
Note [9]

Dans les deux saisies de septembre 1666 et novembre 1667 (v. note [14] des Déboires de Carolus), cette Histoire galante de la cour correspond à l’opuscule anonyme (attribué à Roger de Bussy-Rabutin, v. note [9], lettre 822) intitulé tantôt l’Histoire amoureuse des Gaules (6 exemplaires récupérés dans la fosse d’aisance de la douane où Guy Patin les avait jetés), tantôt Les Amours du Palais royal (10 exemplaires recensés), tantôt La Princesse ou les amours de Madame, tantôt enfin Histoire galante de M. le comte de Guiche et de Madame (6 exemplaires).

Le contenu de ce livre, c’est-à-dire le scandale des médisances qu’il proférait à l’encontre de famille royale, a beaucoup varié suivant les éditions. Le véritable chef de l’accusation qui frappait si durement Charles Patin, pour avoir osé trahir la confiance de Louis xiv et de Madame, Henriette-Anne d’Angleterre, sa belle-sœur, tenait à deux des récits qui composaient ce recueil à ralonges : Le Palais royal ou les amours de Madame de La Vallière et l’Histoire galante de Monsieur le comte de Guiche et Madame.

L’édition de 1754 (5 tomes in‑12) contient toutes les parties de l’Histoire amoureuse des Gaules. Une autre édition critique plus complète a paru en 1856-1876 (Paris, P. Janet, 4 tomes in‑8o) ; Paul Boiteau, son éditeur, a résumé la genèse du recueil dans sa préface (tome 1, pages viij‑ix) :

« C’est pour divertir une de ses maîtresses, Madame de Montglat, qu’en 1659-1660 il composa l’Histoire amoureuse des Gaules. Cette histoire, {a} qui n’avait de romanesque que les noms sous lesquels paraissaient les personnages, et qui peignait avec beaucoup d’agrément les aventures des principaux seigneurs et des plus belles dames de la cour, ne manqua pas d’être connue partout de réputation. Bussy-Rabutin la lisait lui-même, et très volontiers, à ses amis intimes. La marquise de La Baume, une vilaine femme, belle de visage, que tous les contemporains ont maltraitée, la lui ayant empruntée, en fit faire une copie secrète, puis une autre. En vain Bussy voulut-il lui rappeler la promesse solennelle qu’elle lui avait faite de ne pas abuser du prêt ; en vain mit-il tout en œuvre pour détruire les fatales copies, l’histoire fit son chemin sous le manteau. Ce fut une explosion de murmures.

Bussy n’était déjà pas très bien auprès du roi, de ses ministres et de ses principaux confidents ; il avait même paru un moment compromis pour quelques relations d’affaires qu’il avait eues avec Fouquet. Le succès terrible de son pamphlet enhardit tous ses ennemis ; mais ce qui lui donna le coup de grâce, ce fut la publication en Hollande, et par le fait de Madame de La Baume, de l’Histoire amoureuse des Gaules. Une clef était jointe au texte. {b} Jamais scandale n’eut plus d’éclat, et un éclat plus rapide. Condé était à la tête de ceux qui juraient la perte et la mort du coupable. Il fallut que le roi prît parti. Bussy était déjà à demi disgracié ; toutefois, il venait d’être reçu à l’Académie française, et y avait même prononcé un discours très cavalier. Le 17 avril 1665, il fut mis à la Bastille.

Il y resta treize mois et ne sortit que pour être exilé en Bourgogne. »


  1. Manuscrite.

  2. Les premières éditions imprimées ont paru en 1665. Celle que Jacques Prévot a insérée dans ses Libertins du xviie siècle (v. note [9], lettre 822) est limitée à l’Histoire amoureuse des Gaules proprement dite (c’est-à-dire sûrement écrite par Bussy-Rabutin), mais sans les parties qui valurent de sigraves ennuis à Charles Patin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 7 mars 1668, note 9.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0930&cln=9

(Consulté le 29/03/2024)

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