À Gilles Ménage, le 20 juillet 1651, note 9.
Note [9]

Dans ses sept « commentaires sur les Aphorismes d’Hippocrate », {a} Jacques Houllier consacre les pages 170 vo‑171 vo au 5e de la 4e section :

Sub canicula et ante caniculam difficiles ac molestæ sunt purgationes.

[Pendant la canicule et avant la canicule, les évacuations sont laborieuses].

On y voit bien les contorsions auxquelles les préceptes d’Hippocrate contraignaient ses malheureux disciples au xviie s. :

Nam vehemens ille æstus Canis foras evocat materiam, quam medicamentum contra a circumferentia corporis trahit ad centrum. Quare hunc temporis purgationes sunt difficiles et molestæ, quia gravia et molesta inferunt accidentia. Loquitur autem hic Hipp. de medicamentis vehementibus et agitatoriis, quæ quidem etiamsi suspecta esse debeant per id tempus, magis tamen post 10. dies quam orta est Canicula, aut plus, sed non pauciores. Hoc quidem præceptum locum habet in Hipp. regione calidissima, et similibus, sed non item in his regionibus. Nam præterquam quod habemus benigna et levia medicamenta quibus utamur, qualia sunt cassia, catholicon, lac asininum etc. hic nullum tempus salubrius magisque temperatum (præsertim quum flant Etesiæ) experimur, quam dies caniculares, adeo ut experientia constet morbos Iunio et Iulio mense natos, solvi solere mense Augusto et sub Canicula. Quare si in hosce dies incidat morbus, non veremur sæpe venam aperire, et fortiora medicamenta imperare. Verumtamen si exoriatur vehemens ardor et canicularis (ut sæpe in Gallia mense Maio et Iunio) utemur consilio Hippocratis, tum in phlebotome, tum in purgationibus præscribendis.

[De fait, cette forte chaleur du Chien attire la matière à l’extérieur, alors que les remèdes la font au contraire passer de la périphérie vers le centre du corps. Voilà pourquoi, dans cette période, les purgations sont difficiles et laborieuses, et provoquent de graves et pénibles accidents. Toutefois, Hippocrate parle ici de médicaments puissants et fort perturbants qui, même s’ils sont à tenir pour suspects, sont requis durant ladite saison, surtout à partir du 10e jour de la maladie, mais jamais plus tôt. Ce précepte valait dans le pays d’Hippocrate, qui est très chaud, mais n’est pas à appliquer pareillement dans les nôtres car, outre que nous recourons à des remèdes plus anodins et légers, comme sont la casse, le catholicon, le lait d’ânesse, etc., {b} nous ne jouissons jamais ici d’un climat plus salubre et tempéré (en particulier quand soufflent les vents étésiens) {e} que pendant les jours caniculaires ; à tel point que l’expérience montre que les maladies qui naissent aux mois de juin et juillet se dissipent ordinairement au mois d’août et pendant la canicule. Si la maladie apparaît dans ces jours-là, nous ne craignons pas de saigner souvent et d’ordonner de puissants médicaments. Tant pour la phlébotomie que pour les purgatifs, nous nous rangerons néanmoins à l’avis d’Hippocrate s’il survient une forte chaleur caniculaire (comme il arrive souvent en France aux mois de mai et juin)]. {f}


  1. Genève, 1620, v. note [12], lettre 503.

  2. V. notes [13], lettre 15, pour la casse, [13], lettre 95, pour le catholicon, et [3], lettre 153, pour le lait d’ânesse : Guy Patin aurait sûrement ajouté le séné à cette liste de purgatifs, réputés doux, qui n’existaient pas au temps d’Hippocrate.

  3. V. note [10], lettre 709.

  4. Ces incompréhensibles tergiversations de Houllier sont la source probable de la conclusion qu’en a tirée Patin : « la canicule est passée quand elle semble commencer ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gilles Ménage, le 20 juillet 1651, note 9.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1019&cln=9

(Consulté le 29/03/2024)

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